Ecrire une nouvelle fantastique

Détrompez-vous, écrire une nouvelle fantastique n’est pas une mince affaire. Zoom sur le pourquoi du comment… 

Wikipedia définit la nouvelle comme un récit court, longue d’un paragraphe à son origine. Elle pouvait ainsi apparaître dans des journaux, en plus des habituels recueils. 
Elle est apparue au Moyen-Âge. 

Lorsque le surnaturel s’introduit dans la réalité, nous pouvons parler de fantastique. Des faits inexpliqués apparaissent, mais demeurent théoriquement explicables de par la nature du texte.

Qui et quoi 

Choisissez d’abord votre personnage et votre thème fantastique. Notez que la condition-même de votre héros peut être le thème de votre récit. 
Pour ce qui est des thèmes, le choix est vaste : 
* le fantôme ; 
* le magicien (ou le sorcier) ; 
* le vampire ; 
* le döppleganger (ou double) ; 
* le monstre ; 
* l’ange ; 
* la Mort ; 
* le diable en personne ; 
* et bien d’autres encore… 

Comment

Établissez votre scénario selon le plan suivant (pas obligatoire, cependant) : 
* L’introduction : Vous plantez le cadre de votre récit (château hanté, marécages, vieille maison abandonnée, que sais-je encore !). Attention, l’histoire commence ici. Ne négligez aucun détail. Jouez sur l’esthétique et l’aspect surréaliste ; 
* L’élément déclencheur : Votre héros reçoit un avertissement mais l’ignore, ce qui donne lieu à une transgression ; 
* La conclusion : Tout (ou presque) réside dans la chute. Une nouvelle fantastique doit présenter une fin ouverte ! Le lecteur doit hésiter entre deux interrogations. Il n’y a pas d’interprétation claire, nette, et précise. Tâchez de susciter l’angoisse, l’ambiguïté, le malaise chez le lecteur. 
La fin d’une nouvelle fantastique en est la clef. 

 

La construction de votre protagoniste

 

Homme, femme, jeune ou d’un âge certain, le protagoniste d’une nouvelle fantastique présente quelques caractéristiques, dont la première, la banalité. Gardez toujours à l’esprit qu’un texte fantastique est une succession d’éléments surnaturels s’introduisant dans la réalité. Essayez de faire en sorte que le lecteur s’identifie à votre héros/héroïne.

Votre personnage doit se sentir déchiré entre ses convictions rationnelles et ce qui se produit sous son nez. S’il croit dur comme fer que les fantômes n’existent pas, mettez-le face à l’apparition de l’un d’entre eux !

Plus il avance dans l’histoire, plus il doit perdre le contrôle sur lui-même et être pris dans une spirale infernale. Il ne doit pas rester maître de la situation. La situation s’envenime, se referme autour de lui, rendant vains ses efforts pour que tout s’arrange.

 

Le choix du narrateur

Le narrateur est celui qui raconte l’histoire.

Récits à la troisième se distinguent de ceux à la première personne.

* Troisième personne : Le narrateur est omniscient et suit passivement les péripéties de votre protagoniste. Il raconte au lecteur, le récit n’a aucune incidence sur sa narration ni sur lui-même.

* Première personne : Votre héros est également le narrateur. Notez que ce choix limite parfois fortement les possibilités d’exploration du phénomène. Si X et Y se retrouvent séparés dans un château hanté, X, qui est le narrateur, ne peut pas raconter ce qu’il advient d’Y à l’autre bout du bâtiment. Mais en ce sens, tout est possible. De cette limite nait le mystère.

 

La construction du récit

Quatre options se présentent à vous. A vous de voir de quelle manière vous souhaitez rythmer votre texte.

* En gradation : Il s’agit de la structure la plus fréquente du récit fantastique. L’histoire s’achève au paroxysme de l’aventure.

* En ligne brisée : Cette structure est également courante. Elle consiste à laisser les éléments surnaturels survenir à intervalles réguliers.

* En accent circonflexe : L’élément surnaturel se place au centre de l’histoire.

* En enchâssement (le récit dans le récit) : L’histoire prend la forme d’une aventure racontée au cours d’une veillée, dans un journal intime…

 

Ecrire, décrire

Qu’importe le phénomène, il n’est pas nommable. Souvenez-vous Stephen King et son roman Ça. Il peut s’agir d’une « chose », d’une « créature », d’un « on », exemple parfait pour souligner le caractère flou des faits.

Il vous faut laisser subtilement monter l’angoisse. Décrivez de façon claire et détournée à la fois. Mission impossible ? Pas si vous suivez ces quelques trucs et astuces.

Décrivez les faits, détaillez, peaufinez. N’hésitez pas à user d’adjectifs qualificatifs, sans toutefois en faire trop, bien sûr.

Jouez sur les sensations de vos personnages (votre personnage s’il est aussi narrateur). « On aurait dit que… », « il semblait que… », « c’était comme si… » vous aideront à semer le trouble dans l’esprit du lecteur, qui cherchera forcément à se faire une idée de la « chose » en question.

Vous pouvez également opter pour la description négative, à savoir que le narrateur peut indiquer qu’il est incapable de décrire, auquel cas vous laisserez volontairement le lecteur dans le brouillard.

Il vous est en ce sens possible de ne jamais décrire ledit phénomène. Vous le laissez alors dans l’ombre. Jamais il n’agira en pleine lumière. Il fait nuit, ou noir, le jour se lève ou se couche. Tout est fait pour ne pas décrire la « chose ». Elle est là, votre protagoniste le sait, le lecteur aussi, mais vous jouez sur les effets produits sur votre héros.

Usez et abusez parfois des cinq sens.Trop d’auteurs ne se focalisent malheureusement que sur la vue ou l’ouïe. N’oubliez pas que le toucher est intéressant à exploiter (frôlements, courants d’air…). Idem pour l’odorat (odeur de soufre ou, plus finement, celle de la peur…). Le vocabulaire français dispose de suffisamment de ressources pour agrémenter votre texte. Peur, regard, psychologie, comparaisons, périphrases… Piochez dans ce qui vous semble le plus adapté à votre fiction, à votre atmosphère. La ponctuation et la syntaxe se révéleront aussi être de précieux alliés.

 

Vous avez à présent toutes les clefs en mains pour écrire un premier jet de nouvelle fantastique efficace.