Le Jeudi 6 février 2008, après 16 ans d'une longue attente douloureuse pour les familles, le Procès de l'hormone de croissance s'ouvre à Paris.
Sept prévenus, médecins et personnalités du monde médical, sont inculpés à divers titres pour s'être obtinés à poursuivre jusqu'en 1988 des traitements dont les risques encourus étaient signalés dès 1980 par le remarquable Professeur Montagnier, et confirmés ensuite dès 1985 aux Etats Unis par la mort de deux jeunes patients contaminés par l'hormorne de croissance humaine extraite de la glande hypophise.
Pendant des années, le secret médical a été opposé à des familles inquiètes qui maintenant douloureusement endeuillées par la mort de leurs enfants et proches attendent justice.
En tant que citoyens Français nous attendons, nous aussi en nous associant à ces familes meurtries, douloureusement éprouvées, que justice soit enfin rendue.
Ce vendredi matin en écoutant la radio, alors que mon article a déja été lu et publié hier, j'ajoute ce complément :j'apprends que l'un des accusés pour sa défense plaide qu'il est innocent, qu'il n'a voulu qu'aider à faire grandir des enfants qui rêvaient de devenir plus tard mannequins, hôtesse de l'air etc …
Quelle dérision, quel argument.! rappelons que certains des médecins à l'époque parlaient de traiter des enfants atteints d' un "handicap majeur" en aucun cas de satisfaire des rêves d'enfants.
ooOoo
« L’'affaire » de l'hormone de croissance contaminée a fait 109 morts en France depuis le début des années 1990.
Des enfants de petite taille s'étaient vu prescrire une hormone de croissance extraite d'hypophyses humaines. Selon l'accusation, ces risques étaient suffisamment connus* du monde médical pour justifier les accusations portées contre les sept prévenus.
Après 16 ans d'instruction, sept personnes sont jugées à Paris à partir du 6 février 2008 après une longue procédure qui a débuté le 24 décembre 1991 par une information judiciaire ouverte à Paris après la plainte des parents d'un enfant atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob à la suite d'un traitement à base d'hormone de croissance.
La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) a été transmise entre 1983 et 1986 par des injections d’hormones de croissance pour faire grandir les patients, souvent très jeunes, atteints de problèmes de croissance.
Ce bilan est provisoire puisque 800 personnes environ, maintenant adultes, ont été traitées entre 1983 et 1985. Les patients vivent donc avec la crainte que cette maladie se déclare un jour.
Historique :
En 1973 les professeurs Royer et Job, médecins pédiatres, créent l’association para-administrative France-Hypophyse, avec pour objectif d’organiser l’offre d’hormone de croissance, produit considéré à l’époque comme « miracle » pour des enfants menacés d’être de très petite taille.
Un des seuls moyens à l’époque était de prélever des extraits d’hypophyse (glande située à la base du cerveau) sur des cadavres, et d’en extraire des hormones de croissance.
L’association se charge de la collecte des hypophyses auprès des hôpitaux. L’extraction de l’hormone de croissance est confiée au laboratoire Uria de l’Institut Pasteur, dirigé par le biochimiste Fernand Dray. Enfin, la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris conditionne et distribue le produit final. Les médecins sont rassurants. En principe un produit labellisé Pasteur ne présente aucun risque, les médecins sont rassurants et les familles sont confiantes
Le scandale a éclaté en 1991, avec la plainte des parents du petit Yliassyl Benziane un enfant décédé de la MCJ, connue sous le nom de la "maladie de la vache folle".
Le 24 décembre 1991 : une information judiciaire est ouverte à Paris après la plainte des parents petits Yliassyl, décédé en 1991, atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob depuis 1989 à la suite d'un traitement à base d'hormone de croissance ;
A la suite de cette plainte, l’enquête judiciaire découvre de graves dysfonctionnements dans le contrôle médical des collectes par France Hypophyse.
Le 24 décembre 1992: l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) pointe un "grave dysfonctionnement du dispositif" de fabrication et de diffusion de l'hormone, ainsi que des "précautions manifestement insuffisantes" dans la collecte des hypophyses dont est extraite l'hormone.
