Chômage en hausse, envolée des prix des produits alimentaires, répression accrue : dans les pays musulmans, tous les élements sont réunis pour une explosion de violence, juge une grande spécialiste israélienne du monde arabe.

Nous allons bientôt voir des dirigeants du monde arabe se rendre en avion privé dans les somptueux palais de leurs homologues pour partager l »iftar’, le repas quotidien de rupture du jeûne pendant le ramadan. Le président Moubarak fera un saut en Arabie Saoudite, le roi Abdallah de Jordanie prendra le chemin des Emirats arabes unis (EAU), le président irakien se rendra dans le golfe Arabo-Persique et le dirigeant libanais ira à Dubaï. C’est là que se trouve l’argent, que la politique de haut niveau est convertie en dollars.

L’homme de la rue, lui, verra les accolades sur le tapis rouge mais pas les fastueux banquets, qui ne pourront pas être photographiés. Cette année plus que jamais, la vue de tables couvertes de mets délicats et de serveurs en gants blancs risquerait de mettre le feu aux poudres dans cette région où vivent des centaines de millions d’affamés.

Le nombre de personnes qui souffrent de la faim dans le monde arabe a atteint dernièrement des proportions alarmantes. Le mois du ramadan intervient alors qu’un profond et dangereux fossé sépare les citoyens ordinaires de leurs dirigeants. Les statistiques font état d’une hausse vertigineuse du nombre de chômeurs mais aussi du prix du pain, du riz, des légumes, des noix et autres denrées présentes dans les repas de rupture du jeûne. En Egypte, des personnages qui ont fait fortune grâce aux relations de corruption qui unissent les milieux d’affaires et le gouvernement feront taire leur conscience en offrant de quoi manger à des dizaines de milliers de déshérités.

Le jeûne du ramadan vise à purifier l’âme des péchés commis pendant l’année écoulée et permet aux fidèles de s’adresser à Allah sans passer par les dirigeants. Tout comme en Israël, les Arabes mangeront, tout en se plaignant de l’apport excessif de calories et de la corruption des politiciens.

Un débat animé s’est engagé entre les muftis saoudiens et les médecins du monde arabe sur l’interdiction de boire durant le jeûne par des températures extrêmement élevées. Est-il possible de se mouiller les lèvres ? Ou faut-il mourir de déshydratation au nom de l’islam ?

Les premières images du ramadan sont loin d’être encourageantes. Les mosquées sont encerclées par des forces de l’ordre en nombre accru. Un moment d’inattention, un prédicateur prononçant un mot de trop, et la foule descendra dans la rue pour régler ses comptes avec les dirigeants.

Le feu couve au Pakistan, et des vagues de colère menacent l’Egypte et la Syrie. La situation n’est pas plus calme au Liban, en Jordanie, en Tunisie, en Arabie Saoudite et même aux EAU. Au lieu de purifier leur âme, les gens, affamés, n’attendent plus que l’occasion d’entrer en action. Ce n’est pas un hasard si la frontière de Rafah [entre la bande de Gaza et l’Egypte] a été ouverte pendant deux jours. Si elle n’avait pas été ouverte – et bien refermée ensuite -, la foule se serait à nouveau jetée à l’assaut des clôtures.

Ce mois de souffrance interdit d’autres plaisirs : les médisances, les calomnies mais aussi les rapports charnels. Le peuple est invité à s’asseoir devant la télévision et à ingurgiter les centaines d’émissions spécialement préparées par les chaînes. Mais pourra-t-il se refréner plus longtemps ?

Ce ramadan est le temps mort qui précède la déflagration, une bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment. Le déclic pourrait venir de Gaza, du Hezbollah libanais, de la rue égyptienne, de cellules dormantes du Hamas jordanien, ou d’agents d’Al-Qaida. Laissez passer le jeûne et préparez-vous : l’explosion ne va pas tarder.

