Economie, politique : Obsolescence programmée ! ?

C’est décidément la loi de la série avec tous ces scandales qui l’un après l’autre s’égrènent sous nos regards incrédules. Après la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse sur la personne de Liliane Bettencourt, c’est au tour de Jérôme Cahuzac le gendarme de Bercy : celui-là même qui avait pour mission de réfléchir de tous ses neurones pour combler le déficit de l’Etat en dénichant des méandres de son cerveau, des pistes pour rafler le plus de deniers au contribuable, via les hausses constantes d’impôts,  les taxes nouvelles, les pénalités administratives, etc ! Comble de l’ironie, pendant qu’il préconisait, à l’intention des gros bosseurs, des mesures de rigueur toujours plus contraignantes, le ministre trouvait le moyen de se faufiler, se désolidarisant en bloc de son propre projet ; il dissimulait en catimini une partie de sa grosse cagnotte  dans les paradis fiscaux, la mettant à l’abri de toute amputation. 

Avant de passer aux aveux publics concernant sa fraude, Jérôme Cahuzac nous en a fait voir de toutes les couleurs avec un aplomb qui n‘a d‘égal que sa naïveté. Pas de quoi fouetter un chat pour une question de malversation pour l’ex-ministre qui ne semble manifestement  pas prêt à se départir facilement de son poste de député ! Jean-Jacques Augier, le trésorier de la campagne de l’actuel président est aussi dans le collimateur, toujours pour une sempiternelle histoire de fraude fiscale. L’affaire Patrick Buisson,  le conseiller de Sarkozy à qui l’on doit une bonne partie des sujets controversés de l’époque s‘évente quant à elle en douceur ; ses bureaux et son domicile font l’objet de perquisition avec en ligne de mire des contrats aussi bien juteux qu’abusifs, qu’il avait décrochés auprès des services de l’Elysée, via Publifact, son agence de sondages. 

Au milieu de cette cacophonie, le malheureux président qui n’y est pour rien après tout, ne trouve pas mieux que de « s’outrager ». Pour quelqu’un qui par opposition à son prédécesseur rêvait d’une République irréprochable, on ne peut offrir pires boulettes ! Tout à « sa candeur », François Hollande a cru pouvoir assainir  un système tenu par des Hommes par le seul biais d’une charte éthique : une fois cette dernière expédiée à ces hauts fonctionnaires en exercice, ils l’ont plébiscitée dans la forme, sans même broncher ; alliant aussitôt les gestes symboliques à la parole, ils ont salué celui de rétrocéder à l’Etat  tout cadeau reçu de plus de 150euros dans le cadre de leur fonction. 

Sous la pression ambiante, le remaniement ministériel exigé de part et d’autre fait office de remède miracle et à y regarder de plus près, on se prend à douter de son efficacité : face à un mal endémique qui ressemble à s’y méprendre à de  « l’obsolescence programmée », la solution se trouverait ailleurs, s‘il en est une…Il fut un temps vers le début du XXème où pour rebooster une économie en berne, on inventait « l’obsolescence programmée ». 

Depuis, cette pratique n’a fait que se développer au point que de prodigieux efforts de recherche sont toutefois mobilisés non pour l’amélioration du produit de consommation mais pour l’inverse, c-a-d, son ultime précarisation ; et le temps passant, la précarisation galopante a fini par réduire comme peau de chagrin.la durée de vie des« objets »que nous achetons . 

Pour contrer cette dérive qui nuit à l’environnement tout en assimilant le consommateur à une vache à lait, un projet de loi a vu le jour ; il devrait être débattu au Sénat à partir du 23 avril, à l‘initiative de Jean-Vincent Placé. S’en sera peut-être fini avec les téléviseurs, les aspirateurs, etc, conçus pour arriver à expiration en même temps que la garantie. 

On doit cette ingénieuse idée de « la désuétude planifiée » à Bernard London (1932). Et si la politique avait pris à son compte cette stratégie, il y aurait comme un parallèle flagrant avec l’économie : gaspillage d’énergie en économie pour fabriquer non de la qualité mais de la camelote ; gaspillage d’énergie en politique où l’ambition du  pouvoir supplante celle de servir l’intérêt d’un pays ; chacun veut enfoncer l’autre, faute de lui  ravir sa place et l’obsolescence est servie.  Sinon comment, pour le commun des mortels expliquer, les tergiversations autour de questions qui fâchent alors qu’un gros chantier est en attente, les soudains ébruitages de scandales présélectionnés, etc, etc ? 

On se croirait au cirque face à un magicien qui avec dextérité sort son mouchoir, le fait disparaître, réapparaître comme bon lui semble.  Si le président ne peut pas agir sur cette forme de désuétude planifiée, faute de mieux, il ne lui reste plus qu’à se remettre au taquet comme il l’a fait en s’engageant en solo au Mali…