C'est partout et toujours désormais la même chose… Dès que Nicolas Sarközy et Carla Bruni sont attendus dans un événement pipeulisé, les gens se tassent, fléchissent des genoux, tentent de ne pas faire leurs Obama face au couple présidentiel. Ce fut encore le cas lors de la soirée de Mathias Walter, photographe, présentant son travail avec la sommitale québécoise Kim Cloutier. Dès l'annonce de l'arrivée de Chouchou et de Carlita, tout le monde tente de paraître à la petitesse acceptable que dicte ce nouveau protocole informel…

 

Dans La Petite Infante de Castille (1929), Henry de Montherlant évoquait le blaisement (ou blésement), soit le zézaiement (ou zozotement) de la future souveraine : « voici le blésement où la voix se fond, la langue humide, pleine de voluptés, qu'on voit apparaître dans l'acte de dire (…), le jeu de la salive : toute la bouche devenue quelque chose de très important, de principal, comme un second sexe…». De fait, l'infante parlait « mouillé » et bientôt toutes les courtisanes et courtisans d'Espagne firent de même, et d'accentuer davantage certains traits de prononciation du ceceo (ou calo) andalou, qui fait que les d deviennent des s ou s'élident comme pour Madrid prononcé Madriss ou Madri
Il en est désormais de même dès que le couple présidentiel se pointe dans une soirée. Tout le monde, hormis les enfants s'il en était, mais les ados font de même, s'affaisse, tente de placer son regard au plus proche de l'élévation de l'auguste personnage.
Ainsi, peu avant l'annonce que Carla Bruni et Nicolas Sarközy allaient venir à la soirée réunissant Mathias Walter , photographe,  son modèle, la mannequin de Next France originaire du Québec, Kim Cloutier, et le parrain de cette petite sauterie au Cab, sur la place du Palais-Royal à Paris, soit Stéphane Malagnac, de Quark France, tout le monde est détendu. Les invitées, convives et le personnel de même. Et tout à coup, le mot passe : « ils arrivent ! ». Et là, tout le monde se tasse (sauf au second plan, un représentant de la maison mère de Quark, chargé du logiciel Quark Xpress, un anglophone pas encore très au fait des usages). Remarquez comme Kim se penche vers Walter pour se rapetisser. Lui-même ploie au niveau des genoux. Quant à Stéphane Malagnac, encore peu habitué à l'exercice, il en fait trop. Il rectifiera la position ensuite…
kim_malagnac_walter.pngHélas, comme très souvent, le couple présidentiel, pour des raisons de sécurité, est annoncé à deux, trois, voire quatre endroits simultanément (et il se rend dans un quatrième ou un cinquième, au tout dernier moment). La vie nocture parisienne n'est plus que flexions et tensions des tendons. Au point que le corps médical a commencé à s'en émouvoir… Et que fleurissent les cours de maintien idoine. Autrefois, il convenait de se tenir très droit, le menton très légèrement relevé. À présent, il faut faire rapetissé dès qu'on culmine au-dessus du mètre soixante. Nadine de Rotschild a même dû revoir toutes les éditions de ses manuels de savoir-vivre et recevoir. Et le tout, c'est de ne pas afficher un sourire un peu trop forcé : n'ajoutez pas la crampe des zygomatiques à celle des mollets !
Dans le film Elle voit des nains partout, de Jean-Claude Sussfeld, déjà, en 1982, Isabelle « Zabou » Breitman était victime de cette omniprésence des personnes de petite taille. Film visionnaire s'il en fut !