Le 22 août dernier, les forces de l’OTAN sont informées de la présence d’un chef taliban, Mullah Siddiq, dans le petit village d’Azizabad, à 120 Km d’Herat, la grande ville de l’ouest de l’Afghanistan. Le commandement ne fait alors ni une ni deux et fait bombarder la localité.

Le bilan officiel est de 30 morts, 15 talibans et 5 civils. Grossier mensonge ! Le soir même, le gouvernement afghan annonce 76 morts et envoie une commission d’enquête sur place, qui va alourdir la note. Ses résultats viennent d’être confirmés par l’ONU : "L’enquête de la mission des Nations unies en Afghanistan a recueilli des preuves convaincantes, fondées notamment sur des témoignages, de la mort de quelque quatre-vingt-dix civils, parmi lesquels soixante enfants, quinze femmes et quinze hommes", annonce le communiqué repris par Le Figaro. En juillet déjà, 64 civils étaient morts sous le feu OTANesque.

 Est-ce ainsi que l’on mène la "guerre au terrorisme" ? Le président Hamid Karzaï, pourtant fantoche des Américains, a dû condamner l’opération, qualifiée de "tragique" et d’ "irresponsable". Plusieurs députés afghans ont pour leur part dénoncé un "acte cruel et barbare". Aggravé par le cynisme de la coalition, qui n’a toujours, pour l’heure, reconnu que 5 morts civils !

Le représentant du secrétaire général des Nations unies en Afghanistan, Kai Eide, pose clairement les termes du problème : "Il s’agit d’un sujet de la plus haute préoccupation pour les Nations unies. J’ai constamment répété que la sécurité des civils devait être la priorité lors de la planification et de l’exécution des opérations militaires", dit-il, ajoutant que de telles bavures "détruisent la confiance du peuple afghan".

Et de fait, "des centaines de personnes sont descendues dans la rue samedi, exigeant le retrait des Américains. « Nous continuerons de protester jusqu’à ce que la communauté internationale nous entende et que ceux qui ont bombardé vendredi soient traînés devant la justice », a déclaré Shah Nawaz, un « ancien » du district de Shindand", comme le raconte Le Figaro. Et les autorités afghanes souhaitent désormais renégocier les termes de la présence des forces internationales, comme elles l’ont annoncé hier.

Cette guerre est un guêpier. Puisse la France en sortir au plus vite.