L’abolition du registre des armes à feu

Un sujet fait beaucoup jaser depuis les derniers jours, au Canada, je parle bien sûr du projet de loi C-19 qui a pour but d’abolir le registre canadien des armes à feu. Cependant il n’y a pas beaucoup de questions à se poser quant aux possibilités de voir passer cette loi, car depuis les dernières élections fédérales le gouvernement conservateur est majoritaire donc, en d’autres mots, ils peuvent faire ce qu’ils veulent.

Les avis sont différents d’un bout à l’autre du Canada.  Pour commencer, il serait intéressant d’expliquer en quoi consistait ce registre instauré en 1995 par l’équipe de Jean Chrétien. Cette technique est principalement une base de données regroupant toute les armes du Canada dans le but de les retracer plus facilement. La principale cause de ce registre est lorsqu’un homme a ouvert le feu sur 28 personnes, pendant la tuerie de l’École polytechnique de Montréal. Après cette loi, toutes personnes possédant une arme devaient absolument l’enregistrer dans ce registre car ils pouvaient faire face à une accusation de possession illégale d’arme et faire jusqu’à 10 ans de prison. Le côté négatif de cette technique est bien sûr le coût de 4 millions par année.  Le gouvernement s’explique avec des raisons monétaires et les principaux intervenants disent même que ce registre était inutile pour le pays. Ce n’est pas la première fois que ce gouvernement essaie d’abolir cette technique, le 22 septembre 2010 un vote a eu lieu à la rentrée parlementaire à Ottawa pour l’abolition de cette même loi cependant, le registre est resté en place grâce aux 2 votes qui ont séparé les pours et les contres. Maintenant que leur gouvernement est majoritaire plus rien ne peut les arrêter pour effectuer ce changement majeur au travail policier. Pourquoi le travail policier? C’est simple, avant chaque intervention dans un domicile, les policiers effectuaient une vérification à ce registre par protection. C’est normal de penser que s’il y a de la violence conjugale et qu’il y a 2 armes enregistrées à cette adresse, les chances sont plus élevées de voir un homicide et donc, la préparation est différente du côté policier. Même du côté des enquêtes, le travail sera difficile car les armes ne seront plus associées à un nom ou à une adresse.  La députée néo-démocrate Françoise Boivin a bien résumé les faits : «C’est simplement dire au Québec : On s’en fout du Registre. Nous [les conservateurs], on l’aime pas et si on s’en sert pas, il y a personne qui va s’en servir.» C’est bien vrai, plus personne ne pourra s’en servir, car les archives de ce registre seront détruites. Pour les provinces comme le Québec et l’Île-du-Prince-Édouard, cette nouvelle est encore plus alarmante étant donné que ces gouvernements provinciaux étudiaient la possibilité de faire un registre semblable mais seulement pour leur territoire afin de remplacer le registre actuel. Sans ces archives, créer un nouveau registre en recommençant à zéro coûterait beaucoup plus cher et certainement trop pour ces provinces.  Bien sûr ce registre coûte très cher par année, mais est-ce que ça ne vaut pas la peine si c’est pour sauver quelques vies et retracer quelques meurtriers? Moi je crois que oui, et un effort minimum devrait être fait en laissant au moins la possibilité aux provinces de faire leur propre registre en partant des archives du registre détruit.