Dans son édition du 7 juin 2008, le quotidien la Presse, reproduisant fidèlement le communiqué d’une source « officielle », évidemment, anonyme, faisait état de la « mort d’un élément perturbateur » dans la ville de Redeyef. Ledit communiqué dans ses deux versions, arabes et françaises, a été publié par la quasi-totalité des quotidiens de la place.
Depuis ce jour, pas un mot ou même une virgule n’ont été changé dans le compte rendu « officiel ». L’auteur du communiqué n’a même pas cherché à atténuer la violence de son texte et de ce qu’il dégageait, son hostilité à la population de Redeyef, son irrespect de la vie humaine, et le mépris qu’il exprime l’égard des « citoyens » du bassin miner et du pays tout entier. Pour êtres francs, on s’y attendait même si on aurait souhaité que certains reconnaissent l’esquisse de la possibilité d’un zeste d’une maladresse de langage qu’ils auraient pu attribuer à une mauvaise traduction ou à une « faute de frappe » commise par une secrétaire trop fatiguée par une charge de travail harassante. Rien, niet, nada … Le vendredi 6 juin 2008 une « particule perturbatrice » a rendu l’âme et basta.
D’ailleurs, puisque nous sommes à ce niveau de vocabulaire, on aurait pu parler de « trublions », de « sauvageons » et autres qualificatifs tout aussi désobligeants, les seuls à pouvoir évoquer et qualifier dans l’esprit des rédacteurs du communiqué la mort d’un jeune tunisien de Redeyef de part le sang qui coule dans ses veines et la carte d’identité nationale délivrée par les services compétents.
Il est vrai que le lendemain, dans une conférence de presse sur les acquis de la Tunisie en matière de droits de l’homme, le ministre de la justice, commentant les évènements de la veille, disait « regretter » la mort de ce jeune tunisien. Ce regret public exprimé à demi mot par l’un des ministres les plus importants de la république demeure insuffisant et n’efface pas l’affront que le communiqué de la veille a fait subir aux proches du regretté jeune manifestant, à nos concitoyens du bassin minier et à tous les tunisiens.
Tout dans ce communiqué est rageant. Du choix regrettable de l’expression « élément perturbateur » à la volonté manifeste de travestir la réalité pourtant criante par l’omission volontaire de mentionner le recours aux armes à feu, en passant par le mutisme total sur l’état de tension qui règne sur cette partie de la Tunisie et sur les problèmes qui en sont la cause.
Comme s’il s’agissait d’un simple fait divers, le communiqué n’a rien rapporté quant à la nature des événements les confinant au statut de simples « actes de violences ». Ceux qui ne seraient pas très au fait de la situation du bassin minier, auraient pu imaginer sinon, croire au total, que ces jeunes, sûrement par ennui, ont fini par concocter des cocktails Molotov en lieu et palace du chocolat chaud et des paninis mayonnaise jambon de boeuf qu’ils avaient coutume de partager dans les confortables salons de thé d’Oum Larayess, de Redeyef et de Metlaoui.
Par modestie et beaucoup par pudeur, la source « offinyme » s’est gardée de faire étalage du rôle bienfaiteur et de la sollicitude constante de l’Etat pour cette région de la Tunisie. Mieux encore elle s’est même retenue de rappeler le train de vie de prince dont bénéficient ces jeunes « sauvageons », « pourris-gatés » qui au lieu de s’ingénier a confectionner des cocktails Molotov auraient dû apporter leurs contributions aux cycles de débats avec les jeunes à partir des nombreux et luxueux cybercafés des villes du bassin minier ou par sms. Mais que veulent t-ils ces jeunes ? S’interrogeraient certains. Ne leur suffit t-il pas d’avoir le plaisir d’effectuer d’agréables excursions sur les 4/4 de la garde nationale ? Ne les asperge t-on pas a s’étouffer du dernier parfum « Lacrymogène » de chez Dior ? Quelle ingratitude et quelle insouciance ! Et ce jeune « élément perturbateur », qu’avait t-il à charger les forces de l’ordre en…fuyant à toutes jambes. ?
Certes, ce type de communiqué n’est pas tout à fait nouveau dans son genre. Certes encore, avons-nous lu, les yeux désorbité, moult communiqués « offinymes » où la désinformation se disputait avec le mépris de l’intelligence des citoyens mais là c’est vraiment trop « ballagha essaylou al zouba ». Les citoyens, les autochtones plutôt, ont eu à avaler des couleuvres, des boas mêmes. Cette fois c’est un Diplodocus qu’ils cherchent à leur faire passer dans les entrailles. Le risque d’indigestion sera t-il au rendez-vous ? Il y’en a ceux qui exagèrent et malheureusement c’est incurable !
