De Olive à Lili Drop : Alter-Ego ou Soleil Noir ?

Alors que les rééditions en CD d’ Olive avec Lili Drop et en solo tardent à venir, les fans se réjouissent de la parution imminente d’une biographie : « Le Soleil Noir du Rock Français : Olivier Caudron, de Lili Drop à Olive », signée Jean-François Jacq (aux éditions L’Ecarlate). L’occasion de revenir sur le parcours d’un rebelle hors-du-commun, poète-guitariste, écorché vif, inoubliable pour tous ceux qui l’ont connu -ou simplement écouté…

 

Olivier Caudron, dit Olive, dit Oli Lilimao, dit Lovliv, futur leader et fondateur de Lili Drop, est né à Londres le 4 décembre 1955. Selon la légende populaire, Olive est avant-tout l’alter-ego de Jean-Louis Aubert, voire son sosie vocal -il est vrai que leurs deux voix sont parfois étonnement proches… Ensemble, ils fréquentent le même lycée (Pasteur), fondent leur premier groupe (« Masturbation ») et assistent en 1970 au concert des Who au Théâtre des Champs Elysées -un raffut terrible qui va changer leur vie… En 1974, c’est encore ensemble qu’ils traversent les Etats-Unis en stop…

 

« Jean-Louis et moi, on se connaissait de vue depuis l’âge de huit ans, mais on ne se fréquentait pas encore. Je l’ai retrouvé chez les scouts (…) Il m’a appris la guitare, moi je lui ai fait fumé son premier joint » (Olive).

 

« On est les deux faces d’une même pièce » (Jean-Louis Aubert à propos d’Olive).

 

Un dans l’ombre… L’autre dans la lumière…

 

A la fin des années 70, Jean-Louis occupé au Téléphone, Olive s’embarque de son côté dans l’aventure Lili Drop. Lili Drop, c’est Olive avec des filles : Violaine (dite Violon) à la batterie et Korin (future Enzo Enzo) à la basse. Alors que le groupe se produit à Nice en première partie de Téléphone, le directeur artistique Philippe Constantin leur propose un contrat d’enregistrement.

 

En 1979 paraît un premier 45 tours, produit par Louis Bertignac : « Sur Ma Mob » (à ce jour seul titre de Lili Drop à avoir été réédité en CD) couplé avec « Dans Sa Toile ». D’emblée, le trio développe un son original, où les chœurs des filles, juvéniles et frais, répondent au timbre plus acide d’ Olive. Bien diffusé en radio, « Sur Ma Mob » -victime d’une mauvaise distribution- ne se vend pas très bien…

 

L’année suivante, « Monde Animal » (produit par Frank Gallagher) est le titre du premier album de Lili Drop. Portée par une cadence funky, la chanson « Banal (Toi Banal, Toi Pas Original) » retient particulièrement l’attention -justement parce que celui qui l’interprète n’a rien de banal. Les onze titres ont en commun un ton très personnel, tant au niveau du propos que des compositions. Les textes, souvent largement autobiographiques -comme « Le Singe », « Valérie » ou un « Foutoir » mémorable- sont truffés d’allusions à double sens. Il est vrai que les paroles d’Olive, très sex-drugs & rock’n’roll, sont alors loin d’être politiquement corrects. Même s’il se vante parfois de ne pas pratiquer l’auto-censure, on sent une finesse certaine sous sa plume, cruelle et tendre, sensible ou drôle… La critique (pas tout à fait unanime heureusement) classe néanmoins le groupe dans une catégorie rock ado post-pubère. Une image dont les pourtant sulfureux Lili Drop auront bien du mal à se défaire…

 

Après un nouveau 45 tours, « Agent Secret » / « Porc Qui Pique », Lili Drop publie en 1982 son second album : « N » -sans Korin remplacée par le bassiste des Ruts (John ‘Segs’ Jennings). La production de John Brand s’harmonise parfaitement avec le groupe qui élargit sa palette sonore : au trio guitare-basse-batterie viennent s’ajouter un saxophone (déjà présent sur « Monde Animal »), pas mal de percussions, un peu de piano (le très beau « Paulo »)… Et Olive reste un guitariste au toucher très classe. La veine reggae-dub est approfondie avec « T’ Oublier », réussite incontestable et brillante démonstration de savoir-faire. Quant aux paroles aux sonorités singulières (« Nippon Glacé », « Faute Aux Photos »), elles continuent de faire mouche (le torride « A L’ Africaine »). Peu après sort « Mauvaise Copie »/ « Tartine Breakfast », le dernier single à paraître. L’attitude du groupe est jugée parfois peu professionnelle et après un concert chaotique au ‘Printemps de Bourges 1983’, Olive saborde Lili Drop.

