Ex Machina

Réalisateur : Alex Garland

Date de sortie : 3 juin 2015

Pays : Britannique

Genre : SF, Thriller

Durée : 108 minutes

Budget : 11 millions de dollars

 

Casting : Domhnall Gleeson (Caleb), Alicia Vikander (Ava), Oscar Isaac (Nathan)

 

Les relations entre les hommes et les machines sont un sujet récurrent dans les films de science-fiction, on peut citer pêle-mêle Blade Runner (dont la suite est enfin annoncée), Her, Moon, Tron et dans un registre plus dramatique Terminator. Ces œuvres offrent des visions très variées des robots, tantôt méchants, tantôt gentils, à forme humaine ou non,  sous forme physique ou pas. Ex Machina est la première réalisation d’Alex Garland, à qui l’on doit des scénarios réussis comme 28 semaines plus tard et Sunshine mais également d’autres de qualité moindre tel que Dredd. Le doute est alors permis sur le résultat de ce premier passage derrière la caméra ? Peut-il devenir le nouveau maître du genre ou bien est-ce une tentative ratée ? 

 

Dans un monde très proche du nôtre, Nathan le directeur de Blue Book, ersatz de Google, lance un défi à ses programmeurs. Un jeu dont la récompense est un séjour d’une semaine dans la demeure du patron. Caleb, 26 ans, est le lauréat. Le jeune homme embarque à bord d’un hélicoptère pour rejoindre la demeure ultra moderne faite de béton, de métal et de verre, loin de toute civilisation, perdue dans un immense domaine comprenant forêts, prairies et rivières. A peu de choses près cela ressemblerait à une prison ou à un nouveau jardin d’Eden. Le défi était un subterfuge, la vraie mission de Caleb sera d’aider Nathan à étudier Ava, une intelligence artificielle intégrée à un androïde féminin. 

 

Alex Garland livre un huis clos passionnant et rythmé. Le film est cadencé par les jours qui passent et l’expérience qui progresse. Au fur et à mesure, l’ambiance se dégrade et devient anxiogène, un terrible jeu de manipulation s’installe et le doute est partout. Le génie milliardaire porté sur la bouteille incarné par Oscar Isaac est un monolithe aux réactions imprévisibles, pouvant se montrer aimable mais également d’une grande froideur. 

 

Le réalisateur joue les prophètes en imaginant jusqu’où pourraient aller les Intelligences Artificielles. Sur leur cohabitation avec les êtres humains et à la confiance que l’on peut apporter à ces créatures produites par des hommes jouant à Dieu.  Il questionne également sur l’attachement, voire les sentiments que les humains pourraient avoir envers ces assemblages de circuits imprimés et d’algorithme dénué de vie ? Un homme peut-il jouer à Dieu sans se tacher les mains ? Ces interrogations s’entremêlent tout au long de l’intrigue. Derrière ces murs se cache une vérité que Caleb tentera de percer à jour, maintenant un suspens toujours haletant. On s’éprend d’ailleurs du sort de ce pauvre programmeur, déchiré entre l’admiration qu’il porte à Nathan et une forme d’amour naissant et peu conventionnel pour Ava. 

 

Les plus curieux de culture religieuse auront reconnu des références bibliques, Nathan, Ava (Eve), Caleb sont des prénoms issus du  Livre Saint. Alex Garland , plante son Jardin d’Eden dans cette maison d’architecte, tisse une genèse 2.0 sur la création, non pas de l’Homme par Dieu, mais de la Machine par l’Homme. Dans les 2 histoires, la créature est à l’image du créateur, elle échappe progressivement à son contrôle et souhaite s’émanciper de sa tutelle. Un charmant automate du nom d’Alicia Vikander, la vraie révélation du film , avec ses faux airs de Nathalie Portman et un emploi du temps se remplissant de productions hollywoodiennes.