Cette brave Laurence Parisot va encore tomber des nues. S'offusquer. Appeler ses ouailles les patrons à la modération. La nouvelle tombe quelques jours après que la présidente du MEDEF a proposé, la bouche en coeur, de reculer l'âge du départ en retraite des salariés à 63,5 ans : "C'est le seul scénario qui permette en 2020 de retrouver un équilibre financier", a-t-elle soupiré. Pardon ? Augmenter les cotisations des entreprises, taxer les stock-options ? Vous n'y pensez pas ! Les salariés doivent comprendre qu'il est inévitable qu'ils consentent des sacrifices, au nom de la sainte compétitivité. Pareil lorsqu'on réclame des augmentations de salaires : vous voulez étrangler les entreprises ou quoi ? Mais tenir constamment un tel discours devient délicat chaque fois qu'est mis en lumière l'exemple venu d'en haut.

C'est le cas avec la publication par L'Expansion des revenus en 2007 des patrons du CAC 40. L'article commence par l'avertissement suivant : "Attention, les rémunérations ici révélées sont susceptibles de heurter la sensibilité d’un public non averti." Vous êtes prêt ? "Pour la première fois, L’Expansion a cumulé le salaire de base, le bonus, le gain encaissé sur les stock-options, les dividendes perçus et même les jetons de présence dans les autres grands conseils d’administration. En bas de cette longue colonne de chiffres, un total record pour les 40 patrons : 161 millions d’euros en 2007, contre 102 millions en 2006. Le gain moyen par tête atteint 4 millions et provient pour une part des profits réalisés en levant leurs stock-options. Les trois premiers du CAC 40 en ont tiré l’essentiel de leurs revenus en 2007 : Pierre Verluca (Vallourec) avec 18 millions d’euros, Gérard Mestrallet (Suez) avec 15 millions et Xavier Huillard (Vinci) avec 13 millions. Des gains à faire hurler les salariés à la fiche de paie désespérément stable et au pouvoir d’achat en berne."

Au total, les rémunérations des patrons du CAC 40 ont augmenté en 2007 de 58%. Ce n'est pas la crise pour tout le monde. Nicolas Cori, le journaliste de Libération, publie le Top 10 sur son blog :

Pierre_Verluca1. Pierre Verluca (photo ci-contre), Vallourec : 18,12 millions (+2312%)

2. Gérard Mestrallet, Suez : 15,54 millions (+364%)

3. Xavier Huillard, Vinci : 13,10 millions (+552%)

4. Henri Proglio, Veolia Environnement : 7,33 millions (+207%)

5. Henri de Castries, Axa : 5,53 millions (+22%)

6. Jean-Bernard Lévy, Vivendi : 5,42 millions (+129%)

7. Daniel Bouton Société générale : 5,24 millions (–52%)*

8. Jean-Paul Agon, L’Oréal : 5,03 millions (+27%)

9. Martin Bouygues, Bouygues : 4,99 millions (+69%) (hors dividendes)

10. Benoît Potier, Air liquide : 4,37 millions (+52%)"

Laissons la conclusion à un commentateur du site de L'Expansion, qui signe Karolus : "Heureusement que le bouclier fiscal limitera l'insupportable pression fiscale pesant sur ces vaillants chevaliers de la France qui se lève tôt et qui veut gagner plus" !

* A propos de la Société générale, lire : Bourse, mensonge et monopoly.