Les anarchistes de Léo Ferré  Lorsqu’on écoute cette chanson, qu’on soit de gauche, du centre, ou de droite, on est pris de frisson dont notre épiderme est le témoin intemporel. Autres mœurs, autres temps ? Pas évident. Souvenez-vous, le 27 octobre 2005, à la suite de la mort de deux jeunes de Clichy tués par des policiers « dans l’exercice de leur fonction », les banlieues se mettent à flamber. Plusieurs jours de couvres-feus sont déclarés par arrêté préfectoral. La presse internationale, alors que l’Irak n’est pas si loin, en profite pour faire de la France un pays en insurrection, et hisse l’hexagone au pilori des « faîtes ce que je dis, ne faîtes pas ce que je fais », porte-drapeau des droits de l’homme… et des donneurs de leçon. Le gouvernement mettra prêt de trois mois à éteindre un incendie que le ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy,  proposa de taire avec un « karcher ».

Samedi 25 juillet, le patron de Servisair Cargo est libéré, après 24 heures de séquestration.

Depuis octobre 2008, la séquestration de patrons est devenue un sport national en France. Pas loin d’une dizaine de cas ont été répertoriés dans des sociétés, dans l’ensemble importantes (Sony France, 3M, Caterpillar, PPR…). La France est pourtant réputée pour mettre en place des plans sociaux « corrects » par rapport aux autres pays riches, même si ça ne remplace évidemment pas un emploi.

En outre, les salariés sous le couperet d’une liquidation judiciaire ou d’un plan social, passent désormais par l’étape « bomb»onne de gaz avant de négocier (New Fabris / Nortel). Les éleveurs en colère font voler les caddies, à l’aide de leurs engins agricoles, au dessus des têtes des clients de Carrefour pour manifester leur mécontentement. Les banlieues prépareraient la revanche de l’élection 2007 : la crise économique a supprimé les jobs d’été dont le temps désormais libre des jeunes serait occupé à faire des conneries et à dealer plus que de coutumes.

Doit-on appeler cela une ambiance anarchique. D’une certaine manière oui, car les actes cités plus haut répondent plus ou moins à une définition trouvée sur un des dictionnaires en ligne : « idéal politique fondé sur la suppression de l’État et de l’autorité / état d’agitation et de trouble ». D’une autre manière… oui, si on s’arrête quelques minutes sur ces manifestations de salariés en colère. La plupart d’entre elles n’ont pas été cautionnées par les syndicats. Ces derniers ne les justifient pas, tout en comprenant les actes de ces gens désespérés qui ont donné leur vie, voir une partie de leur âme à leur entreprise et dont ils ont l’impression, que dis-je la certitude, d’être la variable d’ajustement de l’écart budgétaire. Si ce n’est pas du côté des syndicats, se sont-ils tournés, ces salariés désesperés, vers une représentation quelconque ? Exact selon moi! Mais cette représentation n’a justement aucune ambition politique: il s’agit de l’ultra gauche de Besancenot, bien-sûr ! Non seulement, cette vague d’agissements est en relation avec la percée du « petit pas bête qui monte » comme j’ai l’habitude de l’appeler, mais surtout il « assume » lui-même ces actes en disant que les licenciements sont bien plus violents que les actes à l’encontre des directions d’entreprise.

Attention à ne pas mettre tout le monde dans le même panier ou  bateau certes, mais il est fort à parier que les dépôts de bilan n’en soient qu’à leur début, et qu’ils réveillent ou vont réveiller l’anarchiste qui dort en nous, victime ou future victime de licenciements. Pour 2012, Sarko, Walls, à bon entendeur !