Iran : politique d’ouverture de Hassan Rohani

On avait coutume jusque là d’avoir constamment Téhéran sous les feux des projecteurs sauf qu’avec la nouvelle politique destinée à désamorcer la situation, les choses risquent d’évoluer. Et dans le bon sens. Les soupçons qui pèsent sur le pays en raison de son programme nucléaire ont entraîné une phobie à l’échelle planétaire sans qu’il y ait pour autant de sa part  l’intention de la déclencher. 

En effet sous le mandat de l’inénarrable Ahmadinejjad, les échanges avec le shérif international et ses sbires ne se faisaient qu’à coups de boutoir et de sanctions qui se sont soldés à terme par une cuisante récession. Apparemment animé par un esprit d‘ouverture, l’actuel président Hassan Rohani, désireux de déminer le terrain n’hésite pas à afficher sa volonté de prendre le contrepied de la politique de son prédécesseur :  renouer le dialogue avec les protagonistes quels qu’ils soient pour tenter d’en découdre avec ce bellicisme insidieux aux retombées catastrophiques. 

Les signes en faveur d’un tel bouleversement se multiplient tous azimuts, aussi bien en direction de l‘extérieur que de l‘intérieur du pays.« Alors que se couche le soleil à Téhéran, je souhaite un joyeux Roch Hachana à tous les juifs et en particulier à ceux d’Iran !» a lancé le président de manière inédite via twitter. A son tour, Mohamad-Javad Zarif ancien ambassadeur de Téhéran à l’ONU, actuel ministre des Affaires étrangères et adepte des réseaux sociaux, y est allé de ses vœux. 

En plus de la fin de non recevoir de Netanyahu,  il a récolté en échange de la part de Christine Pelosi, chef démocrate de la chambre des représentants, une critique selon laquelle « le nouvel an serait encore plus doux si l’Iran mettait un terme à son négationnisme de l’holocauste ». Saisissant la balle au bond, le ministre lui a mis les points sur les i, soulignant que jamais l‘Iran ne l‘avait nié et qu’avait expiré le mandat du boutefeu qui semblait cautionner cette thèse. Par ailleurs, il a réfuté la propagande sioniste qui consiste à prendre les fantasmes de certains pour des réalités en taxant l’Iran d’antisémitisme et de pays va-t-en guerre. 

Avec sa boîte à outils bien équipée, Hassan Rohani ambitionne désormais de mettre un terme à ce rapport maître élève avec l‘Occident, de trouver  une solution « gagnant gagnant » où sera aboli le problème qui fâche : la transparence sur le programme nucléaire. 

Le conflit russo-iranien datant de l’époque de Medvedev en raison de rupture de contrat est aussi en passe d’être liquidé : s’inclinant en 2010 devant une résolution de l’ONU, laquelle s’inscrivait dans le registre punitif, Dimitri Medvedev avait décidé de torpiller le projet de livraisons de missiles. Requinqué par sa nouvelle posture de sauveur, Vladimir Poutine, dans le cadre de ce Sommet eurasiatique qui se tient à partir d’aujourd’hui au Kirghizistan devrait remédier à ce fâcheux litige, via une coopération technico-militaire avec Téhéran, comprenant  livraison de missiles et construction d’un réacteur nucléaire ! 

Des signes positifs émaillant la politique intérieure émergent en douceur notamment celui phare de la réouverture hier, journée nationale du cinéma, de la Maison du Cinéma après un musèlement datant de janvier 2012. 

Maintenant que même le bonheur  se pèse et se soupèse, la note attribuée à cet effet aux  Iraniens est parlante : ces derniers ont dû en pâtir comme en témoigne le rapport 2013 du bonheur de l’ONU, où de la 84e position l‘an dernier, ils ont dégringolé  à la 115e cette année !  

Seul l’avenir nous dira si cette politique de la main tendue de Hassan Rohani finira par porter ses fruits avec à la clé une amélioration dudit classement ! L’avenir nous dira si les ayatollahs et certains de leurs détracteurs  convaincus de leur « exceptionnalité » parviendront enfin à venir à bout de leur guerre froide bien avant que cette dernière ne se réchauffe…