De la nécessité d’un éclairage public intelligent

Gouffre financier et énergétique pour les collectivités, l’éclairage public a grand besoin d’être entièrement rénové. Il fait d’ailleurs partie des priorités des smart cities ou villes intelligentes et différentes actions sont déjà mises en place pour l’éclairage public de demain.

C’est au XVIIe siècle que s’organise le premier réseau d’éclairage des rues dans les grandes villes. Des lampes à gaz du XIXe siècle à celles munies de LED des années 2000, bien du chemin aura été parcouru. A des fins utiles : l’éclairage public, qu’il concerne celui des rues, des monuments ou des routes et autoroutes, est indispensable. Il permet de réduire les accidents de la circulation de 30 à 40% et les effractions et actes de vandalisme de moitié et met en valeur notre patrimoine. Mais il est également une grande source de gaspillage économique et énergétique.

Un constat alarmant concernant l’éclairage public

A ce jour, on compte près de 9,5 millions de points lumineux dans toute la France, mais ils sont obsolètes en grande partie : près de 40% des installations ont plus de 25 ans ; les lampes anciennes sont énergivores (un tiers sont encore à vapeur de mercure, peu efficaces et retirées du marché depuis avril 2015, avec une obligation de les remplacer jusqu’en 2025) ; elles consomment 85 000 tonnes de CO2 par an ; enfin, les dépenses pour l’éclairage urbain coûtent près de deux milliards d’euros chaque année, dont la moitié, rien que pour des services de maintenance, contre seulement un quart pour le renouvellement du parc. Ainsi, selon leur taille, la consommation d’électricité pour les villes et villages, est comprise entre 38 et 50%, rien que pour l’éclairage public.
Cette accumulation de lumières artificielles génèrent également d’autres inconvénients : une pollution lumineuse, néfaste pour les végétaux, les animaux (oiseaux migrateurs désorientés, cycle biologique perturbé) et même pour les humains. Or, à l’automne 2016, l’Association Française de l’Eclairage estimait que « l’éclairage pouvait être un levier de financement pour réaliser des économies » et évaluait que ces économies d’énergies pouvaient être de l’ordre de 40 à 70%. Une position appuyée par l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). Encore faut-il s’en donner les moyens, à l’heure où la France a proclamé sa loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte en août 2015, avec une estimation de réduction de 20% de notre consommation d’énergie.

Un éclairage public de plus en plus intelligent

L’avenir des lampes des éclairages publics est porté par la révolution LED, ces ampoules peu énergivores et qui réduisent de fait la pollution lumineuse. Elles remplacent ainsi peu à peu les ampoules à sodium : à puissance égale, elles consomment dix fois moins qu’elles et durent au moins douze fois plus longtemps. Paris en a fait l’expérience sur une partie de son parc. Résultats : en 2016, la ville avait diminué sa consommation d’électricité concernant l’éclairage de 21% par rapport à 2004. Ainsi, de nombreux autres villes ou territoires français ont adopté les LEDs : l’île de Sein l’a même fait sur l’intégralité de son parc (une première nationale), la ville de Bouillante en Guadeloupe a financé ce changement grâce au crowfunding et certaines localités de Corse et de la Réunion sont même allées plus loin, avec des tests d’Indicateurs Lumineux de défaut, qui permettent de déterminer les pannes à distance.

Car nous sommes désormais à l’ère des smart cities ou villes intelligentes et le parc d’éclairage public doit se diriger dans cette même direction. On installe ainsi, comme à Besançon, des régulateurs de tension (une baisse de 50% de consommation ainsi chaque nuit) ou la création de gestions centralisées pour des luminaires qui se déclenchent en cas de passage de véhicules ou de piétons, grâce à des contrôleurs intégrés à chaque lampadaire. On peut aussi modifier leur intensité en un seul clic ou par une application sur tablette ou smartphone, en fonction de l’intensité du trafic autoroutier, par exemple. On parle ainsi de digitalisation de l’éclairage public qui permet de restreindre les pertes énergétiques. Et cette télégestion permet d’éviter de déplacer des camions nacelles dédiés aux réparations, coûteux et polluants, la durée de vie des équipements étant plus facilement estimée et anticipée. Ces changements coûtant relativement chers, les communes couplent l’installation de LEDs avec des contrôleurs intelligents, afin de générer quelques économies supplémentaires, puisque chacun de ces outils permet une réduction de 30% d’électricité.

Plusieurs sociétés se sont ainsi lancées dans ces nouvelles technologies, comme Lucibel qui se spécialise dans les LEDs ou EDF qui a créé sa filiale Citelum, pour rénover et maintenir l’éclairage public des villes, non seulement en France, mais aussi dans le monde entier, comme dernièrement à Mexico pour un contrat de 130 millions d’euros. Car c’est désormais tout le service de la lumière qui est à vendre. L’éclairage public intelligent est plus qu’une avancée énergétique : c’est aussi une nouvelle manne économique.