Les carcans du nouveau président,

pourra-t-il les surmonter ?

Indépendamment de son orientation politique dans la crise Européenne ou il y aura des passes d’armes avec Angela Merkel, qui tôt ou tard sera confrontée à l’échec de sa politique d’austérité basée sur la rigueur budgétaire sans croissance effective, les réformes structurelles sur la compétitivité par la concurrence ne sont qu’un leurre. La Chancelière n’a rien compris, la politique Allemande ne peut être appliquée dans tous les États de la zone euro, et c’est là sa grande erreur. Sur ce sujet Hollande devra laisser mûrir le smilblick , il tombera tout seul. Il ne peut pas, après avoir prôné devant les Français la croissance par l’investissement avec la BCI, ce que d’autres pays attendent sans oser l’affirmer, changer sa politique à peine avoir été élu. L’attaque de la commission Européenne montrant que le déficit Français serait de 4 % l’an prochain est dans le droit fil pour l’obliger à modifier son programme, donc de se suicider. Les prévisions économiques de la France pour 2013 sont données inférieures à celles espérées. La croissance serait de 1.3 % au lieu de 1,7 % prévus par Hollande, mais aussi le déficit public atteindrait encore 4,2 % du PIB en 2013. L’objectif de 3 % ne serait donc pas atteint. Pour le moment rien ne presse, les élections législatives arrivent, et il doit rester ferme sur son orientation dans l’attente du rapport sur les finances publiques.

Or, si l’on veut bien se remémorer que jamais sous la précédente gouvernance les objectifs annoncés n’ont été tenus, rien de grave donc. En fait on n’a jamais vu une telle attaque. François Hollande à tout pour profiter de cette situation et de tirer l’avantage à lui. En Italie les attaques se multiplient contre l’austérité, que ce soit des lettres piégées contre les pouvoirs d’Equitalia qui traque la fraude fiscale, des manifestations à Naples, à Rome contre les impôts, l’anarchie passe à l’attaque, Il Giornale. Deux hommes s’immolent par le feu, «en flammes pour les impôts, le fisc est en train de tuer le pays» à la Une du quotidien de droite, Il Giornale.

Il pourrait mettre sur pieds une contre offensive avec les Anglais qui sont aussi dans la mouise, les Italiens et les Espagnols, les autres pays suivraient. Ils n’attendent que cela. Merkel se trouverait donc isolée. Quant à la Grèce aucune stratégie ne peut être engagée avec elle pour le moment, le pays est en pleine déconfiture et de nouvelles élections n’y changeront rien. Ce qu’il lui faut c’est montrer que l’Allemagne a intérêt à développer cette croissance pour ses banques qui ont financés largement la Grèce si elle veut récupérer son argent. Une faillite ou une sortie de la zone euro serait pire que tout pour elle. Elle n’a pas d’autres solutions que de considérer la proposition de François Hollande qui consiste à une mutualisation de la dette associée à une relance par l’investissement.

Il faut savoir que pour The Economist du 28 avril, The Rather dangerous Monsieur Hollande, «le plutôt dangereux Monsieur Hollande» qui montre qu’il fait peur à cette droite sectaire. Pour lui le Nord de l’Europe c’est une prudente rigueur dans un Sud dépensier. Une balance entre créancier et débiteurs. Et si la France était le pays suivant à mettre la monnaie unique dans le doute ? C’est pourquoi la victoire de François Hollande revêt une grande importance, s’il venait à dominer cette Union européenne. Indépendamment du problème de la croissance et de la renégociation du pacte de stabilité, c’est le leadership d’Hollande qui les effraye.

Ce qui l’attend aussi, c’est la composition de son gouvernement ou, avec l’exigence qu’il n’a cessée de clamer d’une parité hommes femmes à 50 %, le contraint. Il y a peu de femmes d’un niveau et de notoriété politique suffisants par rapport aux hommes. Le vivier à gauche dans le cadre de son orientation politique démocrate socialiste est très étroit. On sait que la France n’est pas en tête dans le monde pour la parité hommes femmes. En octobre 2011 avec 18,9 % de femmes à l’Assemblée, la France se classait 17ème sur 27 pays Européens. La tête étant tenue par la Suède et la Finlande. Indépendamment des conseils municipaux et régionaux, le pouvoir politique reste majoritairement masculin 81,5 % des députés à l’Assemblée nationale sont des hommes, c’est 77,9 % pour les sénateurs et 86,1 pour les conseillers généraux. De plus, il faut prendre en compte le désir des ténors socialistes qui attendent depuis fort longtemps un maroquin, et ils sont nombreux. D’ailleurs le mutisme de François Hollande les mets à rude épreuve. Parmi eux il y a les incontournables d’une gauche plus à gauche qui ferait que beaucoup diront que la figure de PS ne change pas. La France en a assez de ces politiques du PS qui ont été battus, il lui faut du sang neuf, mais ou le trouver ? Bien sûr il lui faut attendre les législatives et c’est seulement dans les élues qu’il peut faire un choix. Tout dépendra donc des électeurs pour que son exigence soit satisfaite. Une manière comme une autre d’avoir une porte de sortie.

François Hollande est déjà un homme seul. La conduite de sa campagne le démontre, il est très secret, déroutant voire très dur par son humour qui, est une arme. Deux phases se présentent à lui. La première dans cette transition avant les résultats des législatives, puis la seconde avec les députés de sa majorité. Il est fort probable que ce ne soit plus les mêmes personnes si elles sont battues. De plus, il doit faire plaisir, donc de récompenser ses fidèles qui ont contribué à son succès. Tout reposera sur le premier ministre qui aura la charge finale de mise au point de l’équipe gouvernementale. Il doit le mouiller dans cette sélection. C’est son parapluie.

En petit comité il déclare, «tout ce qui circule dans la presse est sans fondement. Je n’ai eu aucune discussion avec personne». «Ce n’est que lundi ou mardi que la question du gouvernement sera posée». «Pas avant. Personne ne sait quoi que ce soit». Il ne dit donc rien, c’est la torture. «Qu’il reste discret, c’est normal, mais il pourrait au moins nous dire quelques mots pour nous rassurer». «Avant, on avait accès à lui facilement. Depuis dimanche, on ne s’est pas parlé. Je ne sais pas depuis combien de mois ça ne m’est pas arrivé de rester coupé de lui si longtemps». François Hollande joue, avec eux sans rien dire. Ils ont crus que tout était arrivé et ils sont impatients de connaître leur sort. Pour eux le problème est d’importance c’est de l’argent dans leur porte feuille et une retraite, même si les appointements sont réduits.

Une chose pour la première phase paraît certaine, c’est la nomination de Jean-Marc Ayrault pour Matignon. Il connait bien l’articulation parlementaire et c’est un fidèle de François. Mais plus que tout, il est agrégé d’Allemand et il cultive de précieuses relations outre-Rhin, notamment avec Sigmar Gabriel, l’actuel patron du SPD. Il pourrait être très précieux dans la période de négociation avec l’Allemagne.

Chez les femmes puisqu’il s’agit d’elles ce sont les porte-parole de la campagne Aurélie Filippetti, Najat Vallaud-Belkacem, et Delphine Batho qui peuvent toutes les trois nourrir des ambitions. Viendrait s’ajouter Cécile Duflot à la place d’Eva Joly, pour faire le tour des jeunes. Pour le reste inutile de se prononcer les postulants sont bien connus, mais le choix pourrait bien surprendre s’il laisse les vieux briscards socialistes à leurs rêves.