Five

Réalisateur : Igor Gotesman

Date de sortie : 30 mars 2016

Pays : France

Genre : Comédie

Durée : 102 minutes

Budget : 5,9 millions d’euros

 

 

 

Casting : Pierre Niney (Samuel), François Civil (Timothée), Igor Gotesman (Vadim), Margot Bacilhon (Julia), Idrissa Henrot (Nestor), Pascal Demolon (le milliardaire)

 

5 amis unis comme les cinq doigts de la main, une comparaison simpliste illustrant bien leur inséparabilité. Une fusion qui les pousse, depuis fort longtemps, à vouloir vivre en colocation. Heureusement Samuel a un plan, un bel appartement cossu, sol en parquet, haut de plafond, où chacun lui donnerait 500€ et il s’occuperait du reste avec l’argent que lui donne son père pour ses études de médecine. Une combine qui fonctionne du moment que le paternel croit à cette mascarade. Vient le jour où la vérité éclate, Samuel voit ses revenus coupés à la racine. Les problèmes commencent mais surtout comment l’annoncer à ses amis ? 

Five est un film de jeunes, fait par des  jeunes et pour les jeunes. Une vraie ode à l’amitié à laquelle on peut s’identifier si notre âge est compris entre 20 et 30 ans. Le considérer comme un film générationnel ne serait pas un abus, il a tous les critères pour le devenir. C’est frais, pétillant, potache par moment, vulgaire par d’autres, on rigole devant et derrière l’écran. Cette joyeuse bande se connaît et cela se sent. Une forme de syncrétisme se fait entre eux mais également avec les spectateurs. Une équipe qui roule mais pas que, c’est aussi une histoire de réussite. Five était à la base un court métrage d’Igor Gotesman avec François Civil, des belles rencontres plus tard ont fait grandir le bébé en un beau et long film. François Civil est le trait d’union entre le réalisateur polyvalent et Pierre Niney, l’atout marketing de la bande. Tous deux ont fait rire les adeptes de Canal + avec leurs castings loufoques, imaginatifs et parfois absurdes.

 

Le canevas de Five est de montrer jusqu’où on peut aller par amitié, un pitch de base ouvert et propice à de nombreuses fanfaronnades. Toutefois, le film est inégal dans le traitement de ces personnages. Cela aurait du s’intituler :  « Samuel et ses amis » car c’est vraiment lui qui porte l’histoire sur ces épaules et fait avancer le schmilblick. Toutes les situations cocasses, les embrouilles, les emmerdes sont issues de ses maladresses et de ses mensonges. Samuel aime plaire, voir ses amis lui sourire, voir le regard de ses interlocuteurs pétiller, faire preuve d’optimisme pour feindre une réalité moins agréable à grands coups de "yeppa"! Un traitement déséquilibré donc, car à côté du brillant Pierre Niney, aussi bon dans le drame que dans la comédie, le seul qui s’illustre réellement c’est François Civil. C’est le bout en train de la bande, celui qui est toujours là pour sortir des choses salaces, très cash, direct et sans tabou, celui qui fume des joints à longueur de journée le rendant aussi déconnecté et mou que son cerveau. Il est aussi le coupable de nombreux fous rires et d’une scène aux allures scatophiles assumées. Hormis ces deux amis, les trois autres peinent à briller à côté de ces deux astres rayonnants. Si Igor Gotesman et Margot Bancilhon parviennent un peu a irradier malgré tout, le pauvre Idrissa Hanrot disparaît complètement pendant une bonne partie du film et la majorité de ses apparitions montre une libido débordante qui ferait pâlir un DSK en rut. Five accueille des guests : une Fanny Hardant hilare sous drogue et un Pascal Demolon en milliardaire mégalomane vivant dans son monde et collectionnant les dessous de ses conquêtes féminines et masculines dans des cadres accrochés dans le salon.

 

Quant au scénario, s’il ne brille pas, ça reste malgré tout simple et efficace. Tant que le charme perdure du début à la fin sans signe de décrochage, c’est qu’il est réussi. Il y a du Cohen dans Five, pas Léonard mais Joel et Ethan, dans la façon où un monsieur tout le monde se retrouve plonger dans une histoire kafkaïenne, marchant sur des œufs où chaque pas engendre une situation encore plus défavorable mais tellement plus jouissive pour le spectateur. Five est ce que le cinéma comique français attendait depuis un moment, une nouvelle bande de copains sympathiques à suivre. La fin offre tous les éléments pour qu’il y ait une suite. Au public de suivre … ou non.