Le 4 janvier 1993 : Jacques Dangoumau, ancien directeur de la pharmacie et du médicament du ministère de la Santé, est mis en examen.
Le 20 juillet 1993: Jean-Claude Job, président de France-Hypophyse (l'association qui collecte les hypophyses) et Fernand Dray, ancien responsable de l'extraction de l'hormone à l'Institut Pasteur, sont mis en examen pour "homicide involontaire" de même le 11 octobre Henri Cerceau, ancien directeur de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)
Le 15 jan 1997 : Henri Cerceau et Marc Mollet, autre cadre de la PCH, sont mis en examen pour empoisonnement. Ils n'auraient pas respecté la décision de désactivation systématique du virus prise en juin 1985 par France-Hypophyse, mais le 2 juillet 1998 la Cour de cassation jugeant que l'empoisonnement suppose la volonté de tuer, cette qualification est abandonnée.
En novembre 1999: nouvelle ouverture d'une information judiciaire pour "corruption". M. Dray aurait touché des commissions d'une société belge liée à l'achat de poudre d'hormone.
Le 17 novembre 2000 : Olivier Duplessis président de l'association française des Transfusés, Jeanne Goerrian (présidente de l'association des Victimes de l'Hormone de croissance (AVHC), Dominique et Eric Eboli , parents d'Arnaud, en phase terminale de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (MJC), Jean Duhamel frère de Laurence, décédée en février 2000 de la même maladie, déposent une plainte le 17 novembre 2000 pour "empoisonnement, homicides involontaires et mise en danger de la vie d'autrui" .
Le 8 août 2001: le Dr Micheline Gourmelen est mise en examen pour "homicide involontaire" dans le choix du traitement par l'hormone de croissance.
Le 23 sept 2003: la justice juge l'Institut Pasteur, extracteur de l'hormone dans l'hypophyse, civilement responsable de la maladie d'une patiente.
Le 7 juin 2004: Mise en examen de MM. Job, Dray, Cerceau, Mollet et Dangoumau pour tromperie et de cinq médecins collecteurs pour complicité.
Le 22 février 2007: Un an et demi après la fin de l'instruction, le parquet requiert le renvoi en correctionnelle de six des douze mis en examen, responsables de la collecte des hypophyses, de l'extraction, du conditionnement et de la diffusion du produit et requiert un non-lieu pour des médecins collecteurs de l'hypophyse et les auteurs présumés de délits financiers.
Le 6 avril 2007: la juge d'instruction, Marie-Odile Bertella-Geffroy, rend une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel pour les six personnes visées par le parquet, ainsi que pour le Dr Gourmelen.
Le 6 février 2008 : après 16 ans d'instruction, sept personnes sont jugées à Paris à partir du 6 février 2008.
Les faits :
La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) a été transmise entre 1983 et 1986 par des injections d’hormones de croissance pour faire grandir les patients, souvent très jeunes, atteints de problèmes de croissance.
Ce bilan est provisoire puisque 800 personnes environ, maintenant adultes, ont été traitées entre 1983 et 1985. Les patients vivent donc avec la crainte que cette maladie se déclare un jour.
En 1980, l'association France Hypophyse demande son avis au professeur Luc Montagnier, chef de l'unité d'oncologie virale à l'Institut Pasteur, qui conclut à l'existence d'un réel danger de contamination et propose d'éliminer les donneurs à risque.
Les avertissements du virologue Luc Montagnier, célèbre pour ses recherches sur le Sida, n’ont pas été suivis scrupuleusement. Il avait demandé dès 1980, dans une note, qu' "une attention particulière soit portée au danger de transmission de la MCJ" et préconisait aussi d'écarter certains donneurs d'hypophyse "à risque".
Son conseil a été délibérément contourné, avec la décision de trier les hypophyses en "saines, douteuses et contre-indiquées", mais avec ou par négligence les flacons sont souvent mélangés et les instructions ignorées.
(Le Professeur Luc Montagnier sera témoin au procès)
La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) a été transmise entre 1983 et 1986 par des injections d’hormones de croissance pour faire grandir les patients, souvent très jeunes, atteints de problèmes de croissance.