 

Fin du premier épisode…

 

En 1984, livré à lui-même, Olive fricote un peu avec Paul Collins (perdu à Paris sans ses musiciens), qu’il accompagne en tournée en Espagne et en France…

 

C’est l’ancien batteur de Téléphone, Richard Kolinka qui -par l’entremise de son label KOD- va tenter d’aider l’ancien Lili Drop à développer sa carrière solo. En 1985, un premier single est prévu avec « Chromosomix » en face A et « Beaux Bronzés » en B. Mais Virgin -qui distribue le disque- craint que les paroles « ambiguës » ne déroutent le public français et inverse les faces… D’emblée, la carrière solo d’ Olive s’annonce hors de contrôle… Un second single paraît en 1987, « 1 + 1 » / « Vague à l’âme » (cette fois l’ordre des faces est respecté).

 

Toujours grâce au soutien de Richard Kolinka, l’album  « Ouf ! » voit le jour en 1990. « Retour A L’Envoyeur » est choisi comme single par la maison de disques (contre l’avis d’Olive). Pour la première fois dans sa discographie, une reprise : « Coquin » qui va comme un gant à ce titi gouailleur. Dans « Jaja Loulou » il évoque son père, vietnamien un peu barbouze et ancien légionnaire qu’il n’a connu que brièvement. Le reste de l’album lorgne plus vers le funk que vers le rock (« Faute de Frappes », « Les Petites Annonces ») et les paroles sont toujours aussi incisives… Outre Kolinka, tous les Ko d’ Aubert’ n’ Ko sont là (Daniel Roux, Marine et Feed Back). On note également les participations des anciennes Lili Drop (Violon et Enzo Enzo), mais aussi celles de Corine Marienneau et Christian Brun. Note : l’album est dédicacé « à toutes les femmes en F et à tous les hommes en H »… Pour la première fois en solo, Olive tourne en première partie de Dave Stewart et ses Spiritual Cowboys…

 

En 1991, Olive quitte Paris et met la musique de côté. Séropositif depuis 1985, il se marie, part vivre dans le Sud-Ouest et devient papa… Dès lors, les rééditions en CD des albums de Lili Drop sont annoncées comme « imminentes »…

 

Vers 1996, Olive et Jean-Louis Aubert auraient un projet d’album commun. Un seul titre issu de cette collaboration verra le jour : « Nouvelles Frontières », sur le bonus CD du  « Stockholm » de Jean-Louis (album dans lequel figure « La P’tite Semaine » enrichi d’un magnifique solo acoustique signé Olive).

 

Jean-Louis : « Moi et Olive avons toujours eu une vie parallèle sans être jamais vraiment ensemble. Nous sommes trop opposés en étant très collés, très yin yang finalement. On voulait faire un album ensemble que j’aurais aimé appeler « Amis à mort » ou un truc comme ça… ».

 

(nb / : C’est Olive qui inspire à Jean-Louis l’émouvant « Alter-Ego », extrait de l’album « Comme Un Accord » en 2001).

 

En 2005, Olive est de retour à Paris. Il s’appelle désormais Lovliv et survit grâce à une maigre pension versée par la COTOREP… En juin, il remonte sur scène pour un concert unique « Lovliv reload Lili Drop » au Point Ephémère à Paris : nous sommes alors nombreux, chavirés d’émotion à l’idée de ce retour tant attendu… Quelques mois plus tard, le 17 Janvier 2006, il disparaît emporté par une tuberculose…

 

Aujourd’hui, six ans après, nous attendons toujours les rééditions en CD de Lili Drop -toujours imminentes et encore annoncées sous le label Sony Legacy en octobre 2010… Brillant hommage d’une profession dont le bon goût légendaire n’est plus à prouver. Mention spéciale toutefois à Richard Kolinka, qui cherchait déjà à faire rééditer les albums avant la disparition d’ Olive. Et honte à ces « maisons de disques », les yeux rivés sur leurs calculatrices, qui privent le public de quelques unes des plus belles pages de l’histoire du rock en France.

 

Pour ma part, j’ai les vinyles de Lili Drop et les enregistrements d’Olive en cassette ou CD (Ouf !). Et avec ça dans nos bagages et dans nos cœurs, Olive, on ne t’oubliera jamais.

 

 

à paraître (début octobre) :

 

« Le Soleil Noir du Rock Français : Olivier Caudron, de Lili Drop à Olive », de Jean-Francois Jacq (aux éditions L’Ecarlate).

 

 

 

 

Liens intéressants :

 

http://lilidrop.e-monsite.com/

 

http://www.myspace.com/lilidrop

 

Sur le site de Lionel Lumbroso, une très belle page « Mes aventures avec Olive… » :

 

http://www.lumbroso.org/04_Music/Hist/b79_Olive.htm

 

Attention : les Beatles du 21ème siècle arrivent !

 

En avril, un reporter de come4news évoquait cette troublante rumeur : James McCartney, fils de Paul McCartney, envisagerait de former un groupe avec trois autres enfants de Beatles : Sean Lennon, Dhani Harrison et Zak Starkey, respectivement fils de John Lennon, George Harrison et Ringo Starr…  Où en est ce projet qui serait pour l’heure baptisé « The Beatles – The Next Generation » ? Les Beatles deuxième génération sont-ils vraiment sur le point de nous envahir ? Et si contre toute attente, c’était Julian Lennon qui créait la surprise ? 

