La guerre du prix le plus bas s’intensifie : un bien ou un mal ?

Les magasins Leclerc, non contents d’avoir initié cette course à la pseudo transparence, enfoncent le clou. Leur dernière campagne de publicité fait croire qu’on peut, dans n’importe quelle grande surface, comparer les prix pour constater que Leclerc est le moins cher. Peut—on continuer à se moquer ainsi du consommateur ?

 

Aucune transparence sur la méthode

 

En effet, chaque grande enseigne nous matraque de publicités vantant leurs prix bas. C’est bien gentil, mais comment peut-ils le prétendre ? Et surtout, comment peuvent-ils tous déclarer qu’ils sont les moins chers ? Il y a comme une incohérence.

 

Déjà, la méthode de calcul n’est pas claire. On compare certaines catégories de produit, sans tenir compte des offres promotionnelles et autres, sans forcément prendre des produits de qualité égale, et sur tout le territoire. Les résultats sont donc forcément inutilisables. Par exemple, on compare un litre de lait premier prix (donc de très basse qualité) avec du lait de marque plus haut de gamme. Forcément, le moins cher sera le moins bien, cela ne veut pas dire que le lait premier prix de l’autre magasin sera plus cher ! De même, on fait des moyennes nationales mais, localement, les prix varient beaucoup. J’habite dans une ville ou Leclerc et Carrefour sont très proches l’un de l’autre donc ils se font une concurrence incroyable qui fait que les prix en magasin sont plus bas qu’au niveau national. Pour moi, cet outil n’a donc aucune valeur. Enfin, on remarque que chaque magasin ne vante qu’une certaine catégorie de produit : par exemple Leclerc va dire que son cassoulet et moins cher chez lui, carrefour dira que c’est sa soupe et marché U son lait. Bref, pour acheter à chaque fois le moins cher, il faut faire des tas de magasins et donc dépenser plus en carburant. Est-ce réellement faire des économies ?

 

Des offres promotionnelles permanentes

 

Les grands distributeurs, pour attirer plus de clients, cassent les prix sans arrêt. Cora fait régulièrement des ventes en gros volume, Carrefour propose ses « jours hallucinants » (d’ailleurs, cela recommence le 28 mai) avec des réductions allant jusqu’à 80%, Leclerc et les autres enseignes proposent aussi constamment des réductions en tout genre. Comment dire qui est le moins cher quand, dès qu’une marque prétend cela, la concurrence fait des promotions ?

 

Une course malsaine

 

On met dans la tête du consommateur qu’il faut acheter au prix le plus bas. Une mauvaise habitude qui conduit à de graves dérives : délocalisation, exploitation, chute de la qualité etc. Est-ce bon pour le consommateur ? On trouve des habits à 1 €, mais on ne peut les porter qu’une fois car ils s’abîment très vite ! On achète de la nourriture infecte et qui menace notre santé, on est malade plus souvent. En réalité, ce qu’on économise d’un côté on le perd de l’autre. En revanche, on permet aux industriels de s’enrichir et on encourage les grands groupes à bafouer les Droits de l’Homme. C’est ça, le progrès ? Surtout que certains groupes bénéficient d’appuis politiques pour vendre moins cher que les autres tout en préservant leurs marges : on encourage ainsi la corruption !

 

Cette recherche constante du prix le plus bas a déjà des effets pervers chez nous en détruisant de nombreux emplois et en faisant chuter les salaires ainsi que le pouvoir d’achat. Nos achats sont nos emplois, alors, en magasin, limitez les achats de produits importés (pour les fruits et les légumes, on peut encore avoir le choix entre les produits français et étrangers), ne vous précipitez pas systématiquement sur les articles les moins chers – pensez à la qualité ! Lisez attentivement les étiquettes pour voir où sont fabriqués les produits afin de ne pas trop encourager l’esclavage. Bref, il faut réapprendre à consommer de façon intelligente plutôt que de se laisser manipuler par les grandes marques.