L’année 2007 s’achève par deux événements qui touchent essentiellement les jeunes.

D’une part la grève de la faim des trois enseignants contractuels qui ont été injustement remerciés malgré des notes pédagogiques satisfaisantes. D’autre part le procès des jeunes accusés d’être impliqués dans les événements de Slimane de décembre 2006 et janvier 2007.

Le déroulement de ce procès a été entaché de nombreuses irrégularités bâtonnier et l’ensemble des avocats et des accusés à quitter la salle d’audience. Le verdict a été extrêmement sévère avec notamment deux condamnations à mort. Le juge a systématiquement refusé de noter ou de laisser les accusés et les avocats parler de la torture subie d’une manière quasi systématique.

L’impression qui se dégage de ce procès est que l’état a voulu bâcler l’affaire rapidement sans permettre à l’opinion publique de connaître la réalité des faits et qu’elle est la nature et les objectifs du groupe à l’origine de cette action armée contre l’état.

Pourquoi ces jeunes qui n’ont pour la plupart pas vécu sous l’ancien régime décident de prendre les armes contre un régime qui se déclare fervent défenseur de la jeunesse.

Ces jeunes « enfants légitimes » de 20 ans d’absence de réelle démocratie, de liberté d’opinion, d’élections libres et transparentes n’ont trouvé de refuge que dans une idéologie passéiste mais porteuse de chimères tel que l’ont été les maoïstes des années 60-70.

Lutter contre le terrorisme a été l’argument majeur pour justifier l’éradication du mouvement Ennahdha au début des années 90. Actuellement la mouvance islamiste s’est nettement radicalisée aussi bien dans son discours que dans ses méthodes d’action et les nahdhaouis apparaissent comme des enfants de coeur devant la déferlante salafiste jihadiste.

La rupture actuelle entre la jeunesse et le régime est patente. Les jeunes sont tiraillés entre l’immigration légale ou clandestine, l’aventure jihadiste en Tunisie ou ailleurs et enfin le chômage qui alimente soit la délinquance soit les deux premières filières. Ceux qui y échappent et arrivent à trouver un travail restent aigris par un pouvoir d’achat de plus en plus érodé (même les classes moyennes comme les médecins lorgnent vers l’outre mer).

La responsabilité du pouvoir est lourde d’autant plus que nous allons vers des élections de 2009 dont les résultats sont déjà annoncés notamment pour les présidentielles.

L’échec de cette échéance marquera certainement un tournant dans le pays comme l’a été la falsification du scrutin de 1981 ouvrant la voie vers la déliquescence du pouvoir, la perte de sa crédibilité et peut être l’aventure…

Le mouvement démocratique se doit de débattre avec tout le sérieux et la profondeur que nécessite la situation. L’échéance de 2009 doit être conçue comme une vraie bataille politique pour laquelle la population se sentira engagée afin de mettre fin à un parlement de décor, une opposition administrative ou d’alibi et de prévoir un processus d’alternance au sommet pouvant redonner l’espoir au pays, à sa jeunesse et barrer véritablement la route à l’extrémisme.

Il s’agit d’une bataille démocratique qui doit dépasser les clivages idéologiques, organisationnels et de leadership.

L’année 2008 parait être la charnière entre les événements de Slimane et les élections de 2009 d’autant plus que sur le plan économique l’ouverture totale des frontières mettra en péril nos entreprises avec leur lot de licenciements et de chômage.

Le pouvoir doit se ressaisir en permettant une réelle ouverture par la liberté d’expression, d’association, par une refonte du système judiciaire basée sur son indépendance mais est-il en mesure ou disposé à le faire ? L’attitude vis-à-vis de la Ligue des droits de l’homme en sera l’indicateur.

Le mouvement démocratique large doit relever le défi et se rassembler pour être capable de créer les conditions du réveil de la société pouvant changer le rapport de force

Dr Khelil EZZAOUIA – Edito de « Mouwatinoun N° 43» – le 2 janvier 2008

L’année 2007 s’achève par deux événements qui touchent essentiellement les jeunes.

