Pourquoi dit-on qu’il y a 40 ans aujourd’hui alors que c’est le 21 juillet que cela s’est passé (heure européenne) ?

 

Dans le cadre de chantiers de jeunes, d’échanges entre étudiants et ouvriers français et tchèques (Les compagnons bâtisseurs) nous étions une quinzaine de français à 70 kilomètres de Prague, dans un camp international de jeunes (« Juniorcamp ») lorsque le premier homme a marché sur la Lune. Il y avait des jeunes et moins jeunes (entre 18 et 30 ans) de toutes sortes de nationalités : Allemagne de l’Est, Allemagne de l’Ouest, Danemark, Yougoslavie, Algérie, Roumanie, Vietnam du Nord, Polonais, Hongrois, Italiens, entre autres, principalement des jeunes de pays socialistes (Les clubs Léo Lagrange pour la France).

 

Le lundi 21 juillet 1969 à 2H56 UTC (20 juillet à 21H56 à Houston) lors de l’atterrissage de la capsule Apollo sur la lune, dans le cadre de la mission Apollo 11. Ce jour là, après le dîner, tout le camp se réunit devant la télévision pour voir le premier homme marcher sur la lune. Il était vingt deux heures lorsque la capsule s’apprêtait à alunir avec trois Américains à bord : Armstrong, Aldrin et Collins. L’attention était proportionnelle au silence qui régnait dans la salle de télévision. La tension fut à son comble lorsque Neil Armstrong ouvrit le sas pour sortir. Les regards figés de mes camarades comme momifiés convergeaient vers la silhouette du premier humain à fouler le sol lunaire. L’instant fut historique lorsque Armstrong posa le pied sur le satellite de la terre. Mais nous n’eûmes pas le temps de savourer ce moment grandiose et inoubliable car l’image disparut soudain de l’écran et la télévision tchèque nous diffusa les images d’un documentaire.

 

Le lendemain les conversations allaient bon train. Nous étions persuadés que l’affront avait été tel, pour la recherche spatiale et l’honneur du bloc soviétique, que les responsables du Parti avaient intimé l’ordre à la télévision qui n’était pas encore mise au pas d’arrêter la retransmission. Nous ne saurons jamais si cela fut le fruit du hasard, le fait d’un simple décrochage ou si ce fut l’objet d’un acte volontaire et prémédité. La déception se hissa à la hauteur de l’événement en nous confortant dans l’idée que la liberté était confisquée pour un bon bout de temps par « la clique des renégats révisionnistes soviétiques » (comme titrait régulièrement à l’époque, le Quotidien du peuple, l’organe du Parti communiste chinois).