Ils sont plusieurs milliers de personnes dans la rues, certains brandissent des sabres tandis que la foule scande à l'exécution pour l'institutrice Gillian Gibbons qui avait cru user de pédagogie avec ses élèves de 6/7 ans, en leur permettant de nommer un nounours "Mohamed" pour une leçon sur les animaux et leur élevage. Arrêtée et  jugée, elle risquait 15 jours de prison, une amende et quarante coups de fouets, mais la peine n'a aboutit qu'à 15 jours de prison et à son expulsion, ce qui est trop peu pour la foule réunit dans les rues.
Et cette foule est d'autant plus virulente, que les prêcheurs en ce jour de prière, le vendredi, ont déclaré que l'institutrice avait agi intentionnellement, un religieux s'est exclamé "C'est une femme arrogante qui est venue dans notre pays pour toucher son salaire en dollars et enseigner la haine de notre prophète Mahomet", les autorités, qui ne tolèrent pas habituellement ce type de réunion dans Khartoum, laissent faire, les autorités judiciaires avaient par ailleurs fortement critiqué la clémence du tribunal. Dans les rues les slogans demandent à "punir par balles ceux qui insultent le prophète", "Pas de tolérance, exécution", "Tuez-la, Tuez-la au poteau d'exécution!". C'est la secrétaire de l'école dans laquelle l'institutrice travaillait qui a porté plainte, relayé par les parents d'élèves, dont l'un, prénommé Mohamed, avait eu le désir que le nounours porte le même prénom que lui.

Les autorités du pays n'ont pas communiqué sur l'endroit où l'institutrice britannique est détenue, et si elles ont tenu à l'écart les manifestants, elles ont permis à l'un d'entre eux d'aller remettre une lettre de protestation à l'ambassade britanique. Le défilé à certains moments semble avoir pris des allures de guerre contre l'occident, à en croire certains slogans, qui promettaient "la victoire des armées de Mohamed" sur l'occident, en référence à une bataille ancienne contre les juifs en Arabie, et un journaliste a été protégé de la foule par les services d'ordre. De fait, ce sentiment anti-occidentale est entretenu par le pouvoir, dans sa gestion de la crise du Darfour en opposition à l'occident et notamment aux Etats-Unis.
C'est certainement ce qui ressort du discours modéré de Tarik Ramadan, dans son article "Autour de la triste histoire de Madame Gillian Gibbon…", dans lequel il appelle à la libération de l'institutrice: "Tout se passe comme si l'enseignante est devenue le moyen à travers lequel un gouvernement montre son attachement à l'islam et par lequel quelques musulmans expriment leur colère vis-à-vis de l'Occident.(…) Cela a à voir avec un jeu malsain de politique intérieure et internationale destiné à mobiliser l'émotion populaire au prix sacrifié de la dignité et de l'intégrité d'une femme."
Un récit de la manifestation se trouve sur france 24