Josiane Balasko, maman…

 

Après avoir été larguée par l’homme de sa vie, la «maman» sans scrupule aucun s’en revient, de manière tonitruante aussi bien par son parler que par son accoutrement, chez ses deux filles qu’elle se rappelle tout d’un coup avoir mises au monde quelques quatre décennies plus tôt.

Josiane Balasko incarne brillamment le rôle de cette génitrice désinvolte, dénuée de sensibilité, axée sur sa propre personne au point de ne s’être pas laissée un tant soit peu troubler par les soucis indésirables pouvant jalonner sa vie jusqu’à devenir sans doute insensible lors de la fugue d’Alice et de Sandrine âgées alors d‘une vingtaine d‘années, (Marina Fois et Mathilde Seigner).

Avec sa posture à la fois agressive et encombrante, la mère débarque puis s’incruste chez son aînée (Marina Fois), celle là même qui, ne parvenant toujours pas à faire le deuil de cette lourde carence affective, n’a jamais osé jusque là franchir le pas de plus en devenant à son tour mère et, invariablement submergée d’angoisse à chacune de ses multiples grossesses, s’empresse maladivement de les interrompre.

La seconde fille jouée par Mathilde Seigner quant à elle, endosse le rôle de celle qui fait semblant d’avoir surmonté les failles de son enfance en se cachant derrière une carapace d’une extrême dureté assortie de quelques fissures.

Avec tout ce passé déstabilisateur que vient leur renvoyer énergiquement à la figure cette mère sortie des oubliettes, de chaotiques démons enfouis au fond de chacune d’elles sortent de leur torpeur avec une vigueur insoupçonnable, celle à la mesure de toutes ces souffrances longtemps endurées.

Et quand les démons réclament des comptes, ils tiennent un langage d’une violence inouïe face à une mère impuissante à mettre des mots sur l’histoire de ses faiblesses, de ses manquements. Surtout quand désespérément et en tandem les filles quadragénaires, telles deux névrosées s’y mettent pour crever de force cet abcès purulent, on assiste à une explosion en crescendo d’une terrifiante dureté, mêlée de douleur. Une sourde rage venue des fins fonds des affres de leur solitude.

Alexandra Leclère pour la réalisation de «maman» n’a pas fait du tout dans la dentelle et nous a traité avec brutalité ce problème de mère indigne, inapte à émerger du moule qui l‘a tristement formatée en ne faisant que reproduire sans doute sa propre histoire.

Et malgré une certaine fin du film, de ce joli manoir breton debout face à l’océan, où se déroulent toutes ces scènes machiavéliques jouées par des furies déchaïnées et surtout avec une Mathide Seigner toujours prompte à vouloir trop en faire et qui, encore une fois de plus, s’est beaucoup trop lâchée dans un rôle qui lui sied tel un gant, on ressort comme déboussolé par un gros coup de massue ! Et de se demander s’il valait la peine de mobiliser sérieusement tant de moyens pour un film aussi bizarroïde…

J’en profite pour glisser quelques mots sur le beau film de Christian Petzold, Barbara. Après avoir connu des détentions sans doute pour troubles à l‘ordre public dans cette Allemagne d‘Angela Merkel des années 80, Barbara se retrouve mutée dans un petit hôpital de province.

Pédiatre de formation, elle exerce désormais contrainte et forcée dans un coin paumé de la campagne au milieu d’un cadre de toute beauté avec une étrange touche de pittoresque émanant de la seule sobriété de ces logements au confort basique, avec façades aux revêtements durement usés.

Constamment espionnée par les autorités, Barbara ne se résigne pas au sort qui est le sien où vivre lui semble se confondre avec végéter et sans répit aucun, s’obstine inlassablement à poursuivre en catimini avec le soutien de son amant, le plan de son évasion vers l’Ouest du pays.

Devenue presque paranoïaque, quand un évènement inattendu en vient à rompre la monotonie des faits et gestes routiniers qu’elle égrène jour après jour et qui ponctuent son quotidien, Barbara peine difficilement à démêler le sérieux du bidon, l’amour de l’espionnage dans le vif intérêt que lui porte son chef de service.

Une belle histoire faite de peu de moyens, de peu de mots, avec parfois pour seul bruit sonore, la musique somptueuse d’un vent déchainé dans lequel s‘engouffre souvent l’héroïne au gré de ses innombrables escapades secrètes. Et dans leurs rôles respectifs, Nina Hoss, Ronald Zehrfeld sont simplement irrésistibles.

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