Sur l’avant-scène des volcans les plus dangereux au monde, le volcan indonésien Merapi est l’un des plus redoutables. Le 26 Octobre 2010, il a exercé sa force sous la forme éruptive de nuées ardentes, très dangereuses pour les populations limitrophes à l’édifice, qui ont entrainé, dans la mort, trois cent quarante sept personnes et laissé deux cent mille personnes sans abri, en raison du refus d’ordre d’évacuation auquel la population avait apposé son véto. Les sauveteurs se sont trouvés confrontés à des scènes spectaculaires à bien des égards similaires à celles représentées, par des moulages en plâtre, à Pompéi, seuls témoins de la célèbre et terrible éruption du Vésuve, en 79.
De ce point de vue, le colosse javanais, – la montagne de feu -, se manifestant toujours par des phénomènes éruptifs pliniens et sub-pliniens, semble être une réplique asiatique du volcan napolitain Somma, – le Somma, vestige de l’ancien édifice détruit par l’éruption de 79, entourant partiellement l’actuel cône du Vésuve -, car de nombreux habitants ont été surpris, dans leur sommeil, par des flux pyroclastiques atteignant des températures et des vitesses très élevées, et des coulées de boues. Lors de cette éruption, des victimes ont même été découvertes, à environ 20 kilomètres du cratère sommital, dans le village d’Argomulyo.
Pour le Merapi, le processus éruptif est explosif et se caractérise, dans sa phase initiale, par la formation d’un dôme de lave suivie d’une colonne éruptive de gaz et de cendres s’élevant à une hauteur oscillant entre 800 et 7.000 mètres d’altitude au dessus de la zone sommitale. Une séquence de nuées ardentes, de flux pyroclastiques et de coulées de boue se propagent, généralement, sur les flancs du volcan. Cette typologie éruptive est récurrente dans le volcan Merapi alimenté par un magma dacitique très visqueux où l’activité effusive, coulées de lave et formation de dômes alternent avec des nuées de gaz et de cendres brulants dévastatrices qui se propagent radialement par rapport au cratère. Une éruption analogue s’est produite, en 1902, sur la Montagne Pelée sur l’île de Martinique, dans les Antilles françaises, entraînant la destruction totale de la ville de Saint-Pierre et la mort de ses 30.000 habitants.
Le lundi 22 Juillet 2013, entre 04 h 22 et 05 h 35 heure locale, le volcan Merapi s’est manifesté par une activité explosive modérée. Il a craché un panache de gaz et des cendres, de couleur marron-noir, haut d’environ 1.000 mètres, et a forcé des centaines de personnes des villages de Kemalang, versant Sud-Est, à une petite dizaine de kilomètre du sommet, et de Jrakah, au pieds du versant Nord, entre Merbabu et Merapi, à fuir leurs habitations et à se réfugier à Bawuka. Le bruit de l’explosion a été entendu à 30 kilomètres de l’édifice volcanique. Bien que des chutes de cendres, durant plusieurs heures, ont été recensées jusqu’à 14 kilomètres de distance, dans les villages de Klaten, au Sud-Est, et de Sleman, au Sud-Ouest. une éruption, proprement dite, coulée de lave ou flux pyroclastique, n’a pas eu lieu.
Toute activité ayant cessé en cours de l’après midi du 22 Juillet 2012, le niveau d’alerte du volcan n’a pas été modifié et la plupart des personnes évacuées ont pu regagner leurs foyers. « Ce n’était pas une éruption, juste le glissement, vers le bas, depuis le sommet du volcan, de matière volcanique », a précisé Agus Hendratno, géologue et professeur à l’Université Gadjah Mada de Yogyakarta. De fait, nous pouvons interpréter cet épisode comme un processus commun dans lequel une partie de lave formant le dôme sommital s’est effondrée et à libéré de la cendre et des matériaux volcaniques.
Une surveillance a été mise en place afin d’évaluer si l’activité pourrait présager une éruption prochaine de lave sur le Merapi, voire des nuées ardentes et des coulées de boues chaudes qui menacerait des millions de personnes vivant dans la région et la ville de Yogyakarta située à environ 25 kilomètres au Nord du colosse.
29 Juillet 2013 © Raymond Matabosch