Le Triboulet de Sarközy Ier, dit BHV (Bazar de l'Hôtel de Ville, car on y trouve tout… et son contraire, telle la vaticinante Voix de son maître), veut traiter le Parti socialiste français aux pilules Valls. En changer le nom, organiser des primaires. Mais à l'inverse du Triboulet de Victor Hugo, Bernard-Henri Levy n'est pas assez bouffon. Il n'arrive pas à la cheville d'un Beppe Grillo, comique italien, plébiscisté par un sondage – valant primaires – de L'Espresso, qui s'est porté candidat pour être le chef de file de l'opposition à Sua Emittenza Il Cavaliere Berlusconi.

Pauvre France. Coluche, ancien candidat – un temps – à la présidence de la République, et fondateur des Comités Coluche, n'est plus. À Belfort, par dérision, nous avions présenté un certain Pommier, ouvrier à l'Alsthom, pour défendre les couleurs des Comités. Au-dessus de la Savoureuse, avec l'assentiment d'un Jean-Pierre Chevènement beau joueur, une large banderolle proclamait :
« Pommier, je t'aime…
Apprends-moi l'amour !
Fais de moi une femme,
Je t'aimerai toujours ! »
 
C'était là tout le manifeste du candidat et du comité. Moins de deux décennies plus tard, un certain Jacques Chirac renchérissait dans la bouffonnerie en appelant à « manger des pommes ».
 
Il est de bon ton de se moquer de l'Italie de Sua Emittenza (Son Émetteur, calqué sur Sua Eminenza tant Il Cavaliere donne des gages de bonnes mœurs et de bienpensance au ou à SS le Très Saint Père et à la curie… à longueur de discours). Pourtant, dans cette France dont les deux bouffons les plus en vue sont BHV (BHL pour son éditeur et sa coterie de cacquarantés) et Dieudonné, c'est bien pis. BHV, plus « négrier » qu'un Alain Minc, est capable de recopier une traduction en la détournant pour se mettre en valeur, en scène, poser en acteur de ce que lui rapportent ses documentalistes (ainsi dans son livre sur le journaliste américain exécuté au Pakistan, Daniel Pearl). Quant à Dieudonné, vrai saltimbanque, il a au moins le front de faire crument ce qu'un BHV pare de vertus, soit remplir son escarcelle, faire des entrées et des rentrées
 
L'Italie, elle, après avoir nourri une  Cicciolina, efficace députée du Latium pour le compte du Parti Radical, peut s'enorgueillir d'un Beppe Grillo. Si la Cicciolina est capable de dévoiler un sein devant des caméras en disant « ma poitrine n'a jamais blessé personne alors que la guerre contre Ben Laden a causé plusieurs milliers de victimes dans le monde… », Beppe Grillo n'a rien à lui envier en franc-parler. Son programme par rapport à celui du Parti démocrate (qui refuse son adhésion) et celui de la coalition gouvernementale se résume fort bien… «  L'eau publique, les énergies renouvelables, la mobilité, le WiFi gratuit, le recyclage des déchets… Et ceci est hostile envers eux, car voici leur programme : les décharges, le ciment, l'eau privatisée, les incinérateurs provoquant des cancers. » Toute ressemblance entre des programmes nationaux ou régionaux du PS ou de l'UMP serait sans doute le fruit du hasard.
 
Lorsque j'ai consulté le site de L'Espresso, sur moins de 70 000 voix, Beppe Grillo en recueillait exactement 61 000. Soit plus de 90% des exprimés, un plébiscite qu'un Chirac face à un Le Pen pourrait envier. Les autres, tous les autres chefs de file des divers courants du Parti démocratique, n'atteignaient pas les 4  000 voix. Ce qu'un Valls, qui veut créer un nouveau parti de centre-droit, ou une Ségolène Royal, qui cherche à barbouiller en rose un parti de droite plus centriste que l'UMP, ne peuvent espérer, un jester shakespearien transalpin le peut. Et c'est bien parce qu'il n'y a pas de Beppe Grillo en France, mais un Jean-Marie Bigard, que BHV veut obtenir que monte du PS une cacophonie propre à réjouir Nicolas Sarközy.
 
