Pourquoi Nicolas Sarkozy s’en prend-t-il aux syndicats ?

Ce matin, Nicolas  Sarkozy était interrogé par des journaux régionaux (L’Est Républicain, Vosges matin et le Républicain Lorrain). Plusieurs domaines ont été  évoqués et on l’a interrogé aussi sur « la colère qui monte à Florange ». Une nouvelle fois, le Président-candidat critique les syndicalistes ! La charge est virulente, il déclare : "Ne mélangeons pas les ouvriers, inquiets et pour qui j’ai obtenu 17 millions d’euros d’investissement et les permanents de la CGT ou de la CFDT : deux millions d’euros de travaux sur la phase liquide réalisés immédiatement – ces travaux ont démarré – 7 pour la cokerie, 8 millions pour l’usine de fabrication de produits pour l’automobile. C’est de l’investissement pour Florange ! Il est décidé. Si ces travaux n’avaient pas été engagés, c’était la certitude que les hauts fourneaux ne reprenaient pas"…

"Quant aux permanents de la CFDT, ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus m’insulter et essayer de casser mon siège de campagne. Ne confondons donc pas les salariés d’Arcelor-Mittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre l’intérêt des salariés". Il fait donc référence aux 200 métallos de l’aciérie de Florange qui s’étaient rendu à la mi-mars à son QG de campagne à Paris. Ils étaient attendus par un dispositif de police important et on a eu a déplorer quelques échauffourées avec ces forces de l’ordre".

 

 

 

 

 

(Capture d’image sur le site liberation.fr – réunion avec les syndicats le 10 mai 2010)

 

Selon un délégué syndical, si le Président réagit ainsi « c’est qu’il est extrêmement vexé par le dossier Arcelor Mittal. Faut bien dire que les syndicats lui reprochent souvent de ne pas avoir tenu ses promesses sur ces affaires !  Le délégué syndical se défend aussi "Si, pour lui, que des ouvriers essaient de défendre leur usine qui est menacée de fermeture c’est faire de la politique, alors là je lui réponds, ‘oui, on fait de la politique »…

 

A la suite de ces critiques, la député socialiste Aurelli Filipetti, porte parole de François Hollande a fait remarquer que la critique des syndicats de Nicolas Sarkozy est « une démagogie syndicale digne du XIX è siècle ».  Dans un communiqué, elle a déclaré : « dans un entretien donné à la presse quotidienne de Lorraine, le candidat sortant a franchi toutes les bornes de l’irrespect et du mépris des salariés en s’en prenant avec une violence inouïe aux représentants démocratiquement élus des ouvriers d’ArcelorMittal de Gandrange et de Florange.» (d’après state.fr)

 

A croire que le Président-candidat est en guerre ouverte contre les syndicats !  On se souvient encore de la grève des syndicalistes CGT du journal Ouest France qui avait provoqué sa colère ! Il y avait vu une manière d’empêcher la diffusion d’une interview donnée au journal et avait déclaré, au cours d’un meeting à Nîmes le 29 mars : «Ce ne sont pas quelques permanents de la CGT qui m’empêcheront de défendre la liberté de la presse dans notre pays.» Cependant, son accusation était inexacte. Ce jour là, plusieurs syndicats organisaient une grève nationale dans la presse, dont l’objectif était de protester contre la fermeture de Paris-Normandie et la réduction des effectifs dans le secteur. Les personnels de plusieurs quotidiens régionaux étaient en grève.

 

Le 26 mars, à la centrale nucléaire, Nicolas Sarkozy avait aussi fustigé les délégués CGT qui n’avait pas voulu le renconter. Il avait alors dit : «Je pensais qu’un syndicat servait à défendre les salariés et pas à faire de la politique.» la Centrale CGT était précédemment sortie de « sa réserve politique » le 13 mars, elle avait appelé "à voter contre le Président sortant", pour la première fois depuis 1988 !

 

Il faut remarquer que depuis son entrée en campagne le Président-candidat a lancé son idée que les syndicats font de la politique, qu’il ne défendent pas les salariés et qu’il veut donc, lui, s’adresser directement au peuple, qui lui est favorable à ses réformes. Voilà pourquoi, Sarkozy s’en prend régulièrement aux syndicats ! Il veut pouvoir passer au dessus « des corps intermédiaires », pour faire passer certaines réformes, si nécessaire !

 

Nicolas Sarkozy, qui a passé 5 ans à vanter les vertus du dialogue social alors que celui- ci n’a cessé de se dégrader, est maintenant en ligne avec les organisations patronales qui voudraient qu’on favorise un nouveau syndicalisme ouvrier et qui estiment que la solution serait « de favoriser le dialogue avec des personnes représentatives et non plus enfermées dans des bastions »… Autrement dit, des syndicats « new look » qui se limiteraient par exemple, à expliquer aux autres salariés pourquoi ils doivent accepter des modifications de leurs horaires ou durée du travail, sans bien entendu, revendiquer d’augmentations de salaires. (d’après le blog slovar).

 

Donc, c’est clair pour le Président-candidat les syndicats sont devenus des empêcheurs de tourner en rond ! Il a trouvé une arme pour mettre fin au dialogue social et éviter qu’il ne dure trop longtemps : le référendum… Ainsi, dès que le gouvernement aura la certitude que les syndicats refusent de signer ce qu’on leur présente, il consultera directement le peuple ! Mais on n’est pas certains qu’à part la liquidation progressive des droits des salariés d’autres sujet soit soumis à ce mode de scutin !

 

A moins que Le Figaro n’ait raison quand il écrit : « cette stratégie anti-«corps intermédiaires » va jusqu’à critiquer Laurence Parisot, la présidente du Medef, soutien de toujours, coupable de ne pas taper assez sur le projet de François Hollande. «C’est un positionnement de premier tour, nuance un expert en relations sociales. Le président changera de discours au deuxième pour glaner des voix au centre. Il rappellera qu’il a été le président qui a le plus responsabilisé les partenaires sociaux.»

 

Donc pour être réélu, Nicolas Sarkozy n’a pas peur de « taper sur les syndicats » ! On est donc fixé sur sa conception de la "démocratie sociale". Au moins, personne n’a de doute sur son positionnement ! Toujours plus à droite, au moins au Premier tour et ensuite, au niveau de la campagne de deuxième tour, il est capable de nous annoncer "quelque pincées de social à bon coût" pour attirer quelques voix centristes indispensables. Mais s’il est réélu, on peut d’ores et déjà imaginer ce que seront les relations sociales à l’avenir car il nosu aura bien prévenu sur sa conception du rôle des syndicats…

 (Sources : Le Monde,Le Nouvel Observateur,Slate.fr,blog Slovar)