Cocorico : la France « dorée » et « argentée » au baby-foot

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L’équipe de France féminine de balle au pied de table a éliminé sa concurrente britannique en finale (3-0) et l’équipe masculine ne s’est inclinée que devant celle des États-Unis (3-0 aussi) au championnat du monde qui s’est déroulé ce dimanche 10 janvier 2009 à Nantes (Loire-Atlantique). La Fédération française de football de table en a profité pour réclamer des pouvoirs publics une reconnaissance officielle et… des aides et des fonds. Bref, ayant déjà de l’or et de l’argent en poche, il leur en faut davantage !

 

Pourquoi tout salir, et faire de tout une histoire de sous ? Allez, bravo les filles, bravo les gars, c’est à la force des poignets que vous avez hissé la France sur le podium du bébé-balle au pied mondial ! Il y avait 40 pays présents selon l’agence Reuters, 32 selon Ouest-France, mais on ne va pas s’attarder à des pareils détails. L’important, c’est de participer… Notons que les Belges (hommes, au fait, on dit quoi pour les femmes, les gentilées belges ?) avaient été éliminés en demi-finale en dépit du talent de leur champion, Frédéric Collignon. La Fédération internationale compte 60 pays (aucun bus de joueurs n’ayant été agressé, on considérera que certains n’avaient pu se qualifier), et la française recense 38 clubs.
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Le Nantais Farid Lounas, président de la Fédé française, en a profité pour réclamer des subventions et des éducateurs, comme pour les fédés de billard ou de fléchettes. Et entend porter l’affaire devant les tribunaux administratifs, pour discrimination. En fait, Rama Yade considère que le baby-foot relève de Martin Hirsch et ce dernier renvoie indéfiniment la baballe à Rama. Faire du tennis de table (ping côté Rama, pong côté Martin) avec les mômes du poignet d’acier, ce n’est pas bien, du tout, du tout !

À Belfort, au Pays de Franche Comté, j’avais tenté de tenir une chronique qui se voulait humoristique intitulée « La Chronique à crocs ». Croyez-moi, c’est du boulot, et je n’étais pas si drôle tout les jours. Mais j’estime que mon « Éloge, défense & illustration du flipper » (en bon français : pin-ball machine, en bon québécois : billard électrique) mériterait la relecture s’il n’était enfoui sous des tonnes d’archives. Il existe des championnats de billard électrique, notamment en Allemagne, pays étrange dont l’opinion, en raison des déficits budgétaires, réfute les baisses d’impôts. Je ne sais s’ils sont subventionnés. Ce que j’avais écrit alors, circa 1980, c’est que la joueuse, le joueur de billard électrique était fier de s’adonner à une activité qui générait de réels revenus pour l’État. En revanche, je m’étonnais qu’au maire, adjoint ou conseiller municipal ne venait jamais inaugurer solenellement une nouvelle machine en présence de la fanfare municipale et d’un officier des pompiers. Nous puons le pâté, ou quoi ? D’un autre côté, nous nous passons fort bien de ces mondanités. Certes, en ces temps d’économies d’énergie, on pourrait imaginer des machines à éoliennes ou capteurs solaires, mais nous restons largement en-deça de l’illumination des stades de balle au pied qui coûtent une fortune à entretenir, ce qui est l’apanage, directement ou via des montages financiers à trois bandes, au final, des contribuables.

Il ne m’est non plus jamais venu à l’idée de faire payer les spectateurs fascinés par mes fourchettes, mes déhanchements, mon staccato pour tirer un max de points des champignons (en français : bumpers), et pourtant… Mon fameux coup de paume pour faire passer la balle d’un flipper (québécois idem) à l’autre sans l’actionner est pourtant légendaire. Mes débuts, au bar de la Lorette chantée par Delpech, à vingt ronds la partie, avaient pourtant été poussifs. Je tiltais bien plus que je ne claquais des grats’. L’abandon de la coupe « à la Beatles » améliora mes résultats. Le billard électrique, autant qu’une école (buissonnière) de vie, est question de mental et de condition physique. De concentration de même, bien sûr (merci d’éteindre vos téléphones portables quand j’officie).

C’est un sport qui demanderait une harmonisation internationale. En effet, on joue à trois boules consécutives en France depuis belle lurette quand les États-Unis s’en tiennent aux cinq des puristes. De plus, en France, les réglages sont vicieux, voire carrément viciés et se munir de ronds de bière et d’un niveau à bulles est indispensable si l’entraînement se fait chez un limonadier. C’est un facteur d’intégration important. En effet, hormis dans les cafés kabyles ou asiatiques, où trouver encore une machine dans les grandes villes françaises ? Cela n’en favorise pas moins le brassage des populations. J’estime d’ailleurs que tant le Haut Commissariat à la Jeunesse que le futur secrétariat d’État à la Qualité de la Vie des Seniors devraient en tenir autant compte que le ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire.

J’ajoutais dans ma chronique que, question coopération, nationale ou internationale, et solidarité, celles unissant les joueurs était exemplaire. En effet, pour ne pas pénaliser les suivants, il n’est pas indiqué de pousser son record au-delà d’un minimum de points d’écart avec le suivant. Plus votre record grimpe, plus le résultat vous gratifiant d’une partie supplémentaire gracieuse est important. C’est un parfait apprentissage de la modération. Bref, sans entrer dans les arcanes du billard électrique et de ses vertus éducatives, j’estime que ses rudiments devraient être enseignés dans les écoles dès le plus tendre âge. Quitte à reléguer dans les caves quelques pistes de football de table. Eh, je n’ai rien contre le boulier à l’école primaire, mais on a depuis équipé les établissements d’ordinateurs, non ?

Certes, Winston Churchill avait raison : « no sport ! » est un bon précepte de longévité. Les médecins du sport déplorent autant de tendinites du poignet chez les pratiquants de ce noble art que chez ceux qui s’adonnent à la balle au pied de table. En toute chose, il faut de la modération. Mais quand on sait à quel point les sportives et sportifs de haut niveau d’autres disciplines finissent, l’âge venant, par creuser le déficit de la Sécurité sociale, d’utiles comparaisons gagnent à être établies.

Williams, Gottlieb, Bally, Stern… Theatre of Magic, Twilight Zone, Tales of the Arabian, Monster Bash, Medieval Madness… Sans oublier Attack from Mars II… Ah, laissez-nous rêver. Non point de médailles de la Jeunesse et des Sports, de subventions, de postes d’entraîneurs, sélectionneurs, d’agents, d’entrées en bourse, mais de poésie, d’univers imaginaires, de bielles et plongeurs, de fourreaux de bobines, de cache flasheur dôme bleu twist, de CPU PI-80/X4… Mais brisons-là, je vais me recueillir et méditer pour me mettre en condition. L’Internet Pinball Database est notre Saint Livre, mais c’est d’abord un cheminement spirituel intérieur qui est requis. Alors, vous savez, la politique, la finance… Que le chant du Biri-biri résonne à vos oreilles et qu’oncques le tilt ne les chagrine !

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !