Il est 11h30 quand je sors du métro "madeleine" ce samedi. Le ciel est dégagé et le soleil abondant malgré le froid de ce mois de février. Des barrières et des agents de police bloquent le passage tout autour de l'imposante église de la Madeleine et pour atteindre le trottoir face à l'église il faut faire tout un détour. L'église est baignée de soleil et l'on peut distinguer dans le ciel les avions de ligne qui contournent Paris. Ils ressemblent à des maquettes, tout petits dans ce ciel clair.

La messe a déjà commencé depuis un moment, mais on peut continuer à la suivre depuis un écran installé là. Des journalistes attendent devant le bâtiment, appareils photos à la main. Ils sont venus nombreux, avec des grosses voitures parfois surmontées d'une sorte de parabole qui renvoie sans doute leurs images en direct à des journaux télévisés. Plus loin sur l'avenue d'autres photographes avec des "zoom" qui attendent de loin les clichés qu'ils remettront à leur rédaction. Des agents sont là aussi, ainsi que des voitures officielles munis de fanion. Sur la façade du batiment une grande photo tout en couleur d'Henri Salvador, appuyé sur sa guitare, le regard lointain, mais l'air plutôt gai.
Des personnes nombreuses suivent la messe et quelques unes répètent, ou plutôt murmurent le Notre Père à la suite du prêtre. Suit le dernier hommage de ses amis. Un musisien évoque son rire puis joue "Le loup, la biche et le chevalier" au violon, un acteur connut lit un texte de Boris Vian qui composa des chansons avec le défunt, d'autres musiciens jouent avec des instruments à vent, trompette, tuba. Devant l'église le son est imparfait car les notes résonnent en écho et arrivent en même temps que la musique sur l'enregistrement portant au dehors. Bien entendu personne n'applaudit : on applaudit pas durant une messe des morts.
Tandis que la foule dehors grelotte un peu, dans le bâtiment, où le prêtre disait "souviens toi d'Henri" au cours de sa prière, on passe pour communier. Puis chacun passe devant le cercueil, bénir le défunt ou pour un geste de sympathie, selon les convictions de chacun, ainsi que l'a demandé le prêtre. Sur l'écran, on distingue le visage du président de la République pour la première fois, et la caméra s'attarde un peu sur lui. Il est seul apparemment, sans son épouse et il a été l'un des premiers à passer devant le cercueil, vraissemblablement.
Le temps passe un peu et l'on distingue une personne qui sort du bâtiment. Tout le monde alors se hausse un peu pour voir de qui il s'agit. C'est bien Nicolas Sarkozy qui sort d'un pas pressé, descendant les marches de l'église. Devant sa voiture qui l'attend, il se tourne un peu et fait un signe à la foule agglutinée là. Une ou deux personnes applaudissent, un bravo sonore retentit. Mais le tout est si isolé, que cela cesse aussitôt. Encore un temps, les haut-parleurs diffusent la musique d'Henri Salvador, à commencer par "Sur mon île" puis l'on commence à sortir de l'église et les journalistes se pressent pour interroger les personnalités qui en sortent.
Je m'impatiente un peu et m'en vais, apprennant plus tard que lorsque le cercueil est sorti de l'église il a été copieusement applaudi par la foule. Je n'avais pas de curiosité pour les personnalités qui sortaient de l'église, venus nombreuses parait-il. A peine ai-je vu Mireille Mathieu (?) que je suis parti! Je n'ai pu m'empécher de penser à Michel Serrault dont l'enterrement a été joyeux selon sa propre volonté, sûr qu'il irait tout droit au ciel, ou encore à la chanson de Georges Brassens : Quel temps fait-il Chez les gentils De l'au delà Les musiciens Ont-ils enfin Trouvé le la Et le p'tit bleu Est-c' que ça n' le Rend pas meilleur D'être servi Au sein des vi-gnes' du Seigneur.
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