Salles de shoot sous encadrement…

Qu’ils soient de gauche ou de droite, les gouvernement successifs de ces dernières décennies ont multiplié les initiatives en faveur des toxicomanes les plus démunis. Tous ces efforts ont été à l‘origine d‘une forte baisse de la mort par overdose ou par sida. En effet après Michèle Barzach qui par décret avait autorisé la vente libre de seringues, Simone Veil avait impulsé la création de cliniques donnant accès aux héroïnomanes, au subutex et à la méthadone. 

Suite au désaveu de Roselyne Bachelot par le gouvernement Fillon sur la question de l‘ouverture de salle de shoot pour toxicomanes, Marisol Touraine  héritant d’un projet cher au président  Hollande, profiterait bientôt des retombées ; parole donnée, parole tenue puisqu’advient le feu vert de Matignon  ! C’est le dixième arrondissement de Paris qui devrait prochainement avoir le privilège d’accueillir  le dispositif à base de salle d’expérimentation de shoot sous tutelle ! 

Il fallait bien ne pas demeurer en reste par rapport au Pays-Bas, au Luxembourg, à la Norvège, la Suisse… Et de me dire en mon for intérieur que l’assistanat, ce fléau qui n’en finit pas d’étendre ses innombrables tentacules démesurés, vers tous ces domaines allant de la vie à la mort, n’est qu’un virulent parasite qui menace toute société. A défaut de traiter les maux qui rongent certaines personnes, à défaut de les extirper de leur spirale suicidaire, on les accompagne tout gentiment dans leur chute. Il y a bien longtemps en effet qu’a été lancé ce fameux coup d’envoi de la guerre à tous les tabous. Tabous qui doivent, vaille que vaille et sans exception sauter, une bien étrange devise  ! 

Après ma première réaction spontanée, j’ai ouvert un tout petit peu plus les yeux pour tenter de comprendre un peu mieux la démarche en question qui mobilisent des gens pour le moins bien avertis comme l’INSERM, l’OMS. Loin d’être un luxe, cet accompagnement s’adresse de fait aux personnes les plus atteintes que la vie n’a pas épargnées et qui une fois à bout,  finissent par jeter l‘éponge.  A l’abri de toute surveillance policière, comme des rats, ils envahissent des parkings, des entrées d’immeubles pour se donner un vertige de misère en se piquant à tort et à travers dans l‘insécurité sanitaire la plus totale ; tant pis pour l’hépatite, les boursouflures et tous les autres bobos qui viennent abîmer leur corps endolori. Derrière eux, les sols se jonchent de toutes sortes de seringues. 

Jusque là, la répression n’ayant apporté aucune amélioration à ces drames humains, il fallait bien lorgner chez les voisins : expérimenter des méthodes qui ont déjà fait leurs preuves, plutôt que de perpétuer indéfiniment un échec qui ressemble à s’y méprendre à de la non assistance à  personnes en danger !  En plus de redonner un peu de dignité à tous ces écorchés vifs, ce programme a pour vocation de lutter efficacement contre certaines épidémies parmi lesquelles celle de l’hépatite. A travers la création de liens sociaux, préalable nécessaire pour toute prise en charge thérapeutique, il a aussi pour ambition non pas de faire du prosélytisme mais de faciliter pour tous ces malades l’accès au sevrage.  Cerise sur le gâteau, le coût des salles de shoot serait inférieure à celui de la répression. 

Quant à la critique  selon laquelle la prostitution, la laissée-pour-compte devrait aussi bénéficier d’une telle attention, elle laisse à désirer. Alors que ces salles de shoot ont pour vocation de sortir les personnes de l’avilissement, à l’inverse les maisons closes elles, serviraient à entretenir l’avilissement des femmes. 

Quant au véritable combat à mener contre ce fléau dévastateur, il devrait cibler ces maffias qui ont pignon sur rue et qui prospèrent en toute impunité grâce à la culture et le commerce des opiacés, plutôt que de s’en prendre à ces malheureux qui arrivent en bout de chaîne, en en faisant de rudes frais.  

C’est vrai que certains de « nos principes ne sont que des préjugés de grande taille ».