2015…

Après les festivités, les bulles et les pétards, après les «bonne année !» d’après minuit et la foi en des lendemains rieurs , à peine les rois tirés, viennent les Kalachnikovs, les tirs groupés sur les rois de la rigolade, les bulles éclatées en rouge sang, l’arrêt sur image et les espérances avortées, l’horreur  en plein cœur,  le recueillement pour panser la liberté lacérée. La Liberté de penser, de dire, d’écrire, de dessiner, d’être soi-même. La liberté tout court, la liberté chérie….

Sur les écrans passent en boucle des visages assassinés, des sols ensanglantés, des gyrophares allumés, des yeux hagards devant des scènes de cauchemar, des infos confirmées, bien loin des racontars, et puis des brassards et des brancards. La boucle est-elle bouclée ? Quid de ce traquenard ?

Les brillantes couronnes de l’Epiphanie, fête censée évoquer la « manifestation de Dieu » se sont muées en couronnes de fleurs pour ceux qui sont tombés. Tombés sous des balles sifflant : « Dieu est le plus grand ».

Les crayons ont du mal à dessiner. Cassées, les mines, cassé, le moral.  Cassées aussi la vitrine d’une épicerie, parce que des croyances à deux balles sifflotent qu’il faut décimer les Juifs.

Les rues impétueuses sont devenues silencieuses. Les places sont autant de refuges où se recueillir et réaliser. Réaliser qu’on n’a pas rêvé, qu’on a bien lu, bien vu, et bien entendu. Réalisé que c’est arrivé et qu’on n’est pas passé loin. Réalisé qu’on a mal et qu’on est en train de chialer. Que le ver est dans la pomme et creuse son sillon dans notre cher hexagone. Et ce ver mine !

2015 est déjà triste. 2015 sera longue.

2015 sera. Alors, ne nous taillons pas, faisons bloc et taillons un costard aux assaillants ! Taillons nos crayons bien pointus et dessinons… Dessinons des moutons, osons des jurons quitte à piquer des fards. Usons de nos plumes légères pour combattre les armes lourdes. Piquons la curiosité, suscitons le respect !

Tout le monde est Charlie : c’est écrit blanc sur noir sur une pancarte portée bien haut comme un signe de ralliement toute autour d’une mappemonde qui ne va pas s’arrêter de tourner.  Une identité commune pour une cause commune. Parce que faut pas charrier. Parce que faut pas faire chier.