D'après Bloomberg qui fait autorité dans l'information et la communication des marchés financiers, le décompte réel des pertes des sociétés (celles que l'on connaît) de Bernard Madoff atteint déjà près de 50 millions ! Mais comme nous ne connaissons que la partie émergée de l'iceberg, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…

Effectivement, chaque jour les acteurs financiers communiquent avec parcimonie sur leurs engagements chez Madoff. Dernièrement, on apprend que la "trés respectable" association AFER – qui communique quotidiennement sur le sérieux de son fonds et dont le slogan est "La sécurité au service de l'épargne" -, n'aurait perdu que 600.000 euros (Le Fiagaro du 7 janvier 2009).

 

Mais comme tout est très compliqué, entre ceux qui ne veulent pas porter plainte car ils ont détourné le fisc, et ceux qui ont investi dans des fonds de fonds, qui ont eux-mêmes investi dans des fonds de fonds, etc. l'addition risque de grimper. Car il faudrait récupérer tous les flux sur au moins vingt ans (certaines archives ont du être détruites…), c.a.d. tous les mouvements entre les comptes de Madoff, les banques, les fonds de fonds et les clients particuliers (même ceux qui sont dissimulés à l'étranger !), en recoupant avec les données des banques et des divers fonds de placement (ce qui semble difficile vu le manque de transparence de pays comme la Suisse, le Luxembourg, voire même l'Allemagne et de tous les autres paradis fiscaux).

 

Il faudrait croiser les informations après avoir récupéré les données informatiques et les avoir analysées, etc. C'est faisable mais comme c'est un travail de titan, il faudrait mobiliser des centaines de contrôleurs, de comptables et d'audits aux Etats-Unis et à l'étranger… un travail colossal de longue haleine. De plus, on risque de se heurter au monde de la finance.

 

Comme ce fut le cas après le 11 septembre où l'on a découvert que plusieurs investisseurs avaient spéculé sur la chute des marchés financiers ce qui signifiait qu'ils étaient au courant de ce qui se tramait. Plusieurs enquêtes diligentées par les autorités américaines et le Sénat sont restées en suspend en raison de l'opacité des marchés financiers et cela abouti à un non lieu même si on a les relevés des mouvements spéculatifs mais pas les explications qui se sont perdues dans la nuit des temps.

 

Beaucoup de personnes sont impliquées dans cet incroyable imbroglio – un puzzle aux millions de morceaux -, mais ne sont pas prêtes à coopérer dans le contexte actuel où l'on continue à considérer que le système financier international actuel est viable avec quelques correctifs… pour replonger dans une dizaine d'années !