Source : Attariq – mardi 17 juin 2008
Dans son édition du 7 juin 2008, le quotidien la Presse, reproduisant fidèlement le communiqué d’une source « officielle », évidemment, anonyme, faisait état de la « mort d’un élément perturbateur » dans la ville de Redeyef. Ledit communiqué dans ses deux versions, arabes et françaises, a été publié par la quasi-totalité des quotidiens de la place.
Depuis ce jour, pas un mot ou même une virgule n’ont été changé dans le compte rendu « officiel ». L’auteur du communiqué n’a même pas cherché à atténuer la violence de son texte et de ce qu’il dégageait, son hostilité à la population de Redeyef, son irrespect de la vie humaine, et le mépris qu’il exprime l’égard des « citoyens » du bassin miner et du pays tout entier. Pour êtres francs, on s’y attendait même si on aurait souhaité que certains reconnaissent l’esquisse de la possibilité d’un zeste d’une maladresse de langage qu’ils auraient pu attribuer à une mauvaise traduction ou à une « faute de frappe » commise par une secrétaire trop fatiguée par une charge de travail harassante. Rien, niet, nada … Le vendredi 6 juin 2008 une « particule perturbatrice » a rendu l’âme et basta.
D’ailleurs, puisque nous sommes à ce niveau de vocabulaire, on aurait pu parler de « trublions », de « sauvageons » et autres qualificatifs tout aussi désobligeants, les seuls à pouvoir évoquer et qualifier dans l’esprit des rédacteurs du communiqué la mort d’un jeune tunisien de Redeyef de part le sang qui coule dans ses veines et la carte d’identité nationale délivrée par les services compétents.
Il est vrai que le lendemain, dans une conférence de presse sur les acquis de la Tunisie en matière de droits de l’homme, le ministre de la justice, commentant les évènements de la veille, disait « regretter » la mort de ce jeune tunisien. Ce regret public exprimé à demi mot par l’un des ministres les plus importants de la république demeure insuffisant et n’efface pas l’affront que le communiqué de la veille a fait subir aux proches du regretté jeune manifestant, à nos concitoyens du bassin minier et à tous les tunisiens.
Tout dans ce communiqué est rageant. Du choix regrettable de l’expression « élément perturbateur » à la volonté manifeste de travestir la réalité pourtant criante par l’omission volontaire de mentionner le recours aux armes à feu, en passant par le mutisme total sur l’état de tension qui règne sur cette partie de la Tunisie et sur les problèmes qui en sont la cause.
Comme s’il s’agissait d’un simple fait divers, le communiqué n’a rien rapporté quant à la nature des événements les confinant au statut de simples « actes de violences ». Ceux qui ne seraient pas très au fait de la situation du bassin minier, auraient pu imaginer sinon, croire au total, que ces jeunes, sûrement par ennui, ont fini par concocter des cocktails Molotov en lieu et palace du chocolat chaud et des paninis mayonnaise jambon de boeuf qu’ils avaient coutume de partager dans les confortables salons de thé d’Oum Larayess, de Redeyef et de Metlaoui.
Par modestie et beaucoup par pudeur, la source « offinyme » s’est gardée de faire étalage du rôle bienfaiteur et de la sollicitude constante de l’Etat pour cette région de la Tunisie. Mieux encore elle s’est même retenue de rappeler le train de vie de prince dont bénéficient ces jeunes « sauvageons », « pourris-gatés » qui au lieu de s’ingénier a confectionner des cocktails Molotov auraient dû apporter leurs contributions aux cycles de débats avec les jeunes à partir des nombreux et luxueux cybercafés des villes du bassin minier ou par sms. Mais que veulent t-ils ces jeunes ? S’interrogeraient certains. Ne leur suffit t-il pas d’avoir le plaisir d’effectuer d’agréables excursions sur les 4/4 de la garde nationale ? Ne les asperge t-on pas a s’étouffer du dernier parfum « Lacrymogène » de chez Dior ? Quelle ingratitude et quelle insouciance ! Et ce jeune « élément perturbateur », qu’avait t-il à charger les forces de l’ordre en…fuyant à toutes jambes. ?
Certes, ce type de communiqué n’est pas tout à fait nouveau dans son genre. Certes encore, avons-nous lu, les yeux désorbité, moult communiqués « offinymes » où la désinformation se disputait avec le mépris de l’intelligence des citoyens mais là c’est vraiment trop « ballagha essaylou al zouba ». Les citoyens, les autochtones plutôt, ont eu à avaler des couleuvres, des boas mêmes. Cette fois c’est un Diplodocus qu’ils cherchent à leur faire passer dans les entrailles. Le risque d’indigestion sera t-il au rendez-vous ? Il y’en a ceux qui exagèrent et malheureusement c’est incurable !
Source : Attariq – mardi 17 juin 2008
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