Obama est-il à la mode ? Bonne raison pour les petits malins de l’UMP de tenter de l’annexer. Sauf qu’il y a des limites au foutage de gueule !

Un journaliste de France 2 pose à Christine Lagarde la question suivante : "L’élection d’un représentant d’une minorité serait-elle possible en France ?". Pincez-vous en lisant la réponse de la ministre de l’Économie : "Quelque part, ça s’est un peu produit (…). Le président de la République, à plusieurs reprises, a indiqué qu’il était lui-même le représentant d’une minorité". D’abord, ce n’est pas parce qu’il l’a dit que c’est vrai – au contraire même ! Ensuite, comparer un noir en Amérique et un fils d’immigré hongrois en France est évidemment risible. 

Mais Lagarde n’est pas la seule UMPiste à tenter d’annexer Obama. Le Conseiller National des Jeunes Populaires, Mathieu Soliveres a commis un billet sur le Post carrément intitulé : Si Barack Obama était français, il serait à l’UMP ! Mais ne commentons pas les élucubrations de de jeune hurluberlu et passons au cas du grotesque porte-parole du parti au pouvoir, Frédéric Lefebvre, qui en fait des tonnes, à son habitude, arborant un tee-shirt à l’effigie du démocrate devant les caméras et déclarant : "L’Amérique a décidé de changer comme la France a décidé de changer il y a 18 mois. Les Américains, comme les Français, ont décidé de voter pour et non contre et ont voté en masse, là encore comme dans notre pays. Nous attendons que les États-Unis et l’Europe, Barack Obama et Nicolas Sarkozy, main dans la main, impriment le changement dont le monde a besoin notamment en matière économique et financière. C’est la victoire de la rupture, du changement, de la volonté de protéger les plus faibles, de la diversité, de l’ouverture". Oui, il a bien écrit : "la volonté de protéger les plus faibles", comme si c’était la préoccupation de la politique menée par Sarkozy !

 Est-ce protéger les plus faibles qu’instaurer les franchises médicales ? Obliger les chômeurs à accepter des emplois au rabais, sous peine de radiation ? Instaurer le bouclier fiscal (ça, le sinistre manipulateur a osé le dire, comme il en est question dans ce billet de Plume) ? Expédions le fait que Sarkozy ne soit absolument pas crédible pour imprimer "le changement dont le monde a besoin notamment en matière économique et financière" : en 2006, il vantait les mérites du crédit hypothécaire garanti sur la valeur du bien immobilier, "un système qui ne tient la route que lorsque l’immobilier grimpe indéfiniment, sans jamais s’arrêter", précise Les mots ont un sens. C’est très exactement cette mécanique, qu’il voulait importer en France, qui a causé la crise financière.

Rappelons qu’il a aussi déclaré, en mai 2007 : "L’Etat est trop endetté et les ménages pas assez. D’ailleurs, il faut tordre le coup à cette idée : s’endetter, pour un ménage, ce n’est pas mal, c’est une confiance dans l’avenir". Mais revenons à l’imposture de base, qui voudrait qu’Obama soit le reflet américain du président français. Lors de sa première allocution à la radio, le futur POTUS* a annoncé, pour lutter contre la hausse du chômage, vouloir commencer par étendre la protection en vigueur. À l’UMP, on fait au contraire tout pour la diminuer. La comparaison entre les politiques d’Obama et Sarkozy n’est donc pas simplement ridicule, elle est scandaleusement indécente.

 

* President of the United States

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