Le leader du Parti Algérien du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Saïd Sadi, en tournée en Amérique du Nord, a appelé mardi 11 Mars 2008 l’Amérique du Nord, notamment les Etats-Unis, à se concentrer un peu plus sur l’Afrique du Nord. Dans un discours prononcé devant le comité national américain de politique étrangère, à New York, autour du thème «L’arc des crises et les USA».
Texte du discours :
«Pour des raisons historiques et géopolitiques, la perception de l’Amérique du nord des zones critiques a été largement dominée par l’attention accordée au proche et Moyen-Orient. La gravité de la question israélo-palestinienne, la situation en Irak, et les tensions qui montent autour du nucléaire iranien ont occulté un autre segment de cette aire des conflits: l’Afrique du Nord. Cette région est appelée à connaître des évolutions majeures qui peuvent en faire un exemple pour le meilleur comme pour le pire. Je ne m’attarderai pas sur la Libye qui est en phase de restructuration aigüe et dont il est difficile de prévoir les évolutions sur le court terme.
Je m’en tiendrai donc aux trois pays de la rive sud du bassin occidental de la Méditerranée.
Premièrement, le Maroc. Malgré de réelles difficultés, ce pays semble voir esquissé un projet pour les 25 prochaines années. On peut considérer que son évolution vers une monarchie parlementaire constitue une trajectoire crédible qui mérite un sérieux suivi compte tenu de la nature des royaumes du monde musulman.
Deuxièmement, la Tunisie. Elle a enregistré de réels progrès dans les domaines économique, éducatif, culturel et sur la question de la condition féminine mais subit en même temps une fermeture politique qui ne saurait durer trop longtemps. Ce n’est pas à cette honorable assemblée qu’il faut rappeler que le progrès économique quand il est pérenne s’accompagne toujours du libéralisme politique.
Troisièmement, l’Algérie. Mon pays, est à l’arrière-garde de toutes les évolutions. Une gérontocratie, qui est aujourd’hui l’une des plus anciennes au monde paralyse la Nation. L’actuel chef de l’Etat était déjà membre du gouvernement en 1962. Quand on sait que le peuple algérien est l’un des plus jeunes au monde, on comprend que face à l’autisme des dirigeants, et devant l’absence de perspective, la réaction des cadres soit le refuge dans l’exil, et pour les jeunes l’immigration sauvage. Je viens de Montréal, où j’ai animé un meeting devant la communauté algérienne. Il y a, dans cette seule ville, près de 40.000 cadres de rang universitaire.
Faut-il dès lors être surpris que dans un tel marasme, Al Quaïda ait choisi notre pays pour investir la région Afrique du nord et Sahel.
Vous le voyez, dans cette région, on se retrouve devant des parcours politiques radicalement différents..
En Tunisie et au Maroc, et quelles que soient les insuffisances des politiques qui y sont menées, le mouvement de réformes émane des dirigeants. En Algérie, c’est la société qui tire vers le haut et essaie d’impulser une dynamique d’émancipation du pays.
Pourtant, il faut bien savoir que la construction de cet ensemble passe nécessairement par la stabilisation de l’Algérie si l’on veut arriver à une intégration nord-africaine crédible politiquement et performante économiquement. Une telle réussite est importante à considérer par les grands acteurs politiques mondiaux, car elle parle à la fois au continent africain et au monde musulman.
J’insiste délibérément sur le cas algérien parce que l’internationale islamiste qui s’oppose à tout développement sur cette région a ciblé dès le départ deux pays:
Le Liban, pays multiconfessionnel, plurilingue, et multiculturel, dont la stabilité et la réussite étaient inadmissibles pour tous les despotes de la région.
Pour sa part, l’Algérie a été ciblée pour son potentiel de modernité et ses richesses naturelles. Sortir notre pays d’un marasme économique dont l’origine est fondamentalement politique est une urgence majeure.