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The Who: My Generation

Pourquoi le Réveil des Marmottes a-t-il choisi The Who et cette chanson de 1965 pour commémorer les 40 ans de 1968 ? «My Generation» préfigure toute l'excentricité de 1968 et (avec 4 ans d'avance) l'ambiance du festival de Woodstock (1969). C'est également un étrange préambule à l'Opéra Rock Tommy (1969). Pete Townshend l'auteur du titre, aurait composé la chanson le jour de ses 20 ans le 19 mai 1965. Il aura fallu beaucoup d'essais avant l'enregistrement final et pas moins de trois basses Danelectro à John Entwistle, la seule basse connue possédant des cordes assez solides pour obtenir le son désiré. John Entwistle cassa toutes les cordes à la troisième séance d'enregistrement et ne trouva pas d'autres cordes. Il a donc fallu lui procurer une seconde basse mais John Entwistle se trouva confronté au même problème, on lui procura une troisième Danelectro. Le 13 octobre 1965, au bout de deux prises, la chanson a (enfin !) pu être enregistrée aux studios IBC à Londres (1).


Pour écouter la chanson intégrale: image

Le morceau débute sur les accords de Sol et Fa joués par la guitare et la basse. Puis, commence un dialogue entre Roger Daltrey (dans une sorte de bégaiement volontairement) et les chœurs, la guitare et la basse. Roger Daltrey chante une phrase accompagné par la basse puis suivent les chœurs soutenus par la guitare, le tout rythmé par la batterie de Keith Moon dans un tempo d'enfer. Selon les "spécialistes", c'est de la Punk avec dix ans d'avance. En fait, c'est de la Pop. L'utilisation du Power Chord (2) est peut-être une innovation, c'est surtout le premier Rock construit avec un vrai solo de basse selon une suite de dialogues. La chanson se termine dans un fracas de batterie et de feedback… Le texte de Pete Townshend devint l'un des plus célèbres des années Pop au même titre que (I Can't Get No) Satisfaction des Rolling Stones ou Blowin' in the Wind de Bob Dylan: «Hope I die before I get old (J'espère mourir avant d'être vieux)». Le texte, souvent mal compris, a donné lieu à des interprétations plus ou moins hasardeuses.

The Who (en français, «les Qui») est un groupe de rock britannique fondé en 1964 devenu l'un des symboles des années 1960-1970. The Who ont enregistré entre autre: «Behind Blue Eyes», «My Generation», «Won't Get Fooled Again», «Live at Leeds» ou «Who's Next» et un Opéra Rock: «Tommy». Au départ, The Who jouent du "Rock'n'Roll explosif" qualifié de "Maximum R'n'B" et qui selon les spécialistes annonçait le mouvement Punk. En réalité, The Who ont fait évoluer le Rock pur et dur en une musique encore plus dure mais plus évoluée dans les textes comme dans la musique. The Who est bien un groupe de la génération Pop avec ce titre, «My Generation», symbolisant par la musique et les arts en général, le rejet d'une société jugée trop matérialiste et rongée par les tabous, le puritanisme, l'argent, la violence et les guerres. Ils feront d'ailleurs une prestation très remarquée au festival de Woodstock en 1969 avec comme toile de fond la dénonciation de la guerre du Vietnam. The Who était un groupe un peu fou. Les musiciens cassaient tout le matos à la fin des spectacles, balançaient les guitares sur les amplis et cela se terminait par une volée de batterie sur la tête du public. Cette ambiance est reflétée à la fin de «My Generation».

Les quatre membres officiels composant The Who
Chant et harmonica: Roger Daltrey, né à Londres le 1er mars 1944 – Guitare, clavier et chant: Pete Townshend, né à Londres le 19 mai 1945 – Basse, cuivres et chant: John Entwistle, né à Londres le 9 octobre 1944 et mort à Las Vegas le 27 juin 2002 – Batterie, percussions et chant: Keith Moon, né à Londres le 23 août 1946 et mort à Londres le 7 septembre 1978. Comme dans l'histoire de tous les groupes, il y a eu d'autres musiciens…

1) The Beatles, The Bee Gees, The Who, The Small Faces, The Kings, Status Quo, Deep Purple, Slade, Elton John, Rod Stewart, Jimi Hendrix, Jimmy Page, The Rolling Stones, The Equals, Cream, Adam Faith, Duane Eddy ou Tony Blackburn ont enregistré aux studios IBC (International Broadcasting Company) à Londres.

2) Power Chord: Intervalle diatonique d'un accord majeur ou mineur composé de deux hauteurs de notes ou de trois si la première est doublée à l'octave supérieure. Il comprend souvent deux hauteurs distinctes distantes d'une quinte ou d'une quarte. Donc, le "Do" devient souvent "C5" en Power Chord.

Mike
Pour voir le Flash et écouter la musique (intégrale):