THIERS et ses couteaux (suite)

 D'un morceau de corne le cacheur avait fait un superbe manche, la corne ramollie dans l'eau bouillante avait été redressée, taillée. Le monteur ,par un mouvement régulier de son archet avait donné la vitesse nécessaire à la pointe pour percer et ajuster le manche . Le polisseur avait achevé le travail en polissant la lame avec une frotte à main. Un travail difficile ,fatiguant que l'arrivée de l'électricité ne rendra guère plus aisée , parce que c'est l'époque aussi où l'on veut vendre beaucoup et pas cher.

En 1883, les emouleurs ,créeront la première corporation, sorte de société de secours mutuel , transformée en 1900 en syndicat. Il y aura le syndicat des polisseurs, celui des forgerons…autant de métiers que de syndicats et puis en 1936 tous les syndicats feront une grève. 8000 ouvriers cesseront le travail. De cette mobilisation ils obtiendront des salaires officiels dont voici quelques chiffres
14 15 ANS 1F50
15 17 2F
POLISSEUR 4 à 5 F ….

Le couteau du marin français a suivi le même chemin de fabrication que des milliers d'autres depuis 300 ans .Il aurait pu partir pour la turquie , à Damas peut etre , là où l'on a decouvert l'art de la lame damasquinée.

Il aurait pu se retrouver dans une des vitrines du musée de la coutellerie à Thiers , cotoyant l'infiniment grand de 2metres ou l'infiniment petit , 2cm et moins encore… Il aurait accompagné la vie de son propriétaire comme les dagues , les couteaux de voiliers utilisés par les marins de Toulon en 1900, les couteaux de chasse , couteaux de voyage, couteaux à deux lames , poignards, tailles plumes , rasoirs…

Son manche aurait été de bois de rose ,de loupe de tuya de corne ou de bois ordinaire …mais il serait resté "le couteau " , celui dont on ne se séparait qu'à regret , le léguant à son heriter de coeur , ou le perdant sur une table de jeu.. .

envie de mieux comprendre ce métier ?
http://www.musee-coutellerie-thiers.com/videos-chauffe.htm