Lancé en septembre 2008, le "VelOstan’Lib" vient de fêter son tout premier anniversaire. L’occasion de dresser un bilan sur une année de lancement pour le moins mitigée.
« J’étais réticent au début mais en fait c’est pratique ». Comme François, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à choisir le "VelOstan’Lib" pour leurs déplacements. Et chacun y trouve une bonne raison de l’utiliser. « Ma voiture est en panne » raconte par exemple François en renouvelant son abonnement. Pour Martin, étudiant IAE, ce système est surtout l’occasion de « se défouler avant d’aller en cours » alors que Maria en vante d’abord « la proximité des bornes ». A travers ses 25 stations et ses 250 vélos, il faut dire que le "VélOstan’Lib" est bien implanté dans le centre-ville. Pourtant, alors que l’opération vient de souffler sa première bougie, ce nouveau service est loin d’arborer un bilan entièrement positif.
« Nous n’avons pas le droit de parler du "VelOstan’Lib" » se décharge une employée d’une "VelOstan’boutic". La raison de ce silence? Le système est loin d’être rentable. Et il présente encore quelques soucis majeurs. « C’est une opération réussie, mais elle doit coûter cher à la Communauté » se demande François. A juste titre. La Communauté urbaine du Grand Nancy débourse en fait 800 000€ par an pour faire tourner le "VelOstan’Lib". Une somme importante quand on sait que la commune de Besançon n’en débourse que 65 000€ pour le même système de vélo en libre-service.
Recettes négligeables
La différence est que le Grand Nancy passe par une entreprise privée pour la gestion. « Contrairement à d’autres villes qui ont eu des soucis par la suite, nous avons voulu dissocier le marché du mobilier urbain de ce marché de vélo » explique le Vice-Président de la Communauté Urbaine du Grand Nancy, Jean-Louis Thiébert. Après un appel d’offres, l’entreprise JCDecaux a alors remporté le contrat de location de vélos en libre service pour une durée de 10 ans, avec en charge l’installation, l’entretien et la maintenance des 25 stations.
Reste que malgré un premier bilan charmeur, avec 200 000 utilisations pour cette année de lancement, 942 abonnés annuels et environ 25 000 à la semaine, le système est peu rentable. Car les recettes sont négligeables. Un des plus grands arguments pour vanter le mérite du "VelOstan’Lib" : la première demi-heure gratuite. Mais aussi la principale raison qui permet d’expliquer ce manque de rentabilité. En effet, « entre 92% et 94% des trajets sont effectués dans cette demi-heure gratuite » révéle Jean-Louis Thiébert. La plupart des trajets s’effectuant sur de courtes distances, beaucoup d’usagers jonglent entre les stations pour profiter au maximum des 30 minutes gratuites.
« Pas d’étude précise »
Toutefois, Jean-Louis Thiébert rappelle que si ce n’est pas « une affaire rentable, aucun transport ne l’est ». Mettant en avant le « service rendu au citoyen » plutôt que son aspect financier. « Ce projet s’intègre dans une politique globale de déplacements doux, c’est à dire favoriser ces déplacements, notamment par le vélo, à l’utilisation de la voiture » explique-t-il. « Surtout dans l’agglomération, où les distances parcourues ne sont pas énormes ». Lancé en parallèle à l’instauration de zones 30 en centre ville et l’installation de pistes cyclables, la ville de Nancy présente la claire ambition de fluidifier le trafic afin de réduire le bruit et la pollution. Mais l’impact de ces mesures ne semble pas, aujourd’hui, être à la hauteur des investissements engagés. « L’impact est déjà visuel, du nombre de cyclistes dans l’agglomération » explique Jean-Louis Thiébert avant de tenter de rassurer « Je n’ai pas d’étude précise (…) mais par rapport à d’autres villes, on est bien placés ». Des résultats qui ne refroidissent en tout cas pas la Communauté urbaine, son Vice-Président annonçant la « poursuite des travaux d’espaces privilégiés pour les vélos » ainsi que la mise en place « d’ici un an, de nouvelles stations, notamment sur Vandoeuvre et la faculté de Lettres ».