Il s’appelle Olivier Blanchard. Une tête. À 60 ans, il dirige le département économique du prestigieux Massachusetts Institute of Technology, il a fait partie d’instances telles que le National Bureau of Economic Research, l’American Economic Association ou l’Econometric Society et, en France, il préside le conseil scientifique de l’Ecole d’économie de Paris, en même temps qu’il siège au conseil d’analyse du Premier ministre. Ajoutons, comme l’écrit Le Monde qui lui consacre un portrait des plus élogieux, sous le titre d’Un pédagogue de l’économie mondiale, qu’il "fait partie du cénacle d’économistes conseillers de Nicolas Sarkozy. (…) "En 1968, j’étais très à gauche, raconte l’intéressé. Quand j’ai appris l’économie, je suis devenu social-démocrate et j’ai attendu vingt ans que le Parti socialiste en fasse autant…" Il a passé à la moulinette les programmes des candidats PS et UMP ; a examiné leurs propositions pour corriger "les relations détestables entre les partenaires sociaux", "la protection sociale coûteuse et inefficace" et "le système universitaire profondément malade". Sur ces trois points, avantage à Nicolas Sarkozy sur Ségolène Royal, selon lui. Un an plus tard, confirme-t-il son choix ? "Oui, répond-il. Nicolas Sarkozy est par nature plus interventionniste que je ne le rêverais ; il n’est certainement pas Margaret Thatcher. Mais rien de catastrophique pour l’instant."

Voilà donc un homme qui juge par exemple que Sarkozy a grandement amélioré "les relations détestables entre partenaires sociaux". Alors qu’il s’emploie à laminer toutes les protections sociales et se moque tellement desdits partenaires qu’il se félicite qu’on ne se rende plus compte du fait que se déroule une grève. Autrement dit, il se réjouit que les grèves ne servent plus à rien, puisqu’on peut ainsi imposer toutes les contre-réformes sans opposition efficace : c’est ça, rendre les relations entre partenaires sociaux moins "détestables", leur dicter sa loi sans qu’ils aient voix au chapitre ? Parlons aussi de "la protection sociale coûteuse et inefficace"  : pour Blanchard, l’action du président est en la matière à louer. Mais que fait concrètement Sarkozy ? Avec ses franchises médicales, venant après les multiples déremboursements, il a enclenché une privatisation rampante de la Sécu. Il oblige les chômeurs à accepter des emplois au rabais, à travers les offres prétendues "acceptables", et met en place, à travers le Revenu de solidarité active, un système de précarité subventionnée par l’État, pour le plus grand bénéfice patronal. On juge des conceptions de cet économiste, qui trouve même que le président français n’est pas assez libéral ("plus interventionniste que je ne le rêverais").

sarko et dskEh bien devinez quoi ? Le 1er septembre, Olivier Blanchard a été nommé économiste en chef du Fonds monétaire international par… Dominique Strauss-Kahn. Nous l’avions déjà épinglé deux fois pour ses inclinations sarkozistes : en décembre 2007, après que le FMI s’était répandu en vivats pour saluer la politique menée par le président, écrivant ainsi par exemple que "Gagner plus suppose incontestablement de travailler plus" et appelant à lutter contre "la hausse tendancielle du SMIC", faciliter les licenciements économiques ou encore réduire le taux de l’impôt sur les sociétés (voir DSK, un "socialiste" à la tête du FMI). La deuxième fois est plus récente : nous protestions le 13 août dernier que le FMI loue la loi dite de "modernisation de l’économie" de Christine Lagarde, estimant qu’elle aidera la France à "faire face aux défis mondiaux, à débloquer les rigidités du marché des produits et services, et bénéficiera au consommateur". Un discours sarkoziste pur jus. S’il y avait encore besoin d’une goutte pour faire déborder le vase – qui dégouline en réalité depuis longtemps -, la nomination de Blanchard-le-libéral-sarkoziste est celle-la. Comment Strauss-Kahn ose-t-il encore se dire "socialiste" ? Comment ceux qui le suivent au PS – les strauss-kahniens, donc – prétendent-ils encore appartenir à un parti de gauche ? Et comment peut-on se dire de gauche et cohabiter avec ce genre de traîtres politiques (n’est-ce pas, Jean-Luc Mélenchon, Gérard Filoche ou Benoît Hamon) ? Trois lettres suffisent à discréditer le parti "socialiste" et à écœurer les vrais militants de gauche : DSK.

 

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