Sclérose en plaques : que dire à un enfant qui veut mourir ?

Que dire à cet enfant qui ne veut plus vivre ?

 

C’est un beau jeune homme, qui souffre de cette terrible maladie qu’est la sclérose en plaques.

 

Sachant que son corps le lâche (ce sont ses mots), c’est vrai, on ne peut le contester.

Sachant que les médicaments qui freinent cette maladie -quand ils le peuvent- peuvent aussi créer des effets secondaires, tout aussi dramatiques.

 

Cette maladie incurable, détruisant la myéline jour après jour, vous conduit à une vie non seulement en fauteuil roulant, mais avec tellement d’autres problèmes qu’il est impossible ici de tous les énumérer.

 

Voyant la maladie prendre le pas sur la vie. Voyant son enfant dont on sait que cette terrible chose, détruit son corps, tout son corps, même si pour l’instant il est encore debout.

Voyant la vitesse à laquelle elle progresse.

 

Que dire, que lui dire, que lui répondre, lorsqu’il vous téléphone pour vous prévenir, vous sa maman d’un geste irrémédiable dans un avenir proche.

Que faire ?

 

Lui dire, "non, tu ne peux pas faire cela". Même si c’est la première réaction qui nous vient à l'esprit, en as-t-on le droit ?

Egoïsme ? Oui, sûrement et l’égoïsme n’a jamais été de l’amour.

 

Ou bien lui dire, connaissant sa souffrance mentale ou physique et sachant qu’il n’admettra jamais de dépendre de quelqu’un pour tous les actes de la vie quotidienne.

Qu’on le comprend, mais que l’on ne veut pas perdre son enfant.

Lui dire, que même si il ne veut pas continuer sur ce chemin, qui de toute façon l’emmène inexorablement vers un destin des plus cruels, des plus injustes. On ne veut pas le perdre, surtout pas le perdre.

  

Alors, c’est peut-être pour cela, que malgré ce cœur de mère qui saigne, elle n’a pas dit :

 

-"non ne fait surtout pas ça", mais lui a simplement répondu qu’elle comprenait, même si elle n’acceptait pas ce fait.

 

Que te dire mon fils ? "Oui", je ne peux pas te dire une telle chose même, si je te comprends. Pour une mère perdre son enfant c’est  perdre une partie de sa vie.

Mais je comprends ce que tu ressens, je comprends ta décision, même si pour moi, l’accepter, c’est un peu mourir.

Je t'aime mon fils.

 

-"Mais maman, mon corps me lâche, et je ne veux surtout pas faire souffrir ceux que j’aime, car d’une façon comme de l’autre vous souffrirez et je préfère que vous gardiez de moi, le souvenir que vous en avez aujourd’hui".

 

 

Cette mère à qui il confie tout, sait ce qu’il endure tous les jours.

 

Et aujourd’hui il ne lui reste plus qu’à attendre dans la terreur, la perte de son enfant. En espérant malgré tout et avec égoïsme qu’il ne le fasse pas.

 

Cette amie m’a raconté son histoire et a accepté que je la raconte pour toutes ces mères qui ont un enfant en souffrance, un enfant souffrant d’une terrible maladie ou souffrant de la sclérose en plaques.

 

Mais est-ce que j’ai trouvé les mots pour réconforter, mon amie ? Elle qui se pose tant de questions.

 

-"Mon enfant va le faire, il me l’a dit. Tout comme il m’a dit qu’il fallait m’y attendre, qu’il ne changerait pas d’avis. Mais qu’il me prévenait pour que je ne subisse pas ce choc, sans en être prévenue auparavant".

 

-Dis-moi si j’ai trouvé les mots pour apaiser mon enfant ?

-Dis-moi si j’ai trouvé les mots pour lui dire que je comprenais, mais que je ne pourrai jamais accepter de perdre mon enfant, mon seul enfant, tout comme je n’ai jamais accepté sa maladie ?

  

Je ne sais pas si moi-même j’ai trouvé les mots. Mais je sais que mon amie, elle, ne trouvera jamais les réponses à ses questions.