Max von Sydow (Antonius Block), ici avec sans doute Inga Gill (Lisa), et non pas avec Bibi Andersson (Mia, femme de Jof), était le personnage principal du Septième Sceau, d’Ingmar Bergman (1957). Les ciné-clubs et les salles alors dites « d’art et d’essai » ont fait plus et mieux qu’Hollywood pour Max von Sydow. Saviez-vous qu’il vote – ou pas – en France depuis 2002 ?
Pour la reprise de cette rubrique, après deux semaines d’interruption, pourquoi pas Max von Sydow ? Histoire de se démarquer des rubriques voisines (de L’Internaute et d’autres Copains d’avant… par exemple). Lesquels vous font surtout du pipeule. J’aurais été flatté d’être un peu plagié puisque ces rubriques « concurrentes » sont apparues après celle-ci. En fait, si tant était que mes Vieilles Gloires aient été consultées, je ne retrouve rien de ce que j’ai pu glaner d’un peu original ça et là, soit en dehors des fiches francophones de Wikipedia. Sic transit… Ou alors, nous avons décidé de faire résolument d’autres choix.
Ainsi, les trois PhD obtenus à Vienne et à l’université du Wisconsin par Arnold Scharznegger me laissent assez froid. N’empèche que j’aimerais bien savoir ce que l’Internaute entend par « lettres humaines ». Humanities ? Pourquoi par Arts (comme dans Master of Arts, ce qui peut s’appliquer à un MA en Consumers’ Affairs, par exemple) ? Mais vous le savez déjà, aucune réussite universitaire ne peut pour moi éclipser le succès de ma chouchou, Judie Foster. N’empêche, il faudra bien que je tienne compte des « Dossiers cinéma » de L’Internaute à l’avenir. Eh, on est confraternel pour deux faute de ne l’être pas assez (qui a dit quelque chose comme « mieux vaut être trop bon ou généreux de peur de ne l’être assez ? » ; qui possède un vieux Marabout des citations ?).
Retour à Max le menacé par La Mort dans le Septième Sceau. Comme le prévoit (pour quand ?) L’Apocalypse de saint Jean l’Évangéliste, l’Agneau ouvre le septième scean (d’un coup de sabot) et les sept anges embouchent leurs trompettes et tour à tour et nous lâchent un fléau agréable à leur dieu qui s’amuse davantage qu’un roi de Victor Huguo ou de Jarry. Les dieux sans divertissement sont aussi redoutables avec que les rois sans, et nous n’avions point besoin du fils de Zébédée, résident à Patmos où il se sentit pousser des ailes messianiques, pour l’observer. N’empêche, la culture chrétienne que nous délaissons tant en omettant de brûler des sorcières et écarteler des sodomites comme elle nous y enjoint de tout temps, est bien pratique pour nous inspirer des scenarii. J’ai trouvé celui du Septième Sceau (en anglais) sur le site More Things qui publie d’autres images que celle illustrant cette chronique.
Quant à digresser, autant évoquer Bibi Andersen (Anderson, ou Andersson, selon les graphies adoptées), bien moins attirante dans ce Sceau que la sémillante sorcière, Maud Hansson. Mais c’est bien de von Sydow, qui enchaîne, après deux Alf Sjoberg (Rien qu’une mère, 1949 ; Mademoiselle Julie, 1951), pas moins de neuf films de Bergman après ce Septième Sceau. Dont le fameux Les Fraises Sauvage, l’année suivante (1957).
Ensuite, quatre autres Bergman, plus épars, un Huston (La Lettre du Kremlin, 1969), le fameux L’Exorciste (1973, William Friedkin), un Buzatti-Zurlini (Le Désert des Tartares, 1976), et enfin La Mort en direct, de Tavernier, en 1980. Les beaux seconds rôles s’enchaînent avec les meilleurs et les moins beau réalisateurs jusqu’à l’hommage à Bergman de Woody Allen, Hannah et ses sœurs (1986). À partir de 2001, von Sydow tourne à peu près autant avec des réalisateurs français qu’avec d’autres, et cela s’accentue récemment avec le Un Homme et son chien (avec Belmondo, de Francis Huster, 2009) et un Oscar et la dame rose d’Éric-Emmanuel Schmitt (sortie prévue en déc. 2009).