Le magistère de la parole fumeuse, voici ce qui caractérise tant Nicolas Sarközy que son séïde stipendié par les mêmes maîtres, Bernard-Henri Levy. Dire tout et son contraire n'a absolument pas nui à leurs carrières respectives, soutenues par les mêmes. Si Bernard-Henri Levy appelle à des primaires prématurées (qui verraient un Dray soutenu par les siens et parrainé par Patek-Philippe, Ségolène Royal épaulée par les producteurs de fromages de chèvre encartés, Martine Aubry candidate de la VPC, la vente par correspondance,&c.), c'est parce qu'il sait fort bien ce qu'il en résulterait. Aucune, aucun, ne pourrait rassembler, et DSK, la roue de secours prévue s'il fallait ramener le calme à la suite d'une catastrophe économique, en ressortirait, comme d'autres, estropié…

Chacune et chacun sait que le PS n'a plus de « socialiste » que le nom et que son avantage est de ne jamais, au grand jamais, emporter des élections présidentielles ou législatives. Des sénatoriales – mission immédiatement quasi impossible en raison des tripatouillages du découpage des circonscriptons – à la rigueur. Mais le P « S » a tant et tant d'affidés dans les collectivités territoriales (régions, départements, municipalités, cantons et regroupements divers), élues ou fonctionnaires, entreprises sous-traitantes, qu'un succès national, obligeant à redresser l'état des finances, serait suicidaire.
Quel parti en de telles positions voudrait se rendre impopulaire ? Et risquer de replonger dans l'anonymat et le salariat ou la fonction publique tant et tant de beau monde ? Que le nom reste tel ou coûte des sommes considérables pour graisser la patte d'un fournisseur de logotype, pour soutenir tel ou telle imprimerie, pour rétribuer un Segala du moment pour trouver des slogans, qui s'en soucie hormis Valls et BHV ? Ou un Dray cherchant à se rehausser du col et faire des offres de service au vainqueur..
Des primaires, si tant était qu'elles attireraient grand'monde (pourquoi donc participer à une telle farce et légitimer un apparatchik plutôt qu'une autre…), n'auraient guère d'attractivité, sauf pour quelques idolâtres et une presse prompte à organiser des opportunités de photographies en situation.
 
Ce serait l'occasion de ressortir Ségolène Royal et son nouveau compagnon avec telle ou tel de ses enfants, sans doute. De faire quelques couvertures. D'amuser l'opinion. De donner la parole à des Jack Lang, des Allègre. Et de faire ressortir une « opposition de sa majesté », bien conforme à ses vœux, écartant un Bayrou se voulant encore teigneux au bout de ses ficelles tenues par le banquier Peyrelevade. La manœuvre est à l'image de BHV. Plus la ficelle est grosse, plus elle est médiatique, plus elle aura d'écho.
 
Peut-être ne s'agit-il que de promouvoir un peu à l'avance un nouveau spectacle d'Arielle Dombasle ou un nouvel « essai » du touilleur d'idées reçues à requinquer d'un coup de neuf. De lui, j'avais naguère écrit : « il a de petites mains, mais il les agite bien ». Si fait. Et tant qu'on regarde les mains du montreur de foire, on ne s'intéresse pas au reste. La farce est bien montée. Maître Puntila jouant son valet Matti, ce sera, un temps furtif, nouveau, tant bien même la recette est-elle usée. Rien de ce qui est excessif n'étant plus insignifiant pour  les porte-voix d'un BHV, on s'y attardera un moment.

Peut-être tout cela n'aura-t-il pour effet que de faire porter sur le bandeau rouge d'un futur ouvrage : « Par l'initiateur des primaires du nouveau Parti des Petits Possédants ».

Car on ne veut croire qu'un BHV se voie dans la peau d'un Beppe Grillo. Cela se mérite. Et ne se fabrique pas. Il y faut du talent et non pas seulement des moyens, de la claque, des prébendes et des hochets à distribuer.

L'initiative de BHV (ou dont ne sait quel conseiller présidentiel lui ayant soufflé la consigne) serait bienvenue s'il y avait encore, au PS ou dans sa périphérie, la moindre personnalité crédible. Hélas…
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Comme l'y incite Beppe Grillo, ici dans et avec le plus simple des appareils (partisan), c'est peut-être des initiatives citoyennes, de la discussion via la Toile, que se feront les vraies primaires

Nul besoin d'un BHV pour les vendre au profit de ses amis…