Hier, eut lieu un procès en diffamation intenté par le Comité des salines de France (CSF) contre un chercheur de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), et ce pour des propos remontant à 2006 : Pierre Meneton avait alors accusé le "très puissant lobby des producteurs de sel du secteur agroalimentaire" de "désinformation".
Le chercheur accuse l'excès de sel d'être responsable de 100 décès par jour, et le fameux lobby de quasiment contraindre la population à en absorber plus que nécessaire : en effet, le minimum vital est estimé à 0,5 grammes de sel par jour, l'apport idéal à 2 grammes ; or, l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) avait, en 2002, évalué à 8 à 10 grammes la consommation moyenne des Français. Et ce sel provient en grande majorité non pas du sel de table, mais des très nombreux produits alimentaires de grande consommation. Il suffit de regarder les étiquettes des emballages pour se rendre compte de l'omniprésence de ce sel dans notre alimentation, le pain en est un exemple typique.
Cette surconsommation s'explique par l'attirance qu'ont de nombreuses personnes pour la saveur salée, mais également par la nécessité de conservation des aliments.
Mise en cause essentiellement dans le cas de l'hypertension artérielle, qui touche jusqu'à un tiers de la population totale, pour laquelle est alors préconisé un régime hyposodé, la surconsommation de sel est également visée par de nombreuses études tendant à prouver sa nocivité non seulement sur les personnes hypertendues, mais aussi sur les normotendues.
Toutefois, ces études ne présentent pas un degré de certitude très élevé, notamment en raison de la difficulté à suivre au long cours la bonne observance d'un régime, chez les personnes suivies.
D'où la ligne d'attaque de Bernard Moinier, ancien délégué géléral du CSF : "Il n'y a pas de résultat utilisable pour justifier d'une politique de réduction sodée à l'échelle de toute la population".
En effet, l'organisme possèdant des mécanismes lui permettant d'éliminer le sel en excès, se pose alors la question de l'oeuf et la poule : est-ce une anomalie déjà présente qui déclenche une mauvaise équilibration sodée, ou bien est-ce l'excès de sel qui déstabilise le mécanisme ?
Alors, désinformation, diffamation ? Le tribunal correctionnel a mis son jugement en délibéré…