une vraie bombe sociale.

 

Un million de chômeurs seront en fin de droits à l’assurance chômage au cours de l’année 2010 selon les prévisions du pôle emploi. Un peu plus d’un tiers de ces chômeurs seulement devraient bénéficier de la solidarité nationale. L’éligibilité à l’allocation spécifique de solidarité, ASS, comme au revenu de solidarité active, RSA, est en effet soumise aux conditions de ressources du foyer et non de l’individu.

Les autres devront donc compter sur la solidarité familiale. Tel est le triste état de notre société.

La CGT, qui demande de prolonger la durée d’indemnisation conduirait à une dépense de 1,342 milliards d’euros si l’allongement était de trois mois de plus de façon dégressive. Une bricole dans notre situation de dette abyssale, et seulement pour trois mois de plus d’allocations !

Une situation angoissante et ubuesque qui nous montre une fois de plus que la modification des conditions de l’assurance chômage conduisant aux allocations pour raison d’économie budgétaire et de soulagements de charges pour les entreprises n’ont conduit à rien d’autre que de la misère sociale puisque les entreprises n’embauchent pas pour autant. Le gouvernement comme d’habitude renvoi le problème entre les partenaires sociaux patronat et syndicats, au sein de l’Unédic, une façon de ne pas assurer ses responsabilités après avoir tout modifié en faisant fi des conséquences.

De plus, FO et la CGT réclament une sur-cotisation à l’assurance-chômage pour les entreprises recourant à l’intérim et aux CDD. «Si l’entreprise fait le choix de la flexibilité, il faut en payer le prix car cela coûte à la collectivité. Il y a des jeunes qui reviennent tout le temps au chômage, sous l’effet de contrats courts, et se retrouvent plus rapidement en fin de droits», explique le syndicaliste Maurad Rabhi. Mais la flexibilité est justement réclamée pour plus de souplesse afin de ne payer les salariés que pour un travail donné, et s’il n’y a pas de travail pouvoir s’en séparer, logique en terme de productivité. Cela devient donc un problème de solidarité nationale.

Il n’y a pas si longtemps, avant les réformes et la crise, on trouvait le marché de l’emploi pas assez flexible, cela a toujours été le leitmotiv du patronat. Les réformes ont donc privilégié, les allégements de charges, et les contrats à durée déterminée. Les critères d’octroi des aides sociales ont été durcis de même que l’indemnisation du chômage. La durée de cette indemnisation est désormais proportionnelle à la durée de cotisation, donc aux nombres d’heures travaillées avant l’inscription à Pôle emploi. Non sans effets, avant la crise, près des trois quarts des créations d’emplois étaient des CDD. Ils représentaient 11 % du total des emplois en France, au nom de la flexibilité. Ce sont donc ces salariés qui sont directement les plus touchés puisque ayant le moins travaillé. Les petits boulots par ci par là qui ne constituent pas une durée de travail suffisante pour vivre décemment, mais qui, de plus, réduit la période d’allocation puisque ce sont eux qui épuisent le plus rapidement leurs droits. Elle est devenue proportionnelle à la durée de cotisation. La précarité engendre la précarité

On voit bien dans cette nouvelle gestion des chômeurs la cruauté de cette réglementation. On sait bien que le marché du travail est quasi nul, pour ne pas dire nul, donc pas de possibilité d’en trouver, et malgré cela on rend proportionnel la durée d’indemnisation du chômage à celle de la durée du travail. En terme comptable on peut l’admettre, mais en termes d’humanité et de solidarité c’est, ne pas se soucier des conséquences humaines.

Cela fait que 600.000 chômeurs ne bénéficieront d’aucune aide sociale.

Lors du sommet social du 15/02/10 à l’Elysée entre les partenaires sociaux sur l’agenda social et la question des retraites, la CFDT insistera sur les «réponses d’urgences» qui soutiennent la société et l’économie Françaises. Pour répondre à l’afflux des demandeurs d’emploi, Pôle emploi doit embaucher en contrats à durée indéterminée car «on sait qu’on va être sur plusieurs années de chômage de masse». Ce serait un frein à la flexibilité.

Pour les chômeurs en fin de droits, il faut, selon François Chérèque, élargir les aides et assouplir l’entrée dans l’allocation de solidarité spécifique, à laquelle la majorité n’aura pas droit. Il faut aussi leur ouvrir l’accès à une mutuelle, dans les mêmes conditions que les allocataires du revenu de solidarité active, RSA, et reconduire le dispositif d’allocation équivalence retraite pour les travailleurs les plus âgés. Pour les ménages modestes, il faut poursuivre les aides décidées l’an dernier, suppression d’une partie de l’impôt sur le revenu, prime aux chômeurs non indemnisés et distribution de chèques service. Comme 18% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté et que seuls 3% peuvent prétendre au RSA, il faut ouvrir ce dispositif à l’ensemble des jeunes précaires, a-t-il poursuivi.

Nous dirigeons donc vers une société d’assistés ce qu’a toujours combattu la droite sur le motif que ces chômeurs préféraient toucher les allocations chômage que de travailler, des plaies pour la société et des fainéants. Elle se trouve maintenant confrontée à sa politique après avoir appliqué son dogme, la réduction des impôts et l’aide aux entreprises sans contre partie, elle va être obligée d’appliquer le dogme de gauche c’est à dire l’aide aux plus défavorisés, en d’autres termes, manger son chapeau. Cette situation ne peut être qu’explosive, on ne peut laisser 600.000 chômeurs sans aucune ressource, il va donc bien falloir payer, c’est à dire augmenter notre dette.

Les syndicats en appellent à la «solidarité nationale», c’est-à-dire aux caisses de l’État. Le patronat ne fera pas un geste et l’État sera bien contraint de faire face à la situation. Cela bien entendu va à l’encontre de la volonté de stopper la dérive des dépenses publiques. Or l’État a consacré en 2009 près de 40 milliards d’euros au sauvetage des banques, au plan de relance, ainsi qu’à des subventions diverses et variées aux entreprises en difficulté, comme la prime à la casse pour l’automobile, sans compter la TVA sur la restauration qui est une infamie et le flop de la vaccination de la grippe A(H1N1), et j’en passe.

Après avoir aidé les banques et les entreprises à passer le cap de la crise, les banques se sont refait une santé sur le dos des Français, il ne serait pas injuste d’aider les chômeurs à surmonter ses conséquences sociales de la politique désastreuse du gouvernement, et là, il faudrait que l’opposition rue dans les brancards.