C'est un syndicaliste de Continental dans une salle de la sous-préfecture de Compiègne, avec un téléphone portable à l'oreille. Il écoute, puis annonce que le syndicat a été débouté de sa demande de suspension de la fermeture de l'usine, devant le tribunal. En conséquence, les quelques 250 à 300 ouvriers de continental présents, vont saccager toute la sous-préfecture. Le syndicaliste donne l'exemple en commençant par le bureau qui se trouve en face de lui.

 

Le groupe passera ensuite à des locaux de l'entreprise continental. Ce n'est pas la première fois bien sûr qu'il est fait usage de la violence, il y a bien les casseurs des banlieues, qui ne reculent pas même devant une école maternelle, les paysans qui cassent des mac donald et renversent du fumier sur la voie publique, mais ces derniers temps la "violence" prend une autre tournure.

 

Après les véritables séquestrations des cadres des entreprises, c'est à présent un bâtiment publique qui est pris pour cible. Au journal de 20h00, sur TF1, le présentateur demande si tout cela ne va pas trop loin, et si les syndicalistes regrettent leurs actes, mais on lui oppose une fin de non recevoir. Pas de regrets!

 

Il faut dire que la situation est assez désespérante. Les employés qui seront licenciés ont peu de chance de retrouver un emploi, en pleine période de crise. Au bout de cette situation, ce sont des dettes qui ne seront pas honorées, des recherches d'emploi à n'en plus finir, la queue devant le pôle emploi qui les attend et plus tard, peut-être, la fin des droits à l'allocation de chômage..

 

Rien de réjouissant en somme… Les employés ont tous, sans doute, des familles qui les attendent, des femmes, et des enfants, parfois une maison durement acquise, en comptant juste, sur un salaire pas toujours très élevé, pour rembourser un crédit. Une maison qu'il faudra vendre le moment venu si la situation devient urgente.

 

Qui ne comprend pas ce sentiment d'avoir donné de sa personne, de s'être investi pour une entreprise, avant d'être rejeté, comme un objet, un simple robot sans âme, un numéro d'immatriculation quelconque…? Il s'agit, en quelques sortes, d'une déshumanisation du travailleur. Il n'est plus Michel, ou Roger, ou le prénom par lequel on le nommait dans son entreprise, en faisant mine de compter sur lui. Il sera désormais le chômeur numéro "tant", auquel on a ouvert des droits jusqu'à telle date.

 

Non, la situation n'est guère réjouissante. Mais ce n'est pas une raison pour oublier que dans un pays, les droits et les devoirs vont de paire, que les bâtiments publics existent par les cotisations de chacun, que par leur comportement les "casseurs" auront d'autant de mal à trouver un emploi. Et puis cela ne donne pas une bonne image des grévistes. Cela discrédite le syndicat.

 

La pente est glissante. Le tribunal a tranché. Les grévistes ont pu s'y exprimer. L'usage de la force est dès lors un abus manifeste. L'acte était inutile. Mais puisque l'État permet tout depuis longtemps, puisqu'ainsi l'on obtient habituellement tout ce que l'on veut, pourquoi les gréviste n'en feraient-ils pas autant? Ne reste qu'à voir comment le gouvernement agira cette fois, après avoir laissé la situation se dégrader…

 

Car ce ne sont pas des délinquants qui cassent, à présent, ce sont des employés, en tort sans doute, mais aussi en désespérance… Et si les gouvernements successifs, à force d'utiliser toutes les situations sans leur chercher de véritables solutions étaient un peu responsables? On ne calmera pas les chômeurs avec des paniers de basket ou des subventions européennes cette fois…

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