Les rayons de la mort



L ‘été approche, la météo ensoleillée de ces derniers jours n’en sont que des doux prémices. Les nuages, les pluies et les basses températures du début du mois ont été chassés pour notre plus grand bonheur. On a troqué la polaire et l’écharpe nouée autour du cou pour des vêtements plus légers et les lunettes de soleil. Sur les côtés sablées, les vacanciers aiment s’exhiber, montrer leur ventre bedonnant ou leurs muscles saillants. Il faut s’y préparer et revêtir un teint halé durement gagné, tout au long de l’année, par des séances d’UV. Les bras ressemblant à des blancs de poulet suscitent des regards moqueurs, le mieux c’est de s’en soustraire. Attention toutefois, les Ultra violets artificiels nuisent à la santé !

 

 

C’est du moins ce qu’affirme le très sérieux Institut de Veille Sanitaire dans son bulletin hebdomadaire épidémiologique. Les cabines de bronzage seraient responsables chaque année entre 19 et 76 morts. Un chiffre pouvant paraître faible, mais tout de même assez conséquent pour provoquer une polémique. D’autant plus que, dans les projections de l’Institut, dans les 30 prochaines années, si rien n’est fait pour enrailler la mécanique, le nombre de morts pourrait atteindre les 2300 victimes. Une étude américaine avait déjà, il y a quelques années, jugé dangereux le fait de s’allonger dans ces cercueils équipés de néons.

 

 

Les effets peuvent être nocifs pour la santé. L’exposition aux rayons peuvent engendrer des mélanomes, des carcinomes, des épirdermoïdes, des décollements de rétines, des cataractes ou encore des brûlures du 1er et 2ème degrés. Bref, un joli lot d’inconvénients que l’on ne souhaiterait pas recevoir lorsque l’on désire juste satisfaire une envie narcissique d’avoir en permanence la peau bronzée malgré l’alternance des saisons. Un fait est alarmant, le nombre de cancer de la peau, dont le mélanome est une espèce, la plus difficile à traiter, est en constante augmentation depuis 10 ans, son nombre a doublé entre 2001 et 2011.

 

 

En réponse à cette accusation, le Syndicat National des Professionnels du Bronzage en Cabine (SNPBC) a sorti l’argument d’un manque de cohérence entre la localisation des cancers détectés et celle des cabines de bronzage, en résumer, là où des personnes ont déclaré des cancers, il n’y a pas, ou peu, de cabines.

 

 

L’IVS a préconisé une multitude de nouvelles précautions à respecter pour éviter tout péril. Les personnes sensibles, c’est à dire, peau claire, blondes ou rousses, doivent limiter leur fréquentation de ce type de centre. L’utilisation ne doit pas excéder 7 passages par an, cependant ce seuil de tolérance est souvent dépassé, certains aficionados y vont 1 fois par mois, voire au delà. L’organisme joue la carte de la prévoyance et mobilise les médecins dans une vaste campagne de dépistage. Comme pour tous les cancers, s’il est détecté à temps, la guérison est facilitée et la tumeur est plus facile à tuer. Les centres de bronzages doivent s’équiper de lunettes de protections et le personnel accueillant disposé d’une meilleure qualification. Les sites mettant en ligne l’achat de cabine doivent être plus vigilants sur l’identité de leur acheteur. Finalement, comme un uppercut en pleine figure, l’Institut conclut sur l’inutilité des UV des cabines, signifiant, en filigrane, que la fermeture de ces centres serait une bonne chose. Le Brésil est l’Australie ont déjà suivi cette voie. En France, on dénombre près de 18000 cabines utilisées en grande majorité par les femmes de 24 à 56 ans.

 

 

En outre, les compagnies irradiant leurs clients par des rayons nocifs, usent de mensonges pour attiser l’envie d’avoir une peau plaqué bronze. Elles affirment que les UV préparent la peau pour l’été et les rayons naturels du soleil, ce qui est complètement faux et rend encore plus dangereux l’exposition quand viennent les beaux jours. Les utilisateurs se sentant parés, oublient les précautions nécessaires telle que la crème solaire. Une deuxième de leur affirmation est fausse, les UV des cabines n’agissent en rien dans la production de vitamine D, une substance organique générée par le soleil.

 

 

Pour finir, on peut méditer sur cette phrase intelligemment prononcée par une médecin de l’Institut : « Le bronzage, c’est comme le bon vin, si on boit un verre par jour, on est en pleine forme, si on en boit 3 litres, c’est la cirrhose » . Une belle métaphore pleine de sens.