Le malaise a commencé à se répandre dans les rangs démocrates dès la fin du grand voyage international de leur candidat. Non seulement Barack Obama avait rencontré les différents officiels du monde, mais il avait tenu un discours devant près de 100'000 personnes à Berlin. Les télévisions ne parlaient que de cela et l'une d'elle avait même envoyé ses trois vedettes couvrir l'évènement. 

Or, malgré cette surexposition médiatique, les sondages ont montré un Obama déclinant au fil des semaines. Incompréhensible !

Les médias et les organes de gauche, qui vivent dans leur bulle,  nous offrent une remix de Ségolène Royal. Beaucoup de bruit pour couvrir une candidature branlante, s'appuyant sur la seule image du candidat (le sourire de Ségolène renvoyant à celui de Barack) sans véritable structure. Pourtant, l'année 2008 est démocrate. Le Congrès sera de gauche et même largement.  Si les Démocrates avaient géré intelligemment cette campagne, ils devaient enterrer les Républicains pour la décennie à venir. Mais voilà, la gauche a été phagocytée par des gamins de mai 68 qui prennent leurs fantasmes pour la réalité, et qui ont lancé un candidat sans aucune envergure. Lequel avouait lui-même, en 2004, qu'il n'avait pas l'expérience pour briguer la présidence en 2008 ! 

Plutôt que miser sur une candidate de renom, Hillary Clinton, certes controversée sur le court terme mais ô combien crédible face à McCain sur le long terme, la génération hippie a préféré aduler une coquille vide, et se demande aujourd'hui si elle n'a pas commis une erreur monumentale. Dans une chronique pour le Wall Street Journal, le stratège Karl Rove s'étonne de la prestation de McCain "qui ne devrait pas être aussi proche de son adversaire à ce stade de la campagne".

Le blog drzz vous avait annoncé depuis le début que Hillary Clinton était une adversaire de taille pour les Républicains. Que la sénatrice de New York, écartée par la frange irresponsable de son parti, allait travailler à savonner la planche sur laquelle se reposait ingénuement Barack Obama. C'est chose faite : Hillary n'a participé à aucun meeting d'Obama en juillet, prétextant "un agenda surchargé" à son poste de sénatrice de New York ! Son absence a marqué ceux qui l'ont soutenue. 74% seulement des Démocrates soutiennent Obama quand 86% des Républicains sont derrière McCain. 

Barack Obama souffre d'un déficit d'expérience quand McCain pâtit de la réputation désastreuse de son parti. Or une campagne risque bien de se jouer sur la personnalité plutôt que sur l'appartenance politique, comme il est de coutume aux Etats-Unis.

Plus inquiétant encore pour les Démocrates, la confiance des électeurs envers McCain en politique intérieure dépasse celle accordée à Obama. Et sur des questions traditionnellement acquises à la gauche, telles que l'équilibre du budget (+3% en faveur de McCain) et la sécurité sociale (+6%). Même sur la Santé, élément-phare du programme démocrate,  Obama a perdu 6 points de confiance en deux semaines. Et une majorité des sondés ont exprimé leur ras-le-bol face au trop plein médiatique consacré au candidat démocrate.

Obama ne rassure pas. La majorité des électeurs qui le jugeait inexpérimenté au printemps n'a pas fluctué, et ceci alors que 119 millions $ de publicité a été injecté pour améliorer son image. Durant le seul mois de juillet, Barack Obama a changé d'avis sur l'Irak, l'Iran et le forage de pétrole domestique. Il a accusé les Républicains de racisme alors que le mois précédent il se présentait comme un rassembleur. Sur l'économie, élément central de cette campagne, il a perdu son avantage et les deux candidats sont aujourd'hui au coude-à-coude avec 45% de confiance chacun. Il faut dire que le Congrès à majorité de gauche ne l'a pas aidé : alors que le prix de l'essence est au plus haut, les Démocrates des deux chambres refusent obstinément la construction de nouveaux puits de pétrole en Alaska qui permettraient aux classes plus pauvres d'obtenir de l'essence meilleur marché. Un scandale, alors que 67% des électeurs soutiennent de nouveaux forages.

Que conclure ? Obama perd du terrain tout seul. Les attaques de McCain, trop tardives, n'expliquent pas à elles seules le recul du sénateur de l'Illinois. Nous assistons aujourd'hui dont les campagnes présidentielles sont friandes. N'anticipons rien, cependant : il reste encore l'annonce du vice-président, la convention, les trois débats nationaux, et les coups bas qui jalonneront la fin de parcours à la mi-octobre. Une chose est certaine cependant : Obama va devoir se ressaisir. Comme le note justement l'historien Victor Davis Hanson, les Démocrates n'ont pas fini de regretter Hillary Clinton… Mais la campagne ne fait que commencer.