En 1984 et 1985 deux jeunes Américain atteint de la MCJ meurent, tous deux ont reçu, alors qu’ils étaient enfants, un traitement à base d’hormones de croissance et en 1985, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie notamment, arrêtent l'hormone de croissance extractive, au profit de celle de synthèse.
France Hypophyse décide de poursuivre l'hormone extractive en inactivant l'agent infectieux par un traitement à l'urée. Pour autant, l'association ne s'assure pas de la destruction des anciens lots.
Au fil des années les familles s’étaient inquiétées.
Mais chaque fois on les rassure formellement : le directeur de la Pharmacie adresse le 7 mai 1985, une note dans laquelle il affirme "La qualité du système mis au point en France, la nature des produits utilisés, les garanties offertes par leur contrôle, la gravité du handicap traité justifiaient de ne pas interrompre le très remarquable travail réalisé par l'association France-Hypophyse."
Trois ans plus tôt, en 1982, un rapport de l'IGAS avait cependant révélé que la collecte d'hypophyses dans les morgues ou les hôpitaux se faisait parfois « dans des conditions stupéfiantes »
France Hypophyse décide de poursuivre l'hormone extractive mais en inactivant l'agent infectieux par un traitement à l'urée. Pour autant, l'association ne s'assure pas de la destruction des anciens lots.
Nouvelle alerte, En 1985 deux jeunes Américains meurent des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, tous deux ont reçu, alors qu’ils étaient enfants, un traitement à base d’hormones de croissance et en 1985, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie notamment, arrêtent l'hormone de croissance extractive, au profit de celle de synthèse.
Mais France Hypophyse qui ne peut ignorer ce qui se passe à l’étranger, décide de poursuivre l'hormone extractive en inactivant l'agent infectieux par un traitement à l'urée. Pour autant, l'association ne s'assure pas de la destruction des anciens lots.
Et ce n’est qu’en avril 1988 seulement qu'est arrêté ce traitement par hormone d'extraction.
Selon l'accusation, ces risques étaient suffisamment connus du monde médical pour justifier les accusations portées contre les sept prévenus.
Parmi les sept accusés, se trouvent des médecins et des personnalités considérés à l’époque comme des sommités du monde médical, dont le Pr Jean-Claude Job, ex-président de France-Hypophyse, Jacques Dangoumau, directeur de la Pharmacie et du médicament ou Henri Cerceau, directeur de la pharmacie centrale de l'Assistance publique .
Ces sept médecins aujourd’hui sur le banc des accusés pour homicides involontaires et "tromperie aggravée" risquent cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende et devront s’expliquer.
Mme Goerrian, dénonce le « négationnisme » des médecins : "A la mort de mon fils Eric, je me suis retrouvée devant le déni des causes de sa mort, on me le tuait une deuxième fois".
Comme les familles, nous attentons les réponses des médecins à des accusations "d’homicide volontaire" et de « tromperie aggravée », dont tous, se disent innocents.
Presque tous faisaient partie de l’association France Hypophyse créée en 1973.
La France compte plus de la moitié des victimes recensées dans le monde;
Me François Honnorat, avocat de nombreuses parties civiles … a déclaré «Tout le système était gouverné par des médecins et chercheurs n’ayant absolument pas la culture du risque propre aux grands laboratoires industriels», affirme Me Honnorat.
Face aux risques encourus bien trop souvent, des médecins et des responsables trop confiants en leur savoir, sûrs de leur compétence, se lancent dans des avancées scientifiques non éprouvées et des pratiques hasardeusesen jouant les apprentis sorciers, en contournant délibérément les conseils avisés de Professeurs plus compétents qu'eux.
Ils ne pourront pas soutenir et prétendre qu’ils n’avaient pas été tenus au courant des risques encourus par cette pratique, puisque dès 1980, le remarquable Professeur Montagnier les avait FORMELLEMENT prévenus et que par la suite ils n’ont pas tenu compte que dès 1985 les Etats-Unis, La Grande Bretagne, Le Canada et l’Australie( suite à la mort de deux jeunes américains contaminé par la MJC) ont arrêté le traitement par hormone extractive au profit de celle de synthèse.