Est-ce parce que, depuis avril 1997, il est l’époux de Catherine Brelet, et qu’il se partage entre Paris et la Provence ? Toujours est-il qu’il a pris la nationalité française en 2002. Il vote donc, s’il le fait, avec une carte électorale au nom de Carl Adolf von Sydow ce qui serait son patronyme depuis sa naissance en avril 1929 à Lund, en Suède, (ou un peu plus tard qu’un certain Giscard, Valéry, devint d’Estaing, c’est selon…). C’est à la fameuse Katedralskolan, le lycée autrefois attenant à la cathédrale de Lund, fondé en 1085 par le roi danos saint Canute, qu’il crée la troupe Teaterföreningen Scenia. Ce futur agnostique sera un Jésus tout à fait convaincant pour La Plus Grande Histoire jamais contée de George Stevens (1965) après avoir refusé d’être Bond dans le Docteur No (1962, de Terence Young, le tout premier James Bond). Sir Sean (Connery) doit lui en être encore reconnaissant. En fait, aux vedettes d’Hollywood, Max préféra la compagnie de Marcello Mastroianni et il vivra à Rome dès le milieu des années 1970. Ce qui ne l’empêche pas d’incarner Knut Hamsun dans le Hamsun de Jan Troell (1996). Max reste fidèle à ses origines scandinaves. Mais il est assez « français » désormais pour avoir un rôle dans Le Scaphandre et le Papillon (de l’Américain Julian Schnabel, 2007), inspiré par le roman de Jean-Dominique Bauby. Il y sera Papinou. Après Jésus, à l’américaine, faire un Papinou bien franchouillard crédible n’est point une mince performance d’acteur.
Devenu le cardinal Otto Truchsess von Waldburg, opposé à Henry viii dans la série des Tudors, il est encore un digne père (pas de l’église, mais d’une sorte de saint guerrier puritain, Solomon Kane, héros du film éponyme de Michael J. Basset et du roman de Robert E. Howard). Avec Peter O’Toole, c’est l’un des visages les plus fameux du cinéma du siècle dernier. Retrouvez-le là... Mais sa carrière est loin d’être finie. Il est simplement encore plus sélectif qu’auparavant. On ne le lui reprochera pas. Je ne sais pas si Carla Bruni le proposera de devenir chevalier des Arts & Lettres comme elle (s’il ne l’était déjà). J’imagine que, s’il n’est déjà chevalier, on le proposera pour être directement commandeur. Et il serait bien capable de refuser… Ah ben, non, c’était en 2005 qu’il accepta, des mains de Renaud Donnedieu de Vabres. Un agnostique promu par Donnedieu, tout un programme… Et cela fut à l’issue d’une rencontre et d’une conférence donnée dans le grand amphi de l’université d’Avignon, le 9 juillet. Son cours fut tout aussi magistral qu’emprunt d’une modestie non feinte. Retrouvez-le ici. Comme un Raimu avec le français pointu, il a dû se départir de son accent méridional pour apprendre le King’s Swedish (le suédois royal, ou de la cour, car en Suède, comme à celle des Windsor, on cause pas comme le peuple).
Bizarre, outre le fait que j’écris trop long, j’ai comme l’impression que ces chroniques ne passeraient pas, ou très mal, ailleurs. Mettons que ces Vieilles Gloires (Oldies but Goldies) sont complémentaires.
« Mais je me demande encore : jouer la comédie est-ce un art ?
Je ne sais toujours pas…Bien…peut-être…quelquefois…
C’est à vous, public de décider.
Merci. »
Écrire sur le cinéma, est-ce un art ? Au moins un artisanat. Encore faut-il que vous en décidiez ainsi, écrirais-je volontiers pour paraphraser von Sydow. Merci.
[b]Jef, j’ai trouvé une vidéo, ou Max von Sydow, monologue en Anglais (facilement traduisible pour le néophyte)
Mais surtout, cette vidéo est un défilement de photos cet immense acteur[/b]
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Merci, Sophy…