Dans mon coin de 9cube, nous sommes nombreux mobilisés pour dire NON au terrifiant projet de la mairie de saint-Ouen.

Le schéma directeur du futur quartier Docks de Saint-Ouen n’est en effet pas celui d’un « éco-quartier durable » comme « vendu » dans les plaquettes de la mairie actuellement, mais celui d’un « ghetto durable ».

Construire 14 tours de 13 à 16 étages, au pied d’un incinérateur de déchets sur d’anciens terrains pollués par un siècle d’industrialisation massive (pyralène, hydrocarbures, amiante…), afin d’y loger une population parisienne défavorisée (location sociale attribuée et gérée par Ville de Paris), c’est prendre le risque de construire un ghetto durable en limite de 3 quartiers déjà défavorisés, tels le Vieux Saint-Ouen (80% de logements sociaux), Cité Marcel Paul Ile-Saint-Denis, Cité Arago RERC C Saint-Ouen.

Sur les terrains des Docks, les 10 Ha appartenant à la ville de Paris, accueilleront 3 200 logements sociaux, dans des tours de 50 mètres de haut. Des logements attribués et gérés par la Ville de Paris, comme au "bon vieux temps" des 4 000 de La Courneuve ou des Courtillères à Pantin.

En plein débat sur le Grand Paris et la réforme des collectivités territoriales, se joue donc également un autre combat : celui d’habitants, de responsables associatifs, d’élus de gauche comme de droite, qui ne veulent plus que leur ville soit l’arrière cour de la Capitale, mais aussi des autres banlieues.
Ces autres banlieues, qui au mépris du pacte républicain, ne respectent pas la loi SRU sur les 20 % de logements sociaux et freinent le 9-3 dans sa capacité à devenir un exemple de réussite de la diversité sociale !


Docks2.jpegQui, à part les plus démunis, chassés de Paris par Paris, acceptera de vivre dans de telles conditions ?
14 tours sur socle (nouveau nom des célèbres dalles des années 70…), avec tous les risques sanitaires liés à plus d’un siècle de pollution des sols par l’industrialisation massive (pyralène, amiante, hydrocarbures….) de cette ex-friche industrielle, aux fumées de l’incinérateur, ainsi qu’à la vision de cet abominable insecte de fer ?

Et oui, chez les "pauvres du 93", l’incinérateur ne sera pas entouré de bureaux en circuit d’air fermé, comme à Issy les Moulineaux (chez les riches du 92), où le Conseil Municipal a demandé à ce qu’aucune habitations ne soit construites autour de l’incinérateur, enterré et recouvert de verdure.

Jusqu’il y a peu (cf. mes chroniques ici, ), je faisais le rêve d’un Grand Paris au service du mieux vivre, par le rééquilibrage des territoires, pour amener la mixité sociale, là où il n’y en pas ou plus (cf. chronique là).
Mais sans la compensation de la perte future de la taxe professionnelle (plus de 60% des recettes de Saint-Ouen), avec à peine 30% de la population imposable et 20% de propriétaires occupants, comment Saint-Ouen et ses 43 000 habitants (hors Docks) pourra-t-elle s’en sortir, si le seul foncier disponible (les 100 Ha des Docks dont 33 Ha constructibles hors incinérateur et usine CPCU) sont transformés en bombe urbaine à retardement ?

Comble de l’ironie, est sorti cette semaine le Monopoly version 9-3.
Le jeu de société le plus connu dans le monde, symbole du capitalisme et de la spéculation immobilière, interdit dans de nombreux pays communistes, dont la 1ère version russe n’est sortie qu’en 1989, existe désormais en version "banlieues rouges".

Les émergences, nom pudiquement donné par les archtectes-urbanistes, qui ne résideront jamais dans leurs tours de 52 mètres avec vue imprenable sur l’usine des poubelles des Docks, les émergences donc ne sont (pas encore) achetables sur le Monopoly de la Seine-Saint-Denis…

Image 1.pngSalle Barbara, demain soir à partir de 19h à Saint-Ouen, promis L’Aigle noir ne nous laissera pas seul avec notre chagrin urbain.
Vous, vous qui avez lu cet article, vous savez ! Et demain à nos enfants, vos enfants, à celles et ceux qui ne veulent plus des Cités ghettos (cf. chronique fusillade st-Ouen) vous pourrez dire : Non, non nous ne voulons pas être responsables et coupables d’un crime urbain et donc social.

La Banlieue, le Grand Paris, doit avoir un visage urbain et humain. Sinon, il ne sera ni grand, ni juste, ni capital. Mais juste un Yalta territorial de plus ! (cf. chronique là).
De tous les côtés du périf, mobilisons-nous pour demander un nouveau schéma directeur d’aménagement des Docks de Saint-Ouen, avec un appel à concours, pour challenger créativité et habitabilité, afin que chacun dispose du droit le plus élémentaire à vivre dignement, qu’il soit propriétaie ou locataire d’un logement social, intra ou extra périféérique…

Je, nous, ils comptons sur vous !

© rédactionnel
Valérie Bernard pour chroniquesmabanlieue.com


Pour aller plus loin :

L’association citoyenne pour la qualité de vie à Saint-ouen (ACQSO.org) s’oppose au projet ZAC des Docks (friche industrielle 100 Ha en bord de Seine, à mi-chemin de La Défense et Roissy, aux portes de Paris), tel qu’il est actuellement défini et géré par la ville de Saint-Ouen avec ses partenaires : ville de Paris, Région île-de-France et État français.


Docks3.jpegLe schéma directeur du futur quartier Docks de Saint-Ouen n’est pas celui d’un « éco-quartier durable » comme « vendu » actuellement, mais celui d’un « ghetto durable ».

Accepteriez-vous de vivre et faire grandir votre famille dans ce quartier ?