Source : Yediot Aharonot – Smadar Peri : «A ticking Arab time bomb»  Traduction : Courier international

Chômage en hausse, envolée des prix des produits alimentaires, répression accrue : dans les pays musulmans, tous les élements sont réunis pour une explosion de violence, juge une grande spécialiste israélienne du monde arabe.

Nous allons bientôt voir des dirigeants du monde arabe se rendre en avion privé dans les somptueux palais de leurs homologues pour partager l »iftar’, le repas quotidien de rupture du jeûne pendant le ramadan. Le président Moubarak fera un saut en Arabie Saoudite, le roi Abdallah de Jordanie prendra le chemin des Emirats arabes unis (EAU), le président irakien se rendra dans le golfe Arabo-Persique et le dirigeant libanais ira à Dubaï. C’est là que se trouve l’argent, que la politique de haut niveau est convertie en dollars.

L’homme de la rue, lui, verra les accolades sur le tapis rouge mais pas les fastueux banquets, qui ne pourront pas être photographiés. Cette année plus que jamais, la vue de tables couvertes de mets délicats et de serveurs en gants blancs risquerait de mettre le feu aux poudres dans cette région où vivent des centaines de millions d’affamés.

Le nombre de personnes qui souffrent de la faim dans le monde arabe a atteint dernièrement des proportions alarmantes. Le mois du ramadan intervient alors qu’un profond et dangereux fossé sépare les citoyens ordinaires de leurs dirigeants. Les statistiques font état d’une hausse vertigineuse du nombre de chômeurs mais aussi du prix du pain, du riz, des légumes, des noix et autres denrées présentes dans les repas de rupture du jeûne. En Egypte, des personnages qui ont fait fortune grâce aux relations de corruption qui unissent les milieux d’affaires et le gouvernement feront taire leur conscience en offrant de quoi manger à des dizaines de milliers de déshérités.

Le jeûne du ramadan vise à purifier l’âme des péchés commis pendant l’année écoulée et permet aux fidèles de s’adresser à Allah sans passer par les dirigeants. Tout comme en Israël, les Arabes mangeront, tout en se plaignant de l’apport excessif de calories et de la corruption des politiciens.

Un débat animé s’est engagé entre les muftis saoudiens et les médecins du monde arabe sur l’interdiction de boire durant le jeûne par des températures extrêmement élevées. Est-il possible de se mouiller les lèvres ? Ou faut-il mourir de déshydratation au nom de l’islam ?

Les premières images du ramadan sont loin d’être encourageantes. Les mosquées sont encerclées par des forces de l’ordre en nombre accru. Un moment d’inattention, un prédicateur prononçant un mot de trop, et la foule descendra dans la rue pour régler ses comptes avec les dirigeants.

Le feu couve au Pakistan, et des vagues de colère menacent l’Egypte et la Syrie. La situation n’est pas plus calme au Liban, en Jordanie, en Tunisie, en Arabie Saoudite et même aux EAU. Au lieu de purifier leur âme, les gens, affamés, n’attendent plus que l’occasion d’entrer en action. Ce n’est pas un hasard si la frontière de Rafah [entre la bande de Gaza et l’Egypte] a été ouverte pendant deux jours. Si elle n’avait pas été ouverte – et bien refermée ensuite -, la foule se serait à nouveau jetée à l’assaut des clôtures.

Ce mois de souffrance interdit d’autres plaisirs : les médisances, les calomnies mais aussi les rapports charnels. Le peuple est invité à s’asseoir devant la télévision et à ingurgiter les centaines d’émissions spécialement préparées par les chaînes. Mais pourra-t-il se refréner plus longtemps ?

Ce ramadan est le temps mort qui précède la déflagration, une bombe à retardement qui pourrait exploser à tout moment. Le déclic pourrait venir de Gaza, du Hezbollah libanais, de la rue égyptienne, de cellules dormantes du Hamas jordanien, ou d’agents d’Al-Qaida. Laissez passer le jeûne et préparez-vous : l’explosion ne va pas tarder.

Source : Yediot Aharonot – Smadar Peri : «A ticking Arab time bomb»  Traduction : Courier international

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