D’une part la grève de la faim des trois enseignants contractuels qui ont été injustement remerciés malgré des notes pédagogiques satisfaisantes. D’autre part le procès des jeunes accusés d’être impliqués dans les événements de Slimane de décembre 2006 et janvier 2007.

Le déroulement de ce procès a été entaché de nombreuses irrégularités bâtonnier et l’ensemble des avocats et des accusés à quitter la salle d’audience. Le verdict a été extrêmement sévère avec notamment deux condamnations à mort. Le juge a systématiquement refusé de noter ou de laisser les accusés et les avocats parler de la torture subie d’une manière quasi systématique.

L’impression qui se dégage de ce procès est que l’état a voulu bâcler l’affaire rapidement sans permettre à l’opinion publique de connaître la réalité des faits et qu’elle est la nature et les objectifs du groupe à l’origine de cette action armée contre l’état.

Pourquoi ces jeunes qui n’ont pour la plupart pas vécu sous l’ancien régime décident de prendre les armes contre un régime qui se déclare fervent défenseur de la jeunesse.

Ces jeunes « enfants légitimes » de 20 ans d’absence de réelle démocratie, de liberté d’opinion, d’élections libres et transparentes n’ont trouvé de refuge que dans une idéologie passéiste mais porteuse de chimères tel que l’ont été les maoïstes des années 60-70.

Lutter contre le terrorisme a été l’argument majeur pour justifier l’éradication du mouvement Ennahdha au début des années 90. Actuellement la mouvance islamiste s’est nettement radicalisée aussi bien dans son discours que dans ses méthodes d’action et les nahdhaouis apparaissent comme des enfants de coeur devant la déferlante salafiste jihadiste.

La rupture actuelle entre la jeunesse et le régime est patente. Les jeunes sont tiraillés entre l’immigration légale ou clandestine, l’aventure jihadiste en Tunisie ou ailleurs et enfin le chômage qui alimente soit la délinquance soit les deux premières filières. Ceux qui y échappent et arrivent à trouver un travail restent aigris par un pouvoir d’achat de plus en plus érodé (même les classes moyennes comme les médecins lorgnent vers l’outre mer).

La responsabilité du pouvoir est lourde d’autant plus que nous allons vers des élections de 2009 dont les résultats sont déjà annoncés notamment pour les présidentielles.

L’échec de cette échéance marquera certainement un tournant dans le pays comme l’a été la falsification du scrutin de 1981 ouvrant la voie vers la déliquescence du pouvoir, la perte de sa crédibilité et peut être l’aventure…

Le mouvement démocratique se doit de débattre avec tout le sérieux et la profondeur que nécessite la situation. L’échéance de 2009 doit être conçue comme une vraie bataille politique pour laquelle la population se sentira engagée afin de mettre fin à un parlement de décor, une opposition administrative ou d’alibi et de prévoir un processus d’alternance au sommet pouvant redonner l’espoir au pays, à sa jeunesse et barrer véritablement la route à l’extrémisme.

Il s’agit d’une bataille démocratique qui doit dépasser les clivages idéologiques, organisationnels et de leadership.

L’année 2008 parait être la charnière entre les événements de Slimane et les élections de 2009 d’autant plus que sur le plan économique l’ouverture totale des frontières mettra en péril nos entreprises avec leur lot de licenciements et de chômage.

Le pouvoir doit se ressaisir en permettant une réelle ouverture par la liberté d’expression, d’association, par une refonte du système judiciaire basée sur son indépendance mais est-il en mesure ou disposé à le faire ? L’attitude vis-à-vis de la Ligue des droits de l’homme en sera l’indicateur.

Le mouvement démocratique large doit relever le défi et se rassembler pour être capable de créer les conditions du réveil de la société pouvant changer le rapport de force

Dr Khelil EZZAOUIA – Edito de « Mouwatinoun N° 43» – le 2 janvier 2008

Lire la suite sur: http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2008/01/08/2008-annee-charniere-vers.html.