En fait, l’équation algérienne est très simple, et je sais de quoi je parle puisque j’ai été par deux fois candidat à l’élection présidentielle. Les fraudes électorales mènent à une corruption généralisée qui induit une misère sociale dont la finalité est le terrorisme ou la fuite des cadres et l’exil suicidaire de la jeunesse.
Aujourd’hui, l’instabilité algérienne menace toute la région.
La seule manière d’y mettre un terme est de permettre aux Algériens d’élire librement leurs dirigeants pour disposer enfin d’un pouvoir crédible et légitime. Cet impératif a une exigence : la surveillance massive et qualifiée des prochains scrutins par la communauté internationale.
Je n’aurais pas la prétention de dire ce que les grands partenaires de l’Algérie doivent faire. Mais il est facile de rappeler les erreurs à éviter. La bienveillance, ou pire, la complicité, avec les régimes despotiques ne protège jamais contre l’intégrisme. Bien au contraire, le despotisme fait toujours le lit de l’extrémisme. La société civile algérienne se bat dans des conditions extrêmement difficiles. L’opposition démocratique assume son combat et ouvre des perspectives au pays. Le monde du travail s’émancipe de plus en plus des carcans officiels. Le journaliste se bat pour essayer d’informer librement malgré une répression qui vient encore d’atteindre un directeur de journal et un chroniqueur, et la femme défend pouce par pouce ses espaces de liberté. Ce potentiel mérite suivi, attention et soutien.
Oui, si l’Algérie échappe aux scores brejnéviens en 2009, l’Afrique du nord peut réaliser son union, qui fut le rêve des premiers nationalistes des trois pays. Et cette région peut être la première matrice qui ouvre de nouveaux espoirs à un monde musulman gagné par la régression et le renoncement.
La solution aux archaïsmes et à l’arbitraire de cet ensemble sera difficile, longue et graduelle. C’est pour cela que chaque zone qui s’émancipe dans cette contrée amplifie la dynamique de démocratie de l’ensemble.
Je vous remercie de votre attention.»
Le leader du Parti Algérien du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), Saïd Sadi, en tournée en Amérique du Nord, a appelé mardi 11 Mars 2008 l’Amérique du Nord, notamment les Etats-Unis, à se concentrer un peu plus sur l’Afrique du Nord. Dans un discours prononcé devant le comité national américain de politique étrangère, à New York, autour du thème «L’arc des crises et les USA».
Texte du discours :
«Pour des raisons historiques et géopolitiques, la perception de l’Amérique du nord des zones critiques a été largement dominée par l’attention accordée au proche et Moyen-Orient. La gravité de la question israélo-palestinienne, la situation en Irak, et les tensions qui montent autour du nucléaire iranien ont occulté un autre segment de cette aire des conflits: l’Afrique du Nord. Cette région est appelée à connaître des évolutions majeures qui peuvent en faire un exemple pour le meilleur comme pour le pire. Je ne m’attarderai pas sur la Libye qui est en phase de restructuration aigüe et dont il est difficile de prévoir les évolutions sur le court terme.
Je m’en tiendrai donc aux trois pays de la rive sud du bassin occidental de la Méditerranée.
Premièrement, le Maroc. Malgré de réelles difficultés, ce pays semble voir esquissé un projet pour les 25 prochaines années. On peut considérer que son évolution vers une monarchie parlementaire constitue une trajectoire crédible qui mérite un sérieux suivi compte tenu de la nature des royaumes du monde musulman.
Deuxièmement, la Tunisie. Elle a enregistré de réels progrès dans les domaines économique, éducatif, culturel et sur la question de la condition féminine mais subit en même temps une fermeture politique qui ne saurait durer trop longtemps. Ce n’est pas à cette honorable assemblée qu’il faut rappeler que le progrès économique quand il est pérenne s’accompagne toujours du libéralisme politique.
