Il n'y a encore que très peu de temps, le nom de Perrault n'évoquait pour moi que Charles Perrault l'auteur des contes. L'auteur du petit chaperon rouge.
Sans doute parce que sur les 45 années que je viens de passer sur notre terre, j'en ai passé la plus grande partie à travailler ou à regarder des programmes de divertissement à la télévision.
A un moment, pour une raison que j'ignore, j'ai pris conscience de mon manque de culture générale.
Que s'est-il passé? La fameuse crise de la quarantaine? Une rencontre? Un changement dans nos relations? Une prise de recul par rapport à ma vie de tous les jours?
Je l'ignore, mais j'ai fait le constat. Je passais trop de temps à faire des choses sans grand intérêt. Le temps passait sans que je ne m'en rende compte.
Je me suis senti nu, manquant de cet élégant costume que l'on appelle la culture. Une des rares choses que seule la vieillesse puis la mort puisse nous enlever.
Il y a quelques années, je ne considérais la Bibliothèque nationale de France que comme une dépense faramineuse inutile. Je pensais que ce n'était qu'une somptueuse dépense effectuée par notre ancien président de la République, M François Mitterrand pour laisser une trace de son passage sur notre terre.
Mais j'ai évolué depuis. Maintenant je considère que le puits de culture qu'était François Mitterrand a tout simplement souhaité protéger une partie de ce que la France possède de plus précieux dans une oeuvre d'art. La bibliothèque de France rassemble un nombre considérable d'ouvrages les plus divers. On peut considérer qu'elle est le conservatoire du savoir.
Et le savoir n'est-il pas le bien le plus précieux de l'homme, bien plus précieux que l'argent, l'or ou les diamants. Seule la vie est peut-être supérieure au savoir.
J'ai lu il y a quelques temps, par le plus grand des hasards un petit article traitant d'une exposition consacrée à l'architecte Dominique Perrault. Cette exposition se déroule du 11 juin au 22 septembre 2008 au centre Pompidou à Paris 1er.
Par curiosité, je me suis renseigné sur Dominique Perrault. J'ai appris qu'il était le génial inventeur de la bibliothèque nationale de France mais aussi qu'il avait été nommé conseillé sur le projet du Grand Paris. C'est lui qui supervise jusqu'à la fin de l'année les travaux des dix grandes agences sélectionnées pour proposer un projet d'aménagement du Grand Paris. Projet cher à M Sarkosy et à M Delanoë.
Dominique Perrault est un architecte et un urbaniste français de renommée internationale. D'origine auvergnate, né à Clermont Ferrant, grâce à la force et à l'assurance que lui confèrent ses 55 ans, ses trente ans d'expérience mais surtout grâce à son talent, il pilote une dizaine de chantiers à travers le monde.
Il a suivi une formation d'ingénieur aux beaux-arts, ce qui explique peut-être aussi qu'il a réussi à dépasser le stade de simple constructeur de maisons.
Selon ses proches, il ne cache pas son caractère bourru, ce qui signifie peut-être qu'il n'est pas facile de travailler avec lui.
L'homme n'hésite pas à déclarer qu'il éprouve une certaine indifférence pour le côté m'as-tu d'un édifice. Le bâtiment qu'il a inventé pour l'usine Aplix (voir après) prouve qu'il a su se dépasser. Il ne cherche pas à s'imposer en inventant des bâtiments "m'as tu vu". Il est conscient de sa valeur et de sa force créatrice. Il n'a plus rien à prouver, il n'a qu'à gérer son talent.
Dominique Perrault est l'auteur d'une thèse de doctorat d'histoire sur les mairies d'arrondissement qui façonnèrent l'image républicaine de Paris.
Il a construit son oeuvre sur :
La notion d'identification des quartiers, principe selon lequel le bâtiment est à l'origine de l'histoire du lieu.
Sur la séparation de l'espace, principe selon lequel il faut gommer les ruptures des bâtiments.
Sur l'enveloppe d'un bâtiment. Il semble que Dominique Perrault rêve d'une harmonie globale.
On peut retrouver ses principes dans les bâtiments dont il est le créateur.
Le grand voyageur peut admirer les chefs d'oeuvre de Dominique Perrault à travers le monde. Ils s'en trouvent à Vienne, à Barcelone, à Milan, à Luxembourg, à Séoul ou à Saint Pétersbourg.
Dominique Perrault n'est plus un architecte français, c'est un artiste au service de la terre entière. Je me répète mais il est important de comprendre qu'il a réussi à dépasser le niveau du super technicien constructeur d'immeuble pour devenir un artiste créateur de véritables oeuvres d'art.
C'est donc à lui que l'on doit la fantastique bibliothèque nationale de France qui à son époque était considérée par certains comme un chantier pharaonique, une folie, une hérésie pour une France déjà endettée, déjà en proie aux difficultés financières de tous ordres.
Avec le recul, à peine si l'on peut lui reprocher l'utilisation de bois rares comme l'ont fait les Robins des Bois au moment de la construction. Mais ce bâtiment ne méritait-il pas ce qu'il y avait de plus beau?
Il faut l'avouer, le bâtiment est fantastique. C'est une oeuvre d'art à lui seul. Ses quatre tours d'angle en équerre protègent un jardin dont les grands arbres donnent l'impression d'avoir été là avant la construction des bâtiments. Un jardin dans la ville. Le savoir de l'homme adossé à la grandeur de la nature.
