L’extrême-droite autrichien pour le maintien dans l’UEri

Épine dans le pied de Marine Le Pen et du Front national : le chef de file du FPÖ autrichien, Norbert Hofer, probable futur président (après invalidation de l’élection), se déclare favorable au maintien de l’Autriche dans l’Union européenne et critique tant les Britanniques favorables au Brexit que le Frexit du FN.

Norbert Hofer, chef de file du Parti de la Liberté autrichien, vient, dans un entretien avec le quotidien allemand Die Presse, contredire la plupart des partis eurosceptiques et nationalistes européens. Parvenu en tête des élections présidentielles sur le plan intérieur, mais battu d’une courte tête par le Vert Alexander Van der Bellen, élu, lui, grâce aux votes par correspondance des Autrichiens résidant à l’étranger, se déclare favorable à l’Union européenne et critique le Brexit, décision « très regrettable et à courte-vue ». Celui qui conserve à présent, après invalidation des élections, toutes ses chances de devenir le prochain président autrichien, ne proposera à ses concitoyens un référendum sur la sortie de l’Union européenne si, et seulement si, la Turquie était admise à rejoindre les 27 (ou les 28, si le Brexit ne se concrétisait pas).

Mieux, il ne souhaite pas de rupture avec l’UE et l’exprime clairement. Ce serrait une erreur dommageable pour l’Autriche et les Autrichiens. Il a regretté que, du fait de son opposition à l’entrée de la Turquie, il ait été perçu tel un eurosceptique partisan de la rupture. « L’Autriche contribuera à rendre meilleure l’Union européenne », estime-t-il (sous-entendu, sous sa présidence et si son parti, le FPÖ, entre au, ou dirige, le gouvernement). Car l’UE est « irremplaçable ».

Il a aussi clairement indiqué que la ligne de son parti diffère nettement, sur la question européenne, de celle du Front national. Pourtant, les deux formations cohabitent dans le même groupe au Parlement européen.

En réalité, Norbert Hofer réagit surtout à un sondage pour le quotidien Österreich : 60 % des répondants (600 personnes) se disent hostiles à l’organisation d’un référendum et 52 % à la sortie de l’UE (18 % se déclarent indécis). Et surtout, son concurrent, Alexander Van der Bellen, entend faire de la question européenne son argument central de (nouvelle) campagne.  L’important est d’être élu…

Attendez-vous donc à savoir, comme le disait Geneviève Tabouis sur RTL, qu’à l’approche de la présidentielle française, le discours de Marine Le Pen, prenant le pouls de l’opinion, différera sans doute sensiblement de celui qu’elle prononça devant le Parlement européen, félicitant chaudement Nigel Farage et les Britanniques et prédisant des sorties massives de l’UE. Le Frexit risque fort de passer à la trappe.