Un beau dimanche, le film de Nicole Garcia

Le film de Nicole Garcia, un beau dimanche aurait bien pu s’appeler, "famille, je te hais" ! C’est l’histoire de Baptiste, (Pierre Rochefort) un jeune instituteur vacataire dans le sud de la France ; son attachement inconditionnel à une certaine forme de liberté serait la raison du choix de ce statut précaire. 

Très impliqué dans l’enseignement de ses élèves, Baptiste n’hésite pas à proposer à un parent, désinvolte et brutal à la fois, de prendre en charge son fils pendant le week-end de la Pentecôte ; aveuglément confiant, le père ne se fait pas prier et accepte de se débarrasser de son encombrant Mathias ! 

Taciturne, solitaire, l’enseignant à l’air ténébreux nous surjoue la carte du mystère si bien que durant les premières longues minutes, le film tourne plutôt à vide et l’ennui se met de la partie. La rencontre avec Sandra, (Louise Bourgouin), la mère de l’enfant, viendra un peu débloquer la situation. 

Serveuse dans un restaurant en bord de mer, indisponible pour son petit Mathias,  Sandra entretient des relations avec un monde assez louche : elle est victime d’agressions récurrentes pour n’avoir pu s’acquitter jusque là d’une dette de 50000 euros et ses créanciers finissent par lui fixer un ultimatum. 

Il n’en faudra pas plus pour sortir Baptiste l’altruiste de son hermétique carapace afin de voler au secours de sa toute nouvelle connaissance. Et c’est illico direction le giron familial de Baptiste le looser, accompagné de Sandra,  non mieux lotie et de Mathias. 

C’est une véritable merveille nichée au cœur du sud-ouest qui abrite la famille. Comme on est dans l’excès depuis le début du film, là Nicole Garcia n’y va toujours pas de main morte pour nous signifier que les racines de l ’égarement de l’enseignant résident dans ce lieu porteur des symboles extrêmes de la réussite sociale. Entre cet infortuné de revenant « mal accompagné »et les membres de sa famille, le décalage aussi bien dans la forme que dans le fond est de taille. 

Et en ce dimanche de Pentecôte où ultra-bourgeois et moins que smicards sont amenés à cohabiter dans ce lieu paradisiaque, le temps de quelques heures, le courant ne passera pas : deux mondes qui se détestent et se méprisent mutuellement, les premiers par snobisme et les seconds par jalousie… 

Nicole Garcia dans sa vision manichéenne du monde a réussi toutefois à truffer son film de clichés jusqu’à le confiner dans une sacrée caricature ! Entre les dialogues qui sont lassants, le message désuet à faire passer, le film s’avère indigeste, à mon goût.  

Un film qui semble sorti tout droit du passé, de ces années où les discours de cette teneur pouvaient encore exercer un certain attrait sur des cerveaux sous l‘emprise d‘éducation rigide. En cette ère du numérique marquée par la déliquescence de l’autorité, comme par une farouche envie d’un retour vers des valeurs traditionnelles, la fable de Baptiste ( Pierre Rochefort qui plus est le fils de Nicole Garcia et de Jean Rochefort), qui nous fait la fine bouche en crachant sur son héritage culturel et matériel alors qu’il est dans la galère, ne peut plus faire d’émules. 

Toutes les performances de certains acteurs, la beauté vertigineuse du sable, de la mer, des vagues, des paysages de ce sud de la France s’avèrent malheureusement insuffisantes pour  faire un  film intéressant… 

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2 réflexions sur « Un beau dimanche, le film de Nicole Garcia »

  1. Merci Coquelicot pour cette critique qui vaut pour sa sincérité tout autant (si ce n’est plus, c’est mon avis) que celles étrangement dithyrambiques qui jonchent les feuilles de choux habituelles.

  2. Merci Zelectron ! Nicole Garcia a mis l’accent sur la dimension esthétique en nous faisant une piètre apologie de la « simplicité » pour ne pas dire autre chose.
    (j’adore la simplicité).

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