Le site de la bibliothèque nationale de France montre aussi que Dominique Perrault ne se consacre pas seulement aux bâtiments mais qu' il considère l' architecture comme un ensemble. La bibliothèque nationale de France, ce ne sont pas simplement les quatre tours. Ce sont le jardin et les quatre tours.
Mais Dominique Perrault est aussi le créateur du bâtiment de l'usine APLIX situé à Nantes (1997 – 1999 )
Pour construire l'imposant bâtiment de l'usine, Dominique Perrault a eu le fantastique idée d'utiliser un matériau à base d'inox. Ce matériau a la particularité de se comporter comme un miroir. Il renvoie l'image du paysage situé autour de l'usine. L'usine se confond avec le paysage. Les façades extérieures de l'usine varient en fonction de la nature qui l'entoure et des saisons.
Précurseur, Dominique Perrault a commencé à utiliser 12 ans avant les autres la mode de ce que l'on appelle maintenant la façade de seconde peau.
Cette usine est quasiment invisible dans la nature.
Ne redoutant aucun défit, Dominique Perrault a également créé le campus vert de l'université de Séoul en Corée du sud. (2004 – 2008 )
Il s'agit en fait d'un agrandissement de l'université féminine de EWHA.
Pour créer des bâtiments écologiques en utilisant le principe des "toits pelouses", l'architecte a inventé sur son chantier à Séoul une grande tranchée bordée de deux bâtiments abritant divers locaux pour l'université : des bibliothèques, des amphithéâtres, des commerces, des lieux de culte, des salles de sports…
La grande tranchée est devenue un canyon de 250 mètres de longueur qui sert depuis cette année de lieu d'accueil pour un festival de cinéma. L'escalier monumental que l'on aurait pu croire de prime abord lourd et inélégant est devenu le point central du festival.
Les innovations technologiques utilisées par Dominique Perrault permettent une consommation d'énergie inférieur de 20 % à celles de bâtiments équivalents.
Ces deux bâtiments respectent ses principes. les miroirs de l'usine Aplix ou les toits "pelouse" de l'université de Séoul permettent à ces bâtiments de se confondre dans leur environnement.
Il en est de même pour les quatre tours de la bibliothèque nationale de France qui semble symboliser les quatre piquets d'écart d'un jardin pour géants.
Les spécialistes considèrent Dominique Perrault comme faisant partie des trois plus grands architectes français des XXème et XXIème siécles avec le célèbre Jean Nouvel et Christian de Portzamparc.
(Jean Nouvel a connu la célébrité en inventant le palais de la culture et des congrés de Lucerne, puis de la Dentsu Tower à Tokio. Christian de Portzamparc a été le premier français à recevoir le prix Pritker, prix destiné à récompenser annuellement un architecte vivant talentueux)
Selon le critique et historien d'art Frédéric Migayrou, commissaire de l'exposition consacrée à Dominique Perrault au centre Pompidou, "modeler le territoire est une obsession" chez l'artiste.
Une exposition visible du 11 juin au 22 septembre 2008 dans une autre oeuvre d'art, le Centre Pompidou à Paris (1er).
A voir si vous allez vous promener à Paris durant cette période.
salut new reporter
je connaissais un peu l’oeuvre de Perrault, en autres « La Cour de Justice des Communautés Européennes » à Luxembourg-ville, ayant plusieurs fois effectué des livraisons sur ce chantier.
Il est vrai que l’urbaniste s’est révélé fort jeune, sous l’égide du tonton.
Michel
Décidément Michel vous êtes un puits, mais un puits de culture.
Vous devriez aller rendre visite à Julien Lepers.
Merci de votre passage
J’espère qu’il ne sort pas trop de chlore du puits , new reporter !!!!!!!!!!!!!!
des fois , l’eau du puits est empoisonnée ,new reporter ; il s’agit plutôt de citernes crevassées : « LA 14e chambre correctionnelle de Nanterre a condamné mardi l’animateur de télévision Julien Lepers à un an de prison avec sursis et 150.000 francs d’amende pour fraude fiscale. L’animateur-vedette de « Questions pour un champion » sur France 3 était poursuivi pour n’avoir pas déclaré aux impôts 1,3 million de francs sur ses revenus personnels de 1987 et 1988. Sur cette somme, il devait payer au fisc 795.676 francs. Le tribunal a été indulgent avec la vedette et l’a condamnée à une peine inférieure à celle requise par le procureur Humbert Michaut, qui demandait dix-huit mois de prison, dont six mois fermes et trois ans de mise à l’épreuve, et 250.000 francs d’amende. »
Vautier quel intérêt pour Julien Lepers!!!
Vous faites partie de son fan club?
et l’énergie??????????
La BNF englouti 60 GWh électrique par an. L’équivalent d’une ville de 20 000 habitants.
Les livres sont dans les tours derrière les vitres en plein soleil avec climatisation à fond et volets bois(quel intérêt de mettre des vitres?)
Les lecteurs sont dans les souterrains avec éclairage électrique à fond…
au 21e siècle faire des bâtiments tout vitrés est un non-sens énergétique total.
Je ne remet pas en question l’artiste, mais lui devrait aborder la question énergétique sérieusement dans ses œuvres.
Excellent complément Jérémie. Merci
Mais peut être qu’à cette époque ce n’était pas un soucis car il semble que depuis l’archi ait évolué et qu’il tienne compte des économies d’énergie.