mais 24 c’est trop.

 

Un drame qui nous touche tous, il s’agit bien sur de France Télécom, le 24ème suicide vient de survenir à Alby-sur-Chéran en Haute Savoie, l’homme de 51 ans s’est jeté d’un pont de l’autoroute A1 et c’est le père de deux enfants. Dans sa voiture, il a laissé une lettre pour son épouse invoquant sa souffrance dans le contexte professionnel a précisé le procureur de la République Philippe Drouet. Entendue par les gendarmes, son épouse a expliqué au procureur de la République que son époux était dépressif depuis plusieurs mois. Ce suicide est le 24ème depuis février 2008, que se passe-t-il donc à France Télécom ?

D’après ce que l’on peut lire dans la presse, c’est une phase de restructuration des cadres qui provoquerait le stress du personnel d’encadrement et 22.000 personnes auraient déjà quitté l’entreprise. Le PDG de cette entreprise de 102.000 salariés à certainement des consignes visant à dégraisser le personnel en supprimant des postes et en envoyant aux quatre coins de la France le personnel dont on veut se débarrasser et qui se trouve soit dans l’obligation de démissionner, soit d’accepter la mutation en sacrifiant sa situation familiale. C’est vouloir appliquer la politique Américaine de mobilité qui consiste déplacer le personnel dans ses différentes structures réparties sur l’ensemble du pays. D’ailleurs les Américains cultivés à cette politique, vivent bien souvent en mobile home et ne s’établissant définitivement qu’à la retraite. Seulement ce n’est pas notre culture, latins que nous sommes, nous n’acceptons pas d’être des gens du voyage. Dans cette entreprise la période de mutation serait de trois années, c’est  donc très difficile a accepter, comment construire une famille dans ces conditions ?

Oh ! J’ai bien connu cette politique, et je comprends que lorsque l’on est dans une société depuis plusieurs dizaines d’années avec des avantages liés et se croyant à l’abri espérant y rester jusqu’à la retraite, puisque société d’État, la politique des entreprises privées qui n’hésitent pas à vous «balancer» ailleurs sans ménagement, à prendre ou à laisser, le personnel concerné subit donc un choc psychologique, et l’angoisse de devoir quitter sa famille, et ne sachant quelle sera sa situation dans la nouvelle structure, le mine et finalement le détruit. Il est bien évident que le PDG Didier Lombard applique les consignes du gouvernement, réduire le personnel et advienne que pourra, ce n’est pas de sa propre initiative que cette restructuration d’ampleur est effectuée, c’est une action bien trop grave pour qu’il en soit le responsable, il exécute.

De plus, il est aussi évident que France Télécom se trouve contraint de modifier sa structure pour faire face à l’évolution des nouvelles technologies, et pour lesquelles il faut s’adapter eu égard à la concurrence. C’est en cela que la demande de l’opposition de démissionner le PDG est inopportune, il n’y est pour rien dans la mesure où il met en œuvre un ensemble de conditions sociales pour rendre plus «douce» cette restructuration. Il est probablement affecté par cette vague de suicides sans précédent dans une entreprise en si peu de temps. Or Didier Lombard s’est engagé le 15 septembre a rendre plus «humaines» les méthodes de gestion pour enrayer la spirale des suicides, c’est donc qu’elles ne l’étaient pas, ou pas comme il convient. Des médecins du travail ont été mobilisés et une centaine d’employés dédiés au problème ont été recrutés. Un numéro d’appel d’urgence a été mis en service pour les employés ayant besoin d’une assistance psychologique.

L’affaire se déplace sur les bancs de l’Assemblée nationale c’est tout à fait logique, c’est le rôle des députés de poser des questions au gouvernement. On ne peut tolérer dans une entreprise d’État que 24 suicides en 18 mois puissent ne pas être débattus dans l’hémicycle. Les députés socialistes et communistes ont donc demandé l’ouverture d’une commission d’enquête, ce qui est leur rôle. En se retirant de l’entreprise pour ne détenir que 23 % du capital, l’État à largement contribué à cette vague de suicides, il est donc responsable implicitement. Non seulement cette politique de droite est génératrice de misère mais en plus elle fait des suicides.

Il y a donc un problème de gestion de la part des dirigeants de France Télécom, ont-ils pris conscience du problème suffisamment tôt, ou bien encouragés comme on le voit par les députés de l’UMP ont persévérés dans cette politique espérant qu’elle finirait par mettre fin à ces suicides. En fait non, dépassées par son ampleur, les mutations périodiques tri-annuelles de mobilité des cadres ont donc été suspendues a annoncé lundi 29/09/09 le PDG, trop tard puisqu’il faut 24 morts pour prendre des mesures contre ce drame.

Le PDG Didier Lombard très soutenu par l’UMP à été chargé de mettre en œuvre cette politique, il est bien évident qu’il y porte une large responsabilité, dans sa mise en œuvre seulement, pas dans la définition des objectifs ou c’est le gouvernement qui est de seul responsable. Dans ce cadre, les délégués syndicaux ont annoncés le dépôt d’une plante contre X pour mise en danger de la vie d’autrui, c’est de leur responsabilité, et c’est à la suite de la décision d’un comité d’entreprise d’hygiène de sécurité et des conditions de travail, CHSCT, extraordinaire qui devrait se tenir dans les prochains jours à Lyon.

Or le gouvernement met en avant la visite du PDG Didier Lombard sur le site du groupe en Haute Savoie ou il s’est fait huer par son personnel. Cela signifierait-il que c’est sa première visite sur le site depuis cette vague de suicides ? Invraisemblable !

«Le management de la terreur, c’est fini».

Dans le même temps, quelque 500 personnes ont manifesté à Lyon devant la direction territoriale de France Télécom. A l’appel de l’intersyndicale, les manifestants, qui regroupaient essentiellement des salariés de l’entreprise de tous âges et de toutes catégories, se sont rassemblés dès 12H00 près de l’entrée principale où était accrochée une banderole indiquant «le management de la terreur, c’est fini». «Dans chaque service, les salariés doivent s’opposer au harcèlement, au dénigrement, à tout ce qui nous paraît anormal. Quand on voit un collègue harcelé, on doit être là», a déclaré au mégaphone Franck Chareyre, du syndicat Sud. «La direction connaît les deux raisons principales de la souffrance au travail, la mobilité imposée et les objectifs personnels puisqu’elle les a suspendus à Annecy», a ajouté Didier Guthmann de la CGT avant de recevoir les applaudissements nourris de l’assistance.

La question que l’on est en droit de se poser est de savoir si, dans le contrat de ces employés n’est pas clairement mentionnée l’obligation de devoir travailler sur les sites de France Télécom, c’est à dire que le lieu de travail n’y figure pas ! Si tel est le cas, juridiquement ces salariés sont en faute et leur licenciement est la conséquence de se refus. Dans le secteur privé ou j’ai fait ma carrière c’est automatique, mais cette automaticité dépend de la pression du personnel qui, dans le cas présent, puisque massique et appliquée trop brutalement la rend inapplicable. Il y a donc grave faute de management, et le PDG doit être sanctionné.