Israël, Palestine : reprise des pourparlers de paix

Depuis qu’en fanfare l’Assemblée générale de l’Onu a octroyé à la Palestine le statut d‘Etat observateur aux Nations-Unies, qualifié par Mahmoud Abbas d‘acte de naissance, on n’a pas vraiment eu écho des retombées de cette avancée : les Palestiniens n’ont pas fait usage jusque là du soi-disant poids diplomatique que leur confère ce statut virtuel en se tournant vers la Cour pénale internationale pour que sanction soit prise eu égard à la kyrielle d’abus subis. 

Après avoir fait pendant trois ans l’impasse sur les négociations, voilà ces dernières à nouveau sur le tapis à partir d’aujourd’hui ; et c’est à reculons, sur fond de lancers de roquettes et de raids aériens, que les protagonistes israéliens et palestiniens semblent se diriger vers la table des négociations  : les premiers dits chantres de la démocratie ne trouvent pas mieux pour l’occasion que de lancer  un énième projet de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est ; les seconds ne sont plus que les ombres d‘eux-mêmes à force de divisions intestines.  

Un coup d’envoi des pourparlers marqué toutefois par  la note positive qu’est la libération de quelque 104 prisonniers palestiniens ; elle se fera par étapes progressives indexées sur l’évolution des négociations. Ce saupoudrage de gestes humanitaires en préambule se veut de bonne augure et pour cause la demande même de résidence en Cisjordanie du militant Mohammad Assaf, le Gazaoui, heureux gagnant d’Arab Idol a été exaucée. 

Comme d’habitude, les instigateurs de ce dialogue que sont l’Union européenne et les Etats-Unis y sont allés avec doigté en guise d‘encouragements : qui de dénoncer les constructions illicites, qui d’appeler à la persévérance des efforts mutuels. Des annonces qui s’avèrent en porte à faux  avec certains préalables : le choix américain de nommer émissaire pour la paix au Proche-Orient, Martin Indyk, jette un discrédit sur leurs intentions affichées, à cor et à cri. 

En effet ce diplomate dit chevronné a gagné en notoriété dans ce brûlant dossier à la faveur de deux échecs cuisants : ambassadeur en Israël un temps, sa collaboration sur le processus de paix d’Oslo avec Yitzhak Rabin avait pris fin avec l‘assassinat de ce dernier ; réédition en 2000 de sa contribution en faveur de la paix vouée également à l’échec et suivie ultérieurement par l‘Intifada. Jamais deux sans trois ! Osons quand même espérer que cette fois-ci, ni la poisse, ni le fiasco habituels ne seront au rendez-vous. 

A cette ineptie s’ajoute l’étrange choix du timing de cette reprise des négociations sous un épais rideau de fumée, alors que bon gré mal gré s’opère un infernal chamboulement régional. Si l’on en croit justement certaines rumeurs, loin d’être le fruit du hasard, ce choix est délibéré : tous ceux qui sont aux manettes y trouvent une belle parade pour garder la main tout en imposant leurs conditions ; leurs vassaux locaux en collusion avec la rébellion dans les pays frappés de l‘éruption dite printanière, seraient désormais prêts à toutes les concessions au profit d’un coup de main dans leur combat. 

Du temps des Accords Sykes-Picot aussi, avant d’être floué par la duplicité des Britanniques, le chérif Hussein n’avait pas hésité à accepter une amputation de la Palestine au nom de sa propre gloire. L’histoire se répète et toute ressemblance avec des situations ayant existé ne pourrait être que fortuite et que pure coïncidence… 

On continue toutefois  de reculer pour mieux sauter ;  tous les marqueurs sont au rouge ; les victimes sont chauffés à blanc ; ils continuent de faire contre mauvaise fortune bon cœur . Mais jusqu‘à quand ?




http://www.lefigaro.fr/international/2013/07/29/01003-20130729ARTFIG00339-martin-indyk-nouvel-emissaire-americain-pour-le-proche-orient.php