Une intervention militaire en Syrie, sous mandat de l’ONU, est-elle possible ?

L’opinion des pays occidentaux commence à être frappée par les images des massacres et des tueries en Syrie, qu’elle voit bien sûr à la télévision. C’est long à venir mais elle commence à faire pression sur ses gouvernants pour qu’ils interviennent afin d’arrêter le bras du dictateur ! Le massacre de Houla, a fait 108 morts, dont 49 enfants, samedi dernier en Syrie. Hier, les violences ont encore fait 98 victimes dont 61 civils (d’après La dépêche). Alors c’est l’INDIGNATION ! Mais on ne peut pas en rester là ! Les puissances occidentales ont renvoyé les ambassadeurs syriens chez eux, mais c’est insuffisant ! Durcir les sanctions, cela peut-être utile, mais encore insuffisant. Alors, on pense de plus à l’intervention qui a eu lieu en Lybie et on se dit pourquoi pas en Syrie ? Comme d’habitude, on se dit que la situation n’est pas la même, (encore que…) On se dit aussi que l’intervention militaire en Lybie a coûté cher et que le remède est peut-être pire que le mal, mais qu’elle a évité que le nombre de morts civils ne soit beaucoup plus important que ce qu’il a été !

(capture d’écran sur le site levif.be –  massacre de Houla)

 

Alors des voix commencent à s’élever, nous ne les citerons pas toutes, mais il en est deux qui sont emblématiques ! Bernard Henri Lévy. Le philosophe qui a joué un rôle important sur la décision d’intervenir en Lybie s’exprime maintenant sur la situation en Syrie. Il a publié une lettre ouverte dans laquelle il en appelle au nouveau Président de la République.

"La France fera-t-elle, pour Houla et Homs, ce qu’elle a fait pour Benghazi et Misrata (Lybie) écrit-il, avant d’ajouter : "Userez-vous de votre crédit personnel considérable, et de celui de notre pays, pour revenir vers nos alliés d’hier et, avec eux, avec la Grande-Bretagne, les Ettats-Unis et la Ligue arabe, la Turquie, décider d’une stratégie allant au-delà d’un soutien sans faille à la mission Annan ?"

La lettre, qui est publiée par plusieurs média contient un passage encore plus explicite (toujours d’après le même journal) : "Je sais, Monsieur le Président, que vous avez d’autres urgences. Mais qu’est-ce qui était le plus urgent : aller en Afghanistan préparer le retrait anticipé de nos troupes ou prendre l’initiative en Syrie ? Sauver l’euro, ce sont des obligations impérieuses – mais sauver un peuple ? Et en quoi le drame grec empêche-t-il de décrocher le téléphone pour, comme le fit votre prédécesseur, convaincre vos homologues russe et chinois que leur soutien aveugle au terrorisme d’Etat syrien les déshonore et les affaiblit ?"

 

Mardi soir, François Hollande était interrogé sur Antenne 2 et a répondu à cette question et a déclaré qu’il n’excluait pas "une intervention armée" en Syrie "à condition qu’elle se fasse dans le respect du droit international, c’est-à-dire dans une délibération du Conseil de Sécurité. Il a dit aussi qu’il  cherche des alternatives "pas forcément militaires".

 

C’est donc qu’il doit être difficile actuellement d’intervenir en Syrie ! Mais pourquoi ?

Deux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, La Russie et la Chine, posent leur « veto ». Ils ne risquent pas de changer d’avis ! Surtout la Russie dont la Syrie est un allié historique et elle ne veut surtout pas désigner comme responsable sont dirigeant actuel ! Les relations économiques, les investissements et les ventes d’armes sont importants et le pouvoir russe « ne veut pas trahir » !

La Chine, quant’à elle, refuse toute ingérence dans un autre pays, car elle craint que s’il y avait des mouvements chez elles comparables à ceux du printemps arabe, elle n’ait affaire elle-même à une intervention militaire étrangère ! Le président de la République a dit que c’était à lui de les convaincre… Mais la tâche paraît ardue !

 

Du côté américain, Obama a peu d’intérêt en ce moment à participer à une intervention militaire… Il est en campagne électorale et se trouve encore empêtré dans deux conflits (Irak et Afghanistan).

 

La France serait toute seule si elle voulait intervenir militairement, ce qui supposerait qu’elle rompe ses relations diplomatiques avec la Russie ! Le Royaume-Uni n’est pas prêt à venir une seconde fois à ses côtés et L’Allemagne ne semble pas y tenir non plus. Elle ne bougera donc pas sans aval de l’ONU. Il n’y a donc que le philosophe BHL pour estimer « qu’une opération internationale qui consisterait à arrêter les avions de la mort (…) et les chars pourvoyeurs de mort (…) est souhaitable et possible ». (d’après Le Nouvel Observateur)

 

Un autre argument a été avancé par Laurent Fabius, Ministre des affaires étrangères, pour expliquer pourquoi une intervention est difficile : "l’armée syrienne est puissante. Aucun Etat n’est prêt à envisager aujourd’hui une opération terrestre." Elle compterait aujourd’hui 500 000 hommes et 90 % de ses officiers sont partisans d’Al-Assad. Il n’y aurait donc pas de désertions massives possibles. Selon le Figaro, ce serait plus difficile de bombarder qu’en Lybie, la densité de population étant très forte. « Le risque de tuer des civils serait d’autant plus élevé que la Syrie est dotée de missiles anti-aériens russes qui obligeraient les avions à tirer d’encore plus haut et donc de manière encore moins précise", d’après ce qu’a déclaré Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, au Figaro. Par ailleurs, Kadhafi était isolé, alors que le dirigeant Syrien est soutenu par l’Iran et l’Irak, d’où un risque important de contagion dans la région ! Et puis, dernier argument – pas très moral – il n’y a pas de pétrole en Syrie, contrairement à la Lybie !

 

Dans ces conditions, on peut dire qu’une intervention militaire des puissances occidentales en Syrie paraît très peu probable…