50 nuances de Grey : le retour en force de la littérature érotique

 Passionné de lecture depuis ma plus tendre enfance, je viens à l’instant de terminer le premier tome du célèbre best-seller qui a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois : 50 nuances de Grey. Ce dernier narre l’histoire d’une jeune femme innocente et naïve qui tombe amoureuse d’un homme riche et puissant et obsédé par le contrôle. Ce dernier l’initiera à la sexualité la plus extrême et la plus débridée et lui dévoilera l’étendue de sa perversion sado-masochiste.

Quel est mon opinion au terme de la lecture de cet ouvrage ? Je dirai sans mauvais jeu de mot que je suis nuancé. J’ai dévoré ce livre avec une aisance toute particulière tant j’étais curieux de voir jusqu’ou Grey emmènerait l’héroïne dans ses désirs sexuels. Ceci dit, il ne s’agit nullement de grande littérature. On lit l’ouvrage avec plaisir mais sans être touché par les qualités littéraires de son auteur. Le succès du livre peut s’expliquer, selon moi, par un pari gagnant de l’auteur : celui tout d’abord d’avoir su proposer une histoire vécue à travers les yeux de l’héroïne (cette dernière raconte l’ensemble de son histoire à la première personne). On retrouve ce mécanisme également dans d’autres best-sellers typiquement féminins tels que le journal de Bridget Jones ou le diable s’habille en Prada.

En  lisant 50 nuances de Grey, on ne peut que se dire que le livre a été écrit par une femme et pour les femmes. Il en résulte, pour la lectrice, une possibilité d’identification importante.

Autre point fort qui constitue toujours à mon avis l’une des raisons du succès du livre, celui d’avoir défriché un pan entier de la littérature, insuffisamment exploitée à mon goût, à savoir la littérature érotique.

Il s’agit d’un genre sous-exploité selon moi mais au potentiel imaginatif extraordinaire. Lire un bon livre érotique peut avoir des vertus aphrodisiaques encore plus efficaces que la vision d’un film pornographique. A ce sujet, si j’ai aimé lire les 50 nunances de Grey (qui, au passage, est une trilogie dont je ne tarderai pas à lire les volumes 2 et 3), je vous conseille néanmoins un autre ouvrage qui est d’un niveau qualitatif autrement supérieur.

Il s’agit de La vie sexuelle de Catherine M., écrit par Catherine Millet. Ce livre est une sorte d’autobiographie, ou plutôt d’une sexographie. L’auteur, Catherine Millet, est une célébrité dans le monde des critiques d’art. Elle a pris la décision courageuse de raconter, comme le nom du livre le laisse entendre, sa vie sexuelle. Petite précision : Cette dernière a pratiqué, durant sa vie, la sexualité la plus libre qui soit, ayant essayé toutes les pratiques imaginables. A travers les pages de son livre, on y découvre sa participation à des partouzes, à des situations extrêmement crues ou aucun détail n’est épargné, les plus beaux comme les plus sinistres. Ce livre aurait pu facilement tomber dans le sensationnel, la simple description sexuelle à outrance sans aucun génie mais là où le livre m’a ébloui, c’est dans son écriture. Catherine Millet se révèle un auteur d’une excellence rare, capable de décrire et de philosopher sur les situations les plus bestiales. On ressort de la lecture de cet ouvrage avec  le sentiment d’avoir exploré un monde inconnu, effrayant autant que fascinant. C’est un livre que je conseille vivement à ceux qui lisent cet article.

La littérature érotique serait-elle revenue en force ? Difficile de le savoir tant les 50 nuances de Grey demeure un coup d’essai qui mérite d’être confirmé par la suite par d’autres romans du même genre. Stieg Larson avec sa trilogie Millenium avait redonné vie au polar partout dans le monde. 50 nuances de Grey fera-t-il de même avec l’érotisme à la condition que la qualité littéraire soit au rendez-vous ? Affaire à suivre ….