Qui impose la paix aux camerounais ? Le président Paul Biya ou l’alcool ?

Le Cameroun est aujourd’hui cité en exemple en matière de paix sur le continent africain. Et, ceci,  dans une sous-région où presque tous ses voisins sont régulièrement en guerre (Tchad, Centrafrique, Congo, Nigéria…). De son côté, le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982,  ne cesse à chaque fois de se targuer d’être celui qui a su faire du Cameroun un véritable arbre de paix en Afrique. Une rhétorique qui est devenue presque le seul  slogan électoral du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, parti de ce dernier.

Seulement, en regardant de près, il serait très difficile pour un « esprit libre » d’attribuer cette prouesse au seul Président Paul Biya. Car si les Camerounais s’obstinent jusqu’ici à faire comme leurs voisins, ce n’est pas par peur de Monsieur Biya ; mais, à cause de plusieurs facteurs. Des facteurs au sein desquels la consommation d’alcool occupe une place de choix. Car comme vous pouvez déjà le penser, pour revendiquer et convenablement ses droits, il faut  être lucide, et bien même. Ce qui n’est malheureusement pas le cas pour de nombreux camerounais ; notamment  les jeunes, pour qui l’alcool est devenu un sport favori !

Meurtris par le chômage et ses corollaires, les jeunes camerounais ont trouvé en l’alcool un compagnon inséparable et très efficace. Toutes choses qui ont fait du Cameroun l’un des plus gros consommateurs d’alcool en Afrique. En 2007 par exemple, les camerounais ont consommé environ 450 millions de litres de bière. Un chiffre qui s’accroit au fil des années.

Dans toutes les révolutions, manifestations populaires, guerres civiles et tout autre type de soulèvements citoyens, les jeunes ont toujours été les principaux acteurs. Mais, au Cameroun, c’est totalement le contraire. Ici, en dépit de toutes les misères et injustices que subissent au quotidien ceux-ci, ils  gardent toujours un silence plutôt étonnant. Les rares manifestations organisées dans les rues ne sont généralement que celles des mouvements syndicaux des travailleurs où les jeunes au sens propre du terme sont presque absents.  

Les Bars et autres lieux de consommation d’alcools étant  devenus les seuls repères d’une jeunesse camerounaise désœuvrée et vouée à l’échec. Même à l’occasion des consultations électorales, les jeunes camerounais n’assistent qu’aux meetings des partis capables de leur offrir une bière.

Au Cameroun, près de 70%  de la population active consomme de l’alcool, et de façon professionnelle. Car ici, on ne boit pas pour le simple plaisir ; non ! Mais plutôt  de façon suicidaire, pour « noyer » ses soucis et craintes permanentes, afin de vivre normalement comme les autres. Et, cette fois,  on a comme impression que tout va bien. Dommage !

Curieusement, cette déviance ne semble rien dire aux autorités du pays, qui ne se contentent jusqu’ici que de prendre quelques petites mesures de surcroit non respectées. Dès lors, pour ma part, il ne serait pas risqué de dire que celui qui maintient la « paix » au Cameroun n’est pas le Président Paul Biya, mais plutôt les sociétés brassicoles, pour qui un prix Nobel de la paix ne serait pas non justifié !