Troisièmement, l’Algérie. Mon pays, est à l’arrière-garde de toutes les évolutions. Une gérontocratie, qui est aujourd’hui l’une des plus anciennes au monde paralyse la Nation. L’actuel chef de l’Etat était déjà membre du gouvernement en 1962. Quand on sait que le peuple algérien est l’un des plus jeunes au monde, on comprend que face à l’autisme des dirigeants, et devant l’absence de perspective, la réaction des cadres soit le refuge dans l’exil, et pour les jeunes l’immigration sauvage. Je viens de Montréal, où j’ai animé un meeting devant la communauté algérienne. Il y a, dans cette seule ville, près de 40.000 cadres de rang universitaire.
Faut-il dès lors être surpris que dans un tel marasme, Al Quaïda ait choisi notre pays pour investir la région Afrique du nord et Sahel.
Vous le voyez, dans cette région, on se retrouve devant des parcours politiques radicalement différents..
En Tunisie et au Maroc, et quelles que soient les insuffisances des politiques qui y sont menées, le mouvement de réformes émane des dirigeants. En Algérie, c’est la société qui tire vers le haut et essaie d’impulser une dynamique d’émancipation du pays.
Pourtant, il faut bien savoir que la construction de cet ensemble passe nécessairement par la stabilisation de l’Algérie si l’on veut arriver à une intégration nord-africaine crédible politiquement et performante économiquement. Une telle réussite est importante à considérer par les grands acteurs politiques mondiaux, car elle parle à la fois au continent africain et au monde musulman.
J’insiste délibérément sur le cas algérien parce que l’internationale islamiste qui s’oppose à tout développement sur cette région a ciblé dès le départ deux pays:
Le Liban, pays multiconfessionnel, plurilingue, et multiculturel, dont la stabilité et la réussite étaient inadmissibles pour tous les despotes de la région.
Pour sa part, l’Algérie a été ciblée pour son potentiel de modernité et ses richesses naturelles. Sortir notre pays d’un marasme économique dont l’origine est fondamentalement politique est une urgence majeure.
En fait, l’équation algérienne est très simple, et je sais de quoi je parle puisque j’ai été par deux fois candidat à l’élection présidentielle. Les fraudes électorales mènent à une corruption généralisée qui induit une misère sociale dont la finalité est le terrorisme ou la fuite des cadres et l’exil suicidaire de la jeunesse.
Aujourd’hui, l’instabilité algérienne menace toute la région.
La seule manière d’y mettre un terme est de permettre aux Algériens d’élire librement leurs dirigeants pour disposer enfin d’un pouvoir crédible et légitime. Cet impératif a une exigence : la surveillance massive et qualifiée des prochains scrutins par la communauté internationale.
Je n’aurais pas la prétention de dire ce que les grands partenaires de l’Algérie doivent faire. Mais il est facile de rappeler les erreurs à éviter. La bienveillance, ou pire, la complicité, avec les régimes despotiques ne protège jamais contre l’intégrisme. Bien au contraire, le despotisme fait toujours le lit de l’extrémisme. La société civile algérienne se bat dans des conditions extrêmement difficiles. L’opposition démocratique assume son combat et ouvre des perspectives au pays. Le monde du travail s’émancipe de plus en plus des carcans officiels. Le journaliste se bat pour essayer d’informer librement malgré une répression qui vient encore d’atteindre un directeur de journal et un chroniqueur, et la femme défend pouce par pouce ses espaces de liberté. Ce potentiel mérite suivi, attention et soutien.
Oui, si l’Algérie échappe aux scores brejnéviens en 2009, l’Afrique du nord peut réaliser son union, qui fut le rêve des premiers nationalistes des trois pays. Et cette région peut être la première matrice qui ouvre de nouveaux espoirs à un monde musulman gagné par la régression et le renoncement.
La solution aux archaïsmes et à l’arbitraire de cet ensemble sera difficile, longue et graduelle. C’est pour cela que chaque zone qui s’émancipe dans cette contrée amplifie la dynamique de démocratie de l’ensemble.
Je vous remercie